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CHOREOMANIC – Choreomanic

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Le bassiste Joost van der Graaf, sujet néerlandais né en 1973, est le créateur de ce projet Choreomanic, essentiellement centré sur l’instrument de prédilection de ce musicien, la basse. Et la basse, Joost van der Graaf sait en jouer, et pas juste un peu. Depuis qu’il pratique (c’est-à-dire depuis le tendre âge de 14 ans), Joost a eu l’occasion de devenir un maître de la quatre-cordes, au point d’être sollicité un peu partout dans différents groupes de toutes obédiences, y compris par des formations métalliques.

Joost van der Graaf a 18 ans quand on le repère pour la première fois dans un groupe qui s’appelle Creepmine et où il assure aussi le chant en plus de la basse, dans un registre death metal progressif. Après un album (ʺChiaroscuroʺ, 1995) et une tournée, Creepmine cesse ses activités en 1998, ce qui permet à Joost van der Graaf d’approfondir ses connaissances musicales au conservatoire d’Amsterdam et de devenir un musicien de session, un artiste de scène et un enseignant.

En 2009, l’envie de rejouer dans un groupe le prend à nouveau et il cofonde I Chaos, un combo à nouveau death qui réalise deux albums, ʺThe human repellentʺ (2011) et ʺMasterbleederʺ (2015). En même temps, pendant les années 2012-2015, Joost van der Graaf officie chez les thrasheurs allemands de Dew-Scented, avec qui il participe aux albums ʺIcarusʺ (2012), ʺInsurgentʺ (2013) et ʺInterminationʺ (2015). Avec ce groupe, il a l’occasion de tourner un peu partout, en Europe, au Japon et d’ouvrir pour de prestigieuses formations de briseurs de tôles, comme Testament, Exodus ou Death Angel.

Tout ce business métallique n’est qu’une des cordes à l’arc de Jost van der Graaf, qui va passer quelques années à enseigner la technique de la basse et le développement de groupes à la Metal Factory d’Eindhoven. Vous me direz qu’on est toujours plus ou moins lié au métal dans cette histoire, ce qui est vrai d’autant plus que Joost est aussi membre de l’historique combo death batave Pestilence, avec qui il a réalisé l’album ʺExitivmʺ en 2021.

Mais là où Joost van der Graaf s’éloigne des sentiers métalliques, c’est avec le premier album de son projet Choreomanic, où c’est lui le patron. On a en effet affaire ici à de l’instrumental fortement influencé par des inclassables, comme Mister Bungle, Infectious Grooves ou Frank Zappa, autrement dit assez loin des traditions death ou thrash metal. Joost van der Graaf a profité de la pandémie mondiale pour se retirer dans ses appartements et composer des morceaux variés, radicalement éloignés de son style de prédilection. Dans l’affaire, il n’est pas seul puisqu’après avoir tout composé par lui-même, il a mis la main sur quelques musiciens pour tenir une section de cuivres, ainsi que la batterie.

Le titre de l’album renvoie à un concept intéressant. Ce qu’on pourrait appeler la choréomanie est un phénomène survenu entre le 13e et la 17e siècle en Europe, et particulièrement en Alsace, où des foules se sont mises à danser frénétiquement sans raison particulière, parfois jusqu’à épuisement et mort. Cette manie dansante a été rendue célèbre sous le nom de danse de Saint-Guy, car on envoyait à l’époque les malades en pèlerinage à la grotte de Saint-Guy, près de Saverne, pour tenter de les soigner. Et puis tout cela a disparu comme par enchantement, si bien qu’on n’a jamais su s’il s’agissait d’une maladie ou d’un sortilège satanique. Depuis, les guinguettes, les bals et les boîtes de nuit sont venus domestiquer ces instincts danseurs.

Une chose est sûre, c’est que le démon de la danse pourrait bien revenir à l’écoute de cet album, qui aligne une douzaine de morceaux entre funk, prog et jazz, tenus de main de maître par Joost van der Graaf, qui se révèle un bassiste d’exception. Il donne volontiers dans la surenchère technicienne mais il sait captiver l’auditeur à chaque instant, avec des compositions aux rythmes rapides, très largement instrumentales et rehaussées par la trompette, le trombone et le bugle, qui tissent la trame d’un jazz-band venu en renfort d’un athlète progressif et funk qui triture sa quatre-cordes avec agilité. Les compositions sont assez courtes et dépassent rarement les trois minutes, sauf le dernier morceau ʺAway from the sunʺ qui retranscrit des impressions plus jazz et ralenties, mais avec toujours le même talent chez l’excellent Joost van der Berg.

Voilà un album qui devrait rassembler pas mal d’avis positifs chez les amateurs de progressif musclé, de technicité pointue et de feeling.

Le groupe :

Joost van der Graaf (basse, sampling, voix et percussions)
Thijs Ronteltap (claviers)
Jeroen Verberne (trombone)
Tommie Freke (saxophone)
Gidon Nunes Vaz (trompette et bugle)
Koen Herfst (batterie)

L’album :

ʺThis is not a drillʺ (03:50)
ʺSpun Sugarʺ (02:44)
ʺWhat you getʺ (03:26)
ʺRed flagsʺ (02:26)
ʺChoreomanicʺ (02:17)
ʺWalk with urgencyʺ (02:33)
ʺOff with the figureheadʺ (02:18)
ʺTime to let it outʺ (02:08)
ʺCalling Godʺ (04:28)
ʺTake the money give it to me nowʺ (02:31)
ʺStory about the moonʺ (02:46)
ʺAway from the sunʺ (05:52)

https://choreomanic.bandcamp.com/album/choreomanic-2
https://www.facebook.com/choreomanic

Pays: NL
Autoproduction
Sortie: 2022/02/18

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