BAXTER, Rayland – If I were a butterfly
C’est un petit joyau de rêverie psychédélique et de poésie gentiment absurde qui s’ouvre à nous ici avec cet album ʺIf I were a butterlyʺ de Rayland Baxter, un excentrique du Kentucky qui eut pour père Bucky Baxter, longtemps préposé à la pedal steel chez Bob Dylan et membre des Dukes de Steve Earle. Bucky Baxter est décédé en mai 2020, ce qui donne l’occasion à son fils d’écrire un album merveilleux qui traite à la fois de l’amour et de la perte, de la recherche du sens à travers la légèreté, le bonheur toujours fugace et la transcendance humaine qui semble toujours vouée à apparaître comme vaine.
ʺIf I were a butterflyʺ, a-t-on souvent imaginé ce que serait notre vie si nous étions un papillon ? Voler à travers les airs en toute liberté, être passé par la souffrance d’une chrysalide pour se retrouver avec de belles ailes colorées, mais vivre à peine un jour ou deux, si on ne rencontre pas un prédateur. Quelle vie totalement fragile et totalement belle que celle du papillon, petit instant éphémère de couleur et de joie estivale dans un paysage voué à disparaître. Mais l’homme vaut-il mieux ? C’est toute l’interrogation qui flotte à travers cet album délicat et joyeusement gracile de Rayland Baxter.
L’homme sort d’un silence de quatre ans depuis son dernier album, un numéro trois appelé ʺWide awakeʺ (2018), qui faisait suite à ʺImaginary manʺ (2015) et ʺFeathers & fish-hooksʺ (2012). En 2019, Rayland Baxter avait commis un EP appelé ʺGood mmorninʺ et le voici maintenant en pleine possession de ses moyens avec un album qui doit sans doute être le mieux conçu de toute sa discographie. Le nombre d’invités qui transitent au fil des morceaux est impressionnant : Shakey Graves, Lennon Stella, plusieurs membres de Cage the Elephant, Zac Cockrell d’Alabama Shakes, Travis Goodwin de Morning Teleportation et le légendaire batteur de la Motown, Bobbye Jean Hall. Sur la console de production se penchent également Tim O’Sullivan (Grace Potter, The Head and the Heart) et Kai Welch (Molly Tuttle, Sierra Hull). Rayland Baxter s’est enterré aux studios Thunder Sound, une usine abandonnée de pneus transformée en studio en plein centre du Kentucky et a pu bricoler ses chansons en ajoutant des collages sonores pris durant son enfance avec sa sœur Brooke.
Il en ressort un album touchant, patchwork de psychédélisme huilé et de mélodies beatlesienne finement tressées. On rêve avec la douceur aérienne de ʺIf I were a butterflyʺ, on tape du pied sur les ambiances funky et lourdes de ʺBilly goatʺ, on sautille sur l’électricité nerveuse de ʺRubberband manʺ, on déambule dans les couloirs bluesy de ʺBuckwheatʺ, on se laisse bercer par le piano doucereux de ʺTadpoleʺ et ʺViolenceʺ, ou on est ému jusqu’au tréfonds de l’âme par la tendresse finale de ʺMy Argentinaʺ.
Rayland Baxter nous offre un beau voyage dans l’émotion et la candeur, où la poésie et la douceur dégoulinent de partout, tout en conservant sur la face un petit sourire cynique cachant une grande sensibilité. À écouter et réécouter, cela ne fait aucun doute.
Le groupe :
Rayland Baxter (tout)
L’album :
ʺIf I Were a Butterflyʺ (5:57)
ʺBilly Goatʺ (3:56)
ʺRubberband Manʺ (2:30)
ʺBuckwheatʺ (3:02)
ʺTadpoleʺ (3:23)
ʺDirty Kneesʺ (4:39)
ʺGraffiti Streetʺ (3:15)
ʺViolenceʺ (3:13)
ʺThunder Soundʺ (6:04)
ʺMy Argentinaʺ (5:01)
https://raylandbaxtertn.bandcamp.com/album/if-i-were-a-butterfly
https://www.facebook.com/RaylandBaxterMusic/
Pays: US
ATO Records
Sortie: 2022/11/04