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CHARLOTTE – Charlotte

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Avec le label Eonian Records, on découvre vraiment l’histoire cachée du hair metal américain des années 80 et 90, au travers de l’évocation de tous ces groupes qui passèrent à côté de la célébrité et dont Eonian s’est fait une spécialité de ressortir du fond des oubliettes du temps. Après les infortunés Mad Anthony, les malchanceux Jones Street, voici les talentueux Charlotte, qui étaient trop intègres avec leur musique pour accepter le moindre compromis avec le show business, d’où l’absence de tout disque à l’époque de leurs méfaits dans les années 90, ce qui n’a bien entendu pas aidé à leur reconnaissance historique.

Charlotte commence son histoire à New York en 1984, quand Eric Ganz (chant) et Shawn Ferjanec (basse) forment le groupe à leur sortie du lycée. Le duo est rapidement complété par Vinnie Cacciotti (guitare) et Dave Bazicki (batterie). Le combo, attiré par les feux de la rampe glam metal qui brillent sur la Côte Ouest, débarque à Los Angeles à l’automne 1986, parce que c’est évidemment the place to be quand on défend un hard rock hérité de Judas Priest, Mötley Crüe, Dokken ou Ratt. Après un peu de remue-ménage dans sa section rythmique, Charlotte finit par se stabiliser avec l’arrivée de Chris Colovas (basse) et Eric D. Brewton (batterie). Le nom de Charlotte n’a pas été choisi au hasard, il vient de la célèbre prostituée anglaise Charlotte the Harlot, rendue fameuse par une chanson d’Iron Maiden sur son premier album de 1980.

Après une année à Los Angeles, cependant, le gens de Charlotte sont de moins en moins attirés par l’imagerie clinquante et vaine des groupes de glam metal. Ils préfèrent le fond de la musique à la fatuité du look et évoluent naturellement vers un rock de moins en moins marqué par Ratt ou Poison et se laissent gagner par des sonorités plus authentiques en provenance de Led Zeppelin, les Doors ou Deep Purple. Même le blues de Howlin’ Wolf ou Willie Dixon trouve grâce à leurs oreilles. De ce fait, l’évolution musicale du groupe entre logiquement en conflit avec les aspirations des maisons de disques, qui veulent sortir rapidement et pour pas cher des groupes interchangeables jouant une musique standardisée pour un public dont on ne sait pendant combien de temps il restera accro à la mode éphémère du glam metal.

Cependant, s’il ne souhaite pas vendre son âme au diable, le groupe d’Eric Ganz néglige de surfer dans un premier temps sur la vague hair metal en plaçant ses premiers enregistrements auprès d’un label. Ceci aboutit à lui faire rater la vague Guns n’ Roses / Poison / White Lion / Cinderella qui déferle allègrement, quitte à ce que Charlotte puisse négocier par la suite un changement de son style une fois qu’il aurait été bien installé dans le business.

Charlotte a donc beau faire un malheur auprès du public dans les clubs angélinos tels que le Whisky a Go-Go, le Roxy, le Troubadour ou le FM Station, il reste indéfectiblement coincé devant les portes des maisons de disques qui ne prêteront jamais attention à la quinzaine de morceaux que le groupe avait réussi à mettre sur bande. De plus, ces morceaux avaient été produits pas des têtes comme Marc DeSisto (Don Henley, Pink Floyd, Tom Petty, U2), Allen Zentz (BB King, Billy Joel, Creedence Clearwater Revival, Kiss) et Mike Wolf (Britton, Iggy Pop, King Kobra, Paul Simon), ce qui n’est quand même pas rien.

Charlotte passera donc dans le paysage hard rock des années 90 comme un météore discret. Ses chansons n’ont jamais été publiées à l’époque mais elles ont fait l’objet d’une première édition posthume en 2010 sous le nom de ʺMedusa grooveʺ, d’ailleurs gérée également par le label Eonian. Cette année, Eonian ressort ces précédentes chansons qui étaient au nombre de douze (dont certaines différentes) et y ajoute cinq titres de plus sur un album simplement intitulé ʺCharlotteʺ. On y découvre un hard rock parfois excellent (ʺSirenʺ, ʺMedusa grooveʺ, ʺLittle devilsʺ, ʺShe get it upʺ, ʺMistreatedʺ, ʺRock city USAʺ) servi par la voix chaude et puissante d’Eric Ganz, un vocaliste qui aurait mérité une plus grande renommée. Le blues et le classic rock qui auraient influencé Charlotte sur sa période tardive ne sont pas vraiment au rendez-vous sur cette sélection mais on peut profiter d’un rock costaud oscillant entre AC/DC, The Cult ou Dokken. Assurément, si Charlotte avait pu éditer ses titres à l’époque, il aurait eu une sérieuse chance de devenir une référence, à tout le moins dans l’underground.

Le groupe :

Eric Ganz (chant)
Nick DiBacco (guitare)
Vinnie Cacciotti (guitare)
Chris Colovas (basse)
Eric D. Brewton (batterie)

L’album :

ʺSirenʺ
ʺMedusa Grooveʺ
ʺZoo of Heartsʺ
ʺLittle Devilsʺ
ʺWoman behind the Eyesʺ
ʺWhen I Need Youʺ
ʺGot Love on the Lineʺ
ʺMiss Necrophiliaʺ
ʺShe Get It Upʺ
ʺChangesʺ
ʺRoadhouse of Loveʺ
ʺMistreatedʺ
ʺRock City USAʺ
ʺTough Loveʺ
ʺVicious Natureʺ
ʺShe’s On Fireʺ
ʺAll Tied Upʺ

https://www.facebook.com/charlotterockband1

Pays: US
Eonian Records
Sortie: 2022/06/03

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