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DATSUNS, The – Eye to eye

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Ciel! Cela faisait déjà sept ans qu’on n’avait plus eu droit à un nouvel album des Datsuns, une éternité pour les fans de l’électricité débridée que les Néo-Zélandais distillent depuis maintenant une vingtaine d’années. Mais comment a-t-on pu vivre en apnée de cette façon, sans recevoir la dose vitale de rock énervé et pêchu que les faux frères Datsuns produisent brillamment depuis leur fameux premier album ʺThe Datsunsʺ (et son moment phare ʺMF from hellʺ), paru en 2002, il y a déjà si longtemps ?

À l’époque, les Datsuns débarquaient par le convoi qui avait amené un sang neuf dans la machine rock, avec cette formidable vague des groupes qu’on appelait en The, parce que leur nom commençait tous par The : The Hives, The White Stripes, The Libertines, The Richmond Struts, The BellRays, The Vines, The Strokes, The Von Bondies, The Kills, The Dirtbombs… Quelle époque ! Ça pétaradait à nouveau comme en 1977 ou en 1991, quand le rock daignait bien vouloir se réveiller régulièrement en des éruptions salvatrices, à la façon d’un bon vieux volcan. Depuis ce temps des débuts du 21e siècle, le volcan du rock a encore craché un peu de magma électrique avec les Oh Sees, Ty Seagal, White Fence, Mikal Cronin ou les Australiens de King Gizzard & The Lizard Wizard mais il faut avouer que cette secousse tellurique s’est surtout faite sentir sur le territoire des fins connaisseurs de la chose rock et pas vraiment sur le grand public.

Alors, les Datsuns, dans tout ça ? Le groupe mené depuis 23 ans par Dolf de Borst (basse et chant), Christian Livingstone (guitare), Phil Somervell (guitare), auxquels s’ajoute le batteur Ben Cole (remplaçant de Matt Osment depuis 2006) nous sort cette année un septième album, mariné depuis plus de sept ans si l’on en juge par la date de sortie du précédent ʺDeep Sleepʺ (2014). On retire 18 mois de COVID au titre des arrêts de jeu et on se retrouve avec un nouvel album qui s’était un peu fait attendre, d’autant que le précédent était passé relativement inaperçu. Ce cru 2021 des Datsuns se révèle très honorable, moins percutant que les débuts géniaux de ʺThe Datsunsʺ (2002) ou le très bon ʺOutta sight/outta mindʺ (2004) mais rivalisant avec aisance avec les appréciables ʺSmoke and mirrorsʺ (2006) ou ʺHeadstuntsʺ (2008) et tentant de talonner l’excellent et surprenant ʺDeath rattle boogieʺ (2012). Bref, sur ce coup, les Datsuns ont fait du bon boulot.

L’urgence rock n’roll se déclenche dès les premières mesures du premier morceau ʺDehumaniseʺ. Guitares compressées, basse graisseuse, batterie en excès de vitesse : on reconnaît bien la patte Datsuns, qui sarcle ici du solo sauvage avec une petite touche de ʺFastʺ Eddie Clarke de Motörhead, influences seventies obligent. Restons réalistes, cette mise en bouche sert de slogan publicitaire pour attirer le chaland, car le reste sera moins rentre-dedans ou sauvage. Mais on va quand même rencontrer d’excellents moments de rock classieux et énergique, avec les très convaincants ʺWarped signalsʺ, ʺSweet talkʺ, ʺBrain to brainʺ, ʺBite my tongueʺ, ʺSuspicionʺ et surtout les deux derniers titres ʺOther people’s eyesʺ (garage punk aux dents serrées) et ʺIn record timeʺ (un final savoureusement cosmique, planant mais tendu qui conclue l’album de la façon la plus cohérente qui soit).

Si les Datsuns n’ont pas eu la chance qui convenait à leur talent (une grosse hype à la bonne époque, puis un retour dans l’underground de qualité, des tournées dans des endroits retirés du monde civilisé, des albums aux fréquences de plus en plus espacées), il reste un solide caillou sur lequel poser le pied dans un univers où tout défile de plus en plus vite. Que voulez-vous, je ne peux pas être objectif avec les Datsuns. Ils m’ont tiré du public au Trix d’Anvers en 2007 parce que je portais un tee-shirt des Ramones, pour chanter avec eux leur reprise de ʺThe KKK took my baby awayʺ, j’ai offert une bouteille de vin à Phil Somervell à la fin d’un concert au fin fond de la Flandre, toujours en 2007. Alors évidemment, ça crée des liens, et ça démontre surtout que les Datsuns ne sont pas un groupe qui se la pète mais qui sont d’authentiques fantassins de l’armée du rock, qui font le boulot et n’hésitent pas à mouiller l’uniforme pour rester fidèles à l’amour de l’électricité, au travail bien fait et à l’inspiration de grande classe, où hard rock Seventies et garage rock Sixties se partagent un gâteau soigneusement équilibré.

Le groupe :

Dolf de Borst (chant, basse)
Christian Livingstone (guitare, choeurs)
Phil Somervell (guitare)
Ben Cole (batterie)

L’album :

ʺDehumaniseʺ (2:28)
ʺWarped Signalsʺ (3:30)
ʺWhite Noise Machineʺ (3:35)
ʺSweet Talkʺ (2:30)
ʺBrain to Brainʺ (2:46)
ʺMoongazerʺ (3:56)
ʺBite My Tongueʺ (2:30)
ʺRaygunʺ (4:19)
ʺSuspicionʺ (4:55)
ʺOther People’s Eyesʺ (3:20)
ʺIn Record Timeʺ (4:54)

https://thedatsuns.bandcamp.com/album/eye-to-eye
https://www.facebook.com/thedatsuns

Pays: NZ
Hellsquad Records
Sortie: 2021/05/28

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