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DARK FORTRESS – Spectres from the old world

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Jusqu’en 2014, les black métallurgistes bavarois de Dark Fortress sortaient leurs albums avec une régularité d’horloge suisse, au pas cadencé, à raison d’une rondelle tous les deux ou trois ans. C’est ainsi qu’au cours du temps se sont succédé ʺTowards immortalityʺ (un split album de 1997 partagé avec Barad Dûr), ʺTales from eternal duskʺ (2001), ʺProfane genocidal creationsʺ (2003), ʺStab woundsʺ (2004), ʺSeanceʺ (2006), ʺEidolonʺ (2008), ʺYlemʺ (2010) et ʺVenereal dawnʺ (2014). Et puis, six années se sont passées sans nouvelle proposition discographique de la part du groupe fondé en 1994 et dirigé depuis toujours par le guitariste Asvargr. Avec un tel laps de temps entre deux albums, on aurait pu craindre que l’escadron maudit ait pu perdre de nombreux membres en route, sans doute lassés par l’inactivité forcée. Mais non, les sbires sont restés fidèles au grand maître, à part le bassiste Draug qui a préféré quitter la meute en 2018. Et il y a même eu un recrutement supplémentaire en 2015 avec l’incorporation du claviériste Phenex.

On retrouve donc sur le nouvel album le plus gros de l’équipe qui nous avait laissés sur l’album ʺVenereal Dawnʺ, à savoir Asvargr (guitare), Seraph (batterie), V. Santura (guitare) et Morean (chant). L’absence de Dark Fortress n’est donc pas due à des tourments relatifs à des changements de personnel qu’il aurait été difficile de remplacer. Ce silence n’est même pas dû aux activités connexes de V. Santura, Morean et Seraph qui évoluent parallèlement dans le combo death/thrash Noneuclid, qui n’a plus non plus sorti d’albums depuis 2014. Morean en a quand même profité pour accompagner Hannes Grossmann dans son projet death technique sur deux albums sortis en 2016 et 2019. Mais V. Santura n’a même pas participé à la sortie d’un album d’un autre de ses groupes, le monstrueux Tryptikon formé par l’ex-Celtic Frost Tom G. Warrior, pour la bonne raison que ce groupe n’a rien sorti depuis 2014.

Alors, que s’est-il donc passé durant ces six années? Il est tout simplement fort probable qu’Asvargr et ses hommes ait planché intensivement sur de nouvelles compositions, qu’ils aient sué le burnous sur la partition et qu’il se soient sorti les doigts pour nous coller entre les oreilles une nouvelle série de morceaux fabuleusement bien pensés et composés aux petits oignons.

C’est la conclusion qui nous vient à l’esprit quand on écoute le fantastique, l’impressionnant, le monstrueux ʺSpectres from the old worldʺ, dont le black metal très relativement mélodique va vous démastiquer la tronche et vous laisser pantelants et nus au bord d’une route jonchée de carcasses fumantes et de cadavres de trolls carbonisés. On parle effectivement souvent de black metal mélodique pour qualifier la musique de Dark Fortress mais ici, ce qualificatif va occuper une portion congrue qui va aux contraire largement laisser large place à des attaques de riffs phénoménaux et impitoyables, servis par une section rythmique sortie des forges de l’enfer et survolée par des nappes de claviers hantés aussi inquiétants qu’un vol de dragons au-dessus d’une armée d’orques. Si être mélodique, c’est glisser quelques petits passages calmes à la Opeth entre deux assauts de black metal velu ; si être mélodique, c’est proférer un chant de goule pourrissante qui reste quand même compréhensible, alors oui, Dark Fortress a sorti un album de black mélodique. Mais pour le reste, tintin, vous pouvez enfiler votre armure en titane pour résister au souffle thermonucléaire dévastateur de monstruosités comme ʺThe spider in the webʺ, la fulgurance impitoyable de la plage titulaire et surtout la série des cinq titres ʺPali Aikeʺ, ʺPazuzuʺ (énorme!), ʺIsaʺ (encore plus énorme!), ʺPulling at threadsʺ et ʺIn deepest timeʺ qui envoient une rafale d’acier trempé jouant sur des tempos variés mais ayant toujours comme point commun une efficacité directe qui ne laisse rien debout. Afin d’aider l’auditeur à reprendre son souffle et reposer ses cervicales, le petit interlude instrumental ʺPenrose processionʺ permet de faire une pause au calme, afin de faire un premier bilan de la casse, avant que Dark Fortress ne vienne à nouveau abattre une énorme botte cloutée sur nos tympans avec les tout aussi puissants ʺSwan Songʺ et ʺNox Iraeʺ.

La retraite de Normandie en août 44, avec le franchissement de la Seine sous le pilonnage des roquettes des chasseurs-bombardiers anglais, ça ne vous dit rien, vous n’avez pas connu. Eh bien, on peut s’en faire une petite idée en écoutant la nouvelle galette fumante des bourreaux de Dark Fortress. Parce que pour nous pilonner la tronche, ces gaillards en connaissent un rayon. Pour le moment, le palmarès du meilleur album de black metal de l’année est tenu par Dark Fortress, des Allemands qui osent défier la Norvège sur son terrain musical de prédilection. Qui osera leur ravir le trône avant la fin de l’année? Allons, Messieurs les blackeux, nous ne sommes qu’au printemps, il n’est pas encore trop tard. Mais je vous souhaite bien du plaisir pour faire mieux.

Le groupe :

Asvargr (guitare)
Seraph (batterie)
V. Santura (guitare)
Morean (chant)
Phenex (claviers)

L’album :

ʺNascence (Intro)ʺ (01:36)
ʺCoalescenceʺ (04:32)
ʺThe Spider in the Webʺ (05:26)
ʺSpectres from the Old Worldʺ (05:50)
ʺPali Aikeʺ (05:18)
ʺPazuzuʺ (05:50)
ʺIsaʺ (07:38)
ʺPulling at Threadsʺ (03:12)
ʺIn Deepest Timeʺ (05:16)
ʺPenrose Procession (Interlude)ʺ (02:36)
ʺSwan Songʺ (07:17)
ʺNox Iraeʺ (03:38)

https://www.facebook.com/officialdarkfortress/

Pays: DE
Century Media
Sortie: 2020/02/28

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