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DEEP PURPLE – Turning to crime

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A l’heure où la planète se demande s’il y aura encore un monde d’avant après la crise sanitaire, les vieux briscards de Deep Purple apportent une réponse sous la forme d’un bon coup de pied au derrière, en plongeant les deux pieds dans une bassine de souvenirs du bon vieux temps, celui du blues et du rock ‘n roll des années 50 et 60. Au lieu de passer leur confinement à retaper leurs villas et manoirs du Sussex ou du Tennessee, la bande à Ian Paice a préféré continuer à mener le combat rock alors que ses membres auraient pu goûter les joies d’une retraite bien méritée. Les types ont donc opté pour un de ces bons vieux albums de reprises qui trouvent leur charme non dans l’originalité de l’exercice mais dans la vision que les artistes ont des vieux classiques musicaux et de la façon dont ils se les approprient.

Au programme avec ce 22e album studio du Pourpre, une revisite d’une douzaine de morceaux des années 50 et 60 qui ont formé les esprits musicaux de Ian Gillan (chant), Roger Glover (basse), Ian Paice (batterie), Steve Morse (guitare) et Don Airey (claviers). Ces garçons viennent du blues, du rock ‘n roll et du rock garage des Sixties et ils ne l’ont pas oublié en rassemblant ici une collection de titres variés, parfois surprenants et souvent bienvenus. En ce sens, ʺTurning to crimeʺ est un joyeux fourre-tout. On y trouve du Love (ʺ7 and 7 isʺʺ, du Fleetwood Mac (ʺOh wellʺ), du Yardbirds (ʺShapes of thingsʺ), du Cream (ʺWhite roomʺ), du Bob Seger (ʺLuciferʺ), du Mitch Ryder & The Detroit Wheels (ʺJenny take a rideʺ), qui se rapprochent logiquement du hard rock professé par Deep Purple. Mais aussi, on aura droit à des choses plus surprenantes comme Lonnie Donegan (le roi du skiffle, et son ʺThe battle of New Orleansʺ), Bob Dylan (ʺWatching the river flowʺ), Little Feat (ʺDixie chickenʺ) ou Ray Charles (ʺLet the good times rollʺ). Les gens de Deep Purple ont aussi l’occasion de démontrer qu’ils savent swinguer avec une reprise du fameux ʺRockin’ pneumonia and the boogie woogie fluʺ (un morceau impeccable pour se moquer de la pandémie de coronavirus). Ils terminent leur album avec un pot-pourri appelé ʺCaught in the actʺ, agglomérant en un seul souffle ʺGoing downʺ (Freddie King), ʺGreen onionsʺ (Booker T. & The MGs), ʺHot ‘Lantaʺ (Allman Brothers Band), ʺDazed and confusedʺ (Led Zeppelin) et ʺGimme some lovin’ʺ (Spencer Davis Group).

Le concept visuel de l’album n’a pas grand-chose à voir avec le contenu, les musiciens du pourpre posant comme des criminels embarqués en prison, avec des têtes patibulaires et des tignasses mal peignées. On a ainsi l’occasion de découvrir que Roger Glover n’est pas chauve, comme pouvaient le laisser penser toutes les photos de lui prises depuis plus de cinquante and et qui le montraient toujours affublé d’un chapeau ou d’un foulard sur la tête. Pour commettre leur crime, les brigands de Deep Purple ont eu recours à un complice, en la personne du légendaire Bob Ezrin (Alice Cooper, Lou Reed, Kiss) qui est venu produire et mixer le fruit des rapines du groupe anglais, dont les membres ont enregistré leurs parties musicales dans leurs home-studios respectifs.

Si ces reprises sonnent bien classiques (surtout quand une section de cuivres se met de la partie pour les morceaux plus jazz) et ne s’aventurent pas trop en dehors des normes établies par les chansons originales, on peut néanmoins prendre du plaisir à se remémorer les grands artistes ayant été choisis par Deep Purple, et surtout profiter des prouesses instrumentales de Don Airey aux claviers (l’homme est particulièrement en forme) et de Steve Morse à la guitare (ce dernier a également de grands éclairs d’inspiration sur certains titres, comme ʺShapes of thingsʺ, ʺWhite roomʺ ou ʺCaught in the actʺ). Et si l’on tend encore davantage l’oreille, on entend également que Ian Paice, 73 ans cette année, a encore assez de force dans les bras pour pulvériser un kit de batterie.

Il y en a qui considèrent que l’album de reprises est une capitulation de la créativité d’un groupe. D’autres y voient au contraire une bonne occasion de se détendre en découvrant de nouvelles versions de vieux classiques. Avec son palmarès légendaire et toutes les reprises dont il a été lui-même l’objet, Deep Purple pouvait bien se permettre de livrer lui aussi son album de reprises. Et devant un groupe dont la moyenne d’âge sera de 74 ans cette année, on n’a pas de leçons à donner car ce sont eux qui, en matière de jeunesse, dictent la conduite à tenir.

Le groupe :

Ian Gillan (chant)
Roger Glover (basse)
Ian Paice (batterie)
Steve Morse (guitare)
Don Airey (claviers)

L’album :

ʺ7 and 7 Isʺ (2:28)
ʺRockin’ Pneumonia and the Boogie Woogie Fluʺ (3:15)
ʺOh Wellʺ (4:31)
ʺJenny Take a Ride!ʺ (4:37)
ʺWatching the River Flowʺ (3:03)
ʺLet the Good Times Rollʺ (4:22)
ʺDixie Chickenʺ (4:43)
ʺShapes of Thingsʺ (3:40)
ʺThe Battle of New Orleansʺ (2:52)
ʺLuciferʺ (3:45)
ʺWhite Roomʺ (4:53)
ʺCaught in the Act (Going down / Green onions / Hot ‘lanta / Dazed and confused / Gimme some lovin’)ʺ (7:49)

https://www.facebook.com/officialdeeppurple

Pays: GB
Ear Music
Sortie: 2021/11/26

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