CD/DVDChroniques

BURNT UMBER – Petroleum

0 Shares
Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

En lisant la fiche promotionnelle de Burnt Umber, rédigée par une agence commerciale spécialisée dans la publicité des groupes rock qui ont signé un contrat avec elle, j’avais l’impression d’avoir affaire au groupe le plus important du monde depuis Led Zeppelin, le truc qui aurait enterré définitivement Radiohead, Evanescence, Porcupine Tree ou les Deftones. Il faut se souvenir que les agences de publicité sont justement là pour faire de la publicité et pour cela, le superlatif facile est un des instruments les plus usités. Car s’il est vrai que Burnt Umber est un groupe qui s’inspire de Radiohead, Coldplay, Porcupine Tree, Evanescence, 30 Seconds To Mars ou Deftones, il est à mille lieues de détrôner tout ce petit monde. Ce combo parisien est certes un bon groupe de métal mélodique mais il souffre de quelques défauts de jeunesse qui n’ont pas entièrement réussi à me convaincre sur le génie défendu par sa boîte de promotion.

Les origines de Burnt Umber remontent à 2018, autour de la rencontre entre le batteur de The Way I Am, J-War, et la chanteuse Abby. Les réseaux de The Way I Am se mettent en place pour aboutir à la confection d’un album. La chanteuse de ce groupe, Saturne Mezzasalma, rédige les paroles des treize chansons originales dont la musique a été composée par J-War et Abby. J-War mobilise son bassiste Mickaël pour le verser dans les rangs de Burnt Umber, dont les effectifs sont également complétés par les guitaristes Massi (Massive Raccoon Guerilla) et Wince (Skinsitive). Parmi les gens gravitant autour du projet, Nay Windhead du groupe Lag I Run vient ajouter un solo sur un morceau (ʺThe gapʺ), Camille Lafontaine réalise le clip de ʺDrowningʺ, la chanson phare de l’album, et Francis Caste enregistre, mixe et mastérise le disque.

Le titre de l’album et l’origine du groupe ne peut m’empêcher de repenser à ce fameux slogan des années 70, qui illustrait la crise pétrolière intervenue après 1973, ʺEn France, on n’a pas de pétrole mais on a des idéesʺ. Il faut croire ici que Burnt Umber a beaucoup de pétrole parce que du côté des idées, on n’est pas dans la grande abondance. Par contre, il y a une qualité que Burnt Umber possède, c’est la technique. Et au-dessus de tout ça, il y a la voix extraordinaire de la chanteuse Abby, dotée d’un organe à la fois mélodieux, puissant et capable d’aller décrocher des notes situées dans les hautes sphères de l’aigu.

Cet atout est peut-être aussi ce qui bride le potentiel du groupe. C’est un peu comme si quelqu’un possédait une Porsche ou un autre engin capable de foncer à travers tout et se contentait de faire toujours le tour du pâté de maison à 30 kilomètres/heure, tout fier de montrer sa belle voiture mais très soucieux de ne pas la surmener. Ici, on met en avant la chanteuse qui va faire son petit parcours entre couplets graves et sensibles, puis une poussée puissante vers le suraigu au moment du refrain, et un retour vers la mélodie larmoyante quand on redescend sur les couplets suivants. Là-dessus, les instruments construisent des mélodies intenses avec un gros son de guitare, des percées parfois spectaculaires de la batterie à de rares occasions (ʺRainy Sundayʺ) et on réitère la formule de la même façon sur quasiment tous les morceaux.

C’est ainsi que l’on est conquis dans un premier temps par le quarté de chansons qui démarrent l’album (ʺTree of sorrowʺ, ʺI will miss uʺ, ʺRainy Sundayʺ, ʺPetroleumʺ) et ensuite, sur le constat que les titres suivants ont une fâcheuse tendance à se répéter sur le même modèle (un beau modèle, on ne conteste pas, mais toujours assez stéréotypé), on s’enfonce peu à peu dans une routine, sur un chemin qui semble interminable et où voit défiler toujours un peu les mêmes paysages. Ce sentiment de perte des jalons est conforté par les choix rythmiques du groupe, toujours dans le mid-tempo et les ambiances sénatoriales, si bien qu’on ne sait plus qui est qui dans la liste des morceaux. Il faut dire que 14 morceaux pour un premier album, c’est aussi le piège classique dans lequel tombe beaucoup de groupes débutants. Et les attaques dans le suraigu de la chanteuse qui a de plus en plus tendance à tenir la note le plus longtemps possible finissent tout doucement par agacer. Oui, les amis, vous avez une magnifique chanteuse, mais n’auriez-vous pas un peu autre chose en magasin ? Un petit solo qui sort de l’ordinaire ? Une composition qu’on n’aurait encore jamais entendue ?

Si, le truc qui se fait remarquer, c’est la reprise de ʺCalling youʺ, la fameuse chanson extraite du film ʺBagdad Caféʺ, qui avait remporté un gros succès sur les grands écrans en 1988. Le traitement à la fois très doux et métallique sur les refrains apporte un peu d’originalité à cette belle chanson. En résumé, on pourrait dire que chacune des chansons de cet album, prise individuellement, est très séduisante. Mais un alignement de 14 titres du même acabit, c’est comme assister 14 fois de suite au même numéro de strip-tease : à la fin, l’excitation a disparu.

Le groupe :

Abby (chant)
J-War (batterie)
Massi (basse)
Mickaël (guitare)
Wince (guitare)

L’album :

ʺ Tree of Sorrowʺ
ʺ I Will Miss Uʺ
ʺ Rainy Sundayʺ
ʺ Petroleumʺ
ʺ Six Feet Underwaterʺ
ʺ Drowningʺ
ʺ Epidemicʺ
ʺ The Gapʺ
ʺ I Feel Guiltyʺ
ʺ Stolen Picʺ
ʺ Calling Youʺ
ʺ Love Philterʺ
ʺ X chromosomeʺ
ʺ The Hourglassʺ

https://www.facebook.com/burntumberband/

Pays: FR
Season Of Mist
Sortie: 2021/03/12

Laisser un commentaire

Music In Belgium