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Mötley Crüe – « The Dirt » biopic

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Une fois n’est pas coutume c’est d’un film dont nous allons parler sur MIB.

En effet, « The Dirt », adaptation du best-seller du même nom édité en 2001 et retraçant la carrière et la vie des membres du groupe de Hard Rock américain Mötley Crüe, est sorti sur la plateforme de streaming Netflix ce 22 mars. Pour rappel (ou information), on parle d’un groupe qui a vendu plus de 100 millions d’albums dans le monde depuis 1981 !

Précurseurs du Glam Metal made in L.A., le « Crüe » a toujours lancé les modes, changeant diamétralement la face du rock des années 80 aux USA et propulsant le Metal au sommet des charts.

Avant toute chose, il faut préciser que « The Dirt », le livre écrit par Neil Strauss, est souvent cité comme étant la plus incroyable et la meilleure biographie rock jamais éditée. L’ayant lue (pour ne pas dire « dévorée ») parmi d’autres, je suis assez d’accord avec cette idée. Qu’on n’aime ou pas Mötley Crüe, « The Dirt » constitue le témoignage le plus croustillant et envoûtant de l’univers du rock business et de ses dérives. A la fois drôle, touchante, complètement folle et parfois pathétique, cette biographie régale par la sincérité qui s’en dégage, le groupe ne s’étant imposé aucune censure lors de leurs témoignages respectifs. Sex, drugs & Rock ‘n’ Roll, succès phénoménal, femmes célèbres, drames et tragédies, tout est dévoilé dans « The Dirt ».

Alors, après un tel ouvrage, j’étais aussi impatient que craintif à l’idée d’appréhender l’adaptation cinématographique du livre. En effet, le projet aura mis presque 20 ans à aboutir. Tout simplement parce que les grosses sociétés de production américaines (Paramount en tête) voulaient imposer une vision trop édulcorée de l’histoire qui n’aurait pas correspondu à la réalité. Et comme le dit Nikki Sixx, bassiste/compositeur/parolier et tête pensante du groupe : « seul Netflix a eu les c……. de faire le film que nous voulions ». Ici tout est authentique : « The Dirt » renvoyant tous les autres biopics dans la catégorie de films pour enfants.

La réalisation a été confiée à Jeff Tremaine (Jackass). Ce dernier et son équipe ont réalisé un travail titanesque pour rendre le décor aussi proche que possible de la réalité de l’époque (et sans doute dans les limites du budget disponible). Et d’après les témoignages des membres du groupe, le fameux Sunset Boulevard de Los Angeles par exemple ou le célèbre club « Whiskey-A-Go Go », sont bluffants de ressemblance avec ce qu’ils étaient durant les eighties.

Les détails ont été poussés à l’extrême, jusqu’aux répliques des fringues portées par les protagonistes de l’époque. D’après Paul Miles, auteur/photographe et spécialiste de Mötley Crüe, le degré d’exactitude des faits, décors et autres personnages est tel que les petites erreurs que pourraient remarquer les fans hardcore deviennent insignifiantes.

Les vrais détails historiques distillés ici et là dans ce film sont vraiment incroyables pour les fans.

D’emblée on nous précise qu’il s’agit d’un film « basé sur des faits réels ». Une précision importante qui permet de mieux comprendre certaines adaptations et libertés prises par le réalisateur. Tout cela en concertation avec les membres de Mötley Crüe, crédités comme co-producteurs.

Mais on ne trompe pas le public pour autant et 95% du film est fidèle à la vraie histoire du groupe, telle que relatée par le livre.

La mise en scène du contexte est brutale et sauvage, à l’image de la légende du combo américain : après une brève introduction sur les années 80 et ses côtés « too much », on se retrouve en 1981 dans la maison où vivaient nos quatre lascars, située tout près du « Whiskey-A-Go Go ». Comme quasi tous les soirs, c’est la fiesta rock’n’roll : l’alcool coule à flot, la coke est alignée sur les tables, Vince Neil honore une demoiselle dans la salle de bain (alors que le petit ami de celle-ci l’attend devant la porte) et Tommy Lee montre à l’assemblée les impressionnantes dispositions de femme fontaine de sa petite amie de l’époque ! Le décor est planté…

Dans un souci de ne pas s’éloigner de l’esprit de l’œuvre manuscrite, une narration intermittente entre les personnages principaux accompagne le film en fonction des événements. On découvre de la sorte Nikki Sixx (joué par Douglas Booth) et son enfance difficile, Mick Mars le taciturne (l’excellent Iwan Rheon qu’on a vu dans Games Of Thrones), Vince Neil l’aimant à groupies (Daniel Webber de « The Punisher ») et le rappeur Machine Gun Kelly (Colson Baker) très convaincant dans son interprétation de Tommy Lee.

La première partie du film est très fun. On vit la formation et l’ascension du groupe vers les sommets et leur incroyable détermination à réussir, ainsi que leurs frasques pas toujours les plus reluisantes. Les décors scéniques des premières tournées de l’époque sont fidèlement représentés et les 4 acteurs sont stupéfiants dans leurs interprétations des musiciens. L’apparition d’un Ozzy Osbourne plus vrai que nature, brillamment joué par Tony Cavalero, mettant tout de même tout le monde d’accord sur qui est le roi des rock stars les plus dingues.

Dans ce tourbillon d’indécence et de débauche, les drames vécus par chaque membre viennent nous rappeler aussi que les excès se paient… L’accident de voiture en 1984 d’un Vince Neil ivre tuant son ami Razzle, alors batteur d’Hanoi Rocks, en étant l’exemple le plus frappant. Tout comme l’addiction de Sixx à l’héroïne et sa deuxième overdose lui étant presque fatale, déclaré mort avant de revenir à la vie…D’ailleurs c’est précisément au paroxysme de l’addiction du bassiste que le film change et devient plus dramatique malgré le succès grandissant du groupe, jusqu’au départ de Vince Neil en 1992 et le décès de sa fille Skylar d’un cancer en 1995 à l’âge de 4 ans (la réalisation jouant ici avec l’histoire, car Sharise, la femme de Neil ne pouvait donc pas être enceinte en 1984…).

Bien sûr, il était impossible de reproduire en 1h47 les 430 pages du bouquin et, en ce sens, l’œuvre littéraire (une version française existe aux éditions Camion Blanc) surpasse le film, mais il n’en demeure pas moins que cette adaptation cinématographique est au final une réussite, car assez divertissante.

Et c’est justement là que le bât blesse. L’histoire de Mötley Crüe est trop riche pour réussir à la condenser efficacement en un film de moins de 2 heures. Et de fait, on a l’impression que la période 1991 – 1997 (quand se termine le film) est un peu bâclée.

L’idéal aurait été d’en faire une mini-série de 3 à 6 épisodes pour permettre d’approfondir les personnages et les événements, mais aussi d’en intégrer d’autres : le manager Doug Thaler volontairement effacé pour développer le personnage du manager principal Doc Mc Ghee, Pamela Anderson, les relations de Sixx avec Vanity (égérie de Prince dans les 80’s) et Lita Ford (The Runaways) avec qui il pratiquait l’occultisme…

On aurait aimé aussi en savoir plus sur Mick Mars et sa relation à la maladie lui paralysant le dos, l’évolution artistique du groupe, les albums solos de Vince Neil, ou les affinités entre Mötley et Ratt ou Guns ‘n’ Roses (on aperçoit juste Slash dans le canapé quand Sixx fait son overdose)….Bref, je vous assure qu’on ne se serait pas ennuyé beaucoup en 6 épisodes de 60 minutes chacun !

En conclusion, « The Dirt », sans être un chef-d’œuvre ni une daube, n’a pas d’autre ambition que de nous divertir tout en faisant office de très bon témoignage de l’histoire du groupe, en toute sincérité.

À voir affublé d’un moule-burne en cuir et d’un vieux t-shirt de Mötley, une bouteille de Jack Daniel’s à portée de main et deux strip-teaseuses permanentées à vos côtés…

Nicolas Lhoir

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