AZURE MORTAL – Virgin de Guadeloupe
Dirk Swartenbroekx est aussi connu sous le nom de Buscemi, c’est-à-dire l’empereur des DJs belges. Mais l’homme a plus d’un tour dans son sac, ou plutôt plus d’une touche sur son clavier car Dirk Swartenbroekx évolue dans la musique électronique depuis plus de quatre décennies. On le repère sous le nom de 701 Triangles dans les années 80, puis il opère dans Tom’s Toilet Foundation au début des années 90, commet un petit EP dans un duo appelé Les Chiens Comiques en 1997, fait du noise rock sous le nom de Radical Slave en 2010 et assure ses revenus en tant que Buscemi, avec une douzaine d’albums réalisés depuis une vingtaine d’années.
Mais Dirk Swartenbroekx semble également tenir beaucoup à ce projet Azure Mortal, qu’il crée en 2011 en tant que projet individuel. Ici, ce qui l’intéresse, c’est la possibilité d’exploiter les perspectives ouvertes par l’avant-garde électronique. Dans ce sillon, Azure Mortal va se révéler assez influencé par Nurse With Wound, Throbbing Gristle, Ornette Coleman, Steve Reich ou Five or Six. En 2014, Azure Mortal sort son premier EP ʺThe end of societyʺ, présenté comme la bande sonore de l’œuvre de l’artiste Rudi Eurlings. C’est en s’acoquinant avec des musiciens belges venant des groupes Nordmann, Manngold ou Fifty Foot Combo que Dirk Swartenbroekx réalise en 2016 ʺDuivelsʺ, le premier album long format d’Azure Mortal. Cet album assemble des réminiscences de rock industriel, de krautrock à la Tangerine Dream ou Klaus Schulze, malaxe du jazz pour le fondre dans des ambiances drones et créer ainsi des paysages sonores délicieusement sombres.
On retrouve ce même mode opératoire sur le nouvel album ʺVirgin de Gadeloupeʺ, sorti cette année chez Consouling Sounds. On est ici dans une sorte de bande-son d’un film surréaliste, où se mêlent toutes sortes d’ambiances et de climats sonores. Dirk Swartenbroekx fusionne des pièces parlées dans des effets électroniques ou un beat dance rythmé (ʺMolotovʺ, ʺDialoguesʺ, qui répète à l’infini la même conversation de trois phrases entre une femme et un homme), fait onduler des passages de synthétiseur en mode saccadé à la façon d’un Ennio Morricone sous cocaïne (ʺVrgin de Gadeloupeʺ), récite de sombres textes en flamand dans une chambre d’écho (ʺDemonic whisperingʺ, ʺHet leven is een helʺ, en fait récité par le chanteur néerlandais Ernst Löw) ou fait scintiller les machines électroniques sur des rythmes hypnotiques (ʺNever moreʺ, ʺOasis take fourʺ).
Certes, s’il n’est pas le disque de tout le monde par son côté expérimental parfois déroutant, ʺVirgin de Guadeloupeʺ révèle un artiste à la longue expérience parfaitement cohérent avec son parcours et sa philosophie musicale. Que ceux qui l’aiment le suivent.
L’album :
ʺDialoguesʺ (7:50)
ʺNever Moreʺ (4:04)
ʺMaking Things Lost againʺ (4:11)
ʺMolotovʺ (3:10)
ʺCatherine et Chloéʺ (5’21)
ʺAlice Dudʺ (2:51)
ʺOasis Take Fourʺ (6:06)
ʺVirgin De Guadeloupeʺ (8:38)
ʺHet Leven Is Een Helʺ (7:23)
ʺDemonic Whisperingʺ (5:02)
ʺNight Dubʺ (4:20)
https://www.facebook.com/AzureMortal/
Pays: BE
Consouling sounds
Sortie: 2020/09/25