GATECREEPER – An unexpected reality (EP)
Le death metal a étendu ses tentacules dans toute l’Amérique, jusqu’à Tucson, dans l’Arizona, où un combo du nom de Gatecreeper sévit depuis 2013. Cette formation résulte d’un assemblage fait à partir de musiciens ayant déjà des états de service dans différents groupes. Eric Wagner (guitare) et Chase H. Mason (chant) jouaient aussi dans Spirit Adrift, mais ils ont quitté ce groupe juste avant la sortie de l’album ʺEnlightened in eternityʺ (2020). Eric Wagner avait aussi joué jusqu’en 2015 dans Languish, un groupe de death de Tucson ou son collègue de Gatecreeper, Sean Mars, opère toujours au chant. Ce même Sean Mars apparaît aussi dans Hellhorse, un groupe de black dans lequel on trouve aussi Metal Matt, qui tient la batterie dans Gatecreeper. Ce même Metal Matt est un ancien de Sovereign, où son collègue guitariste Max Nattsblod a préféré rester après avoir servi chez Gatecreeper en 2013-2015, laissant sa place à Jack Maniacky, qui est resté jusqu’en 2020 mais est retourné dans son groupe d’origine Spirit Adrift sous son autre nom de Nate Garrett. Ce nouveau départ a amené Gatecreeper à embaucher le bretteur Israel Garza (Judiciary, ex-Terror Chamber).
Gatecreeper est donc un groupe expérimenté et il parvient même à séduire le fameux label Relapse Records pour sortir ses deux premiers albums ʺSororan depravationʺ (2016) et ʺDesertedʺ (2019). Ces galettes recèlent un death metal puissant et rugueux, de facture old school, idéal pour purger l’oreille interne. Gatecreeper s’en tire fort bien quand il s’agit d’accumuler des couches de guitares pesantes qui envoient des riffs telluriques et inquiétants.
La suite consiste en un EP que nous avons découvert par hasard sur la Toile et qui n’est pas dénué d’intérêt. Gatecreeper a en effet décidé de passer le temps en concoctant ce ʺAn unexpected realityʺ, qui s’avère bien schizophrène. Sur la première partie, sept titres occupent ensemble une durée de six minutes et trente secondes, alors que la seconde partie est un seul titre de onze minutes. On a ici en quelques sortes l’opposition entre brièveté et longueur et surtout entre rapidité et lenteur, puisque les sept premiers titres sont trempés dans un mélange death metal et hardcore qui fonce à toutes vitesses dans le tas, et la deuxième partie est un morceau ce doom metal funéraire bien alangui et dépressif.
On sentait arriver le coup rien qu’en voyant les durées des sept premiers titres, dépassant à peine la minute en moyenne. Et effectivement, ce lâcher de petits morceaux hargneux et vicieux répand le chaos le plus total dans la chambre d’écoute. L’auditeur, haché par des riffs hypernerveux et poids lourds, tente de ramper vers la sortie mais il finit ébouillanté avant d’avoir pu quitter la pièce. Dans le genre, les gens de Gatecreeper ont envoyé un hardcore qui ferait passer Agnostic Front ou même Napalm Death pour des garçons de café milanais. L’auditeur occis par cette première partie aura donc droit à un enterrement de première classe au son de ʺEmptinessʺ, litanie gluante de plus de onze minutes qui aplatit tout sous le déroulement lent et cérémonieux d’un rouleau-compresseur piloté par des croque-morts au visage blême. On est passé ici dans l’excès inverse, avec une lenteur désespérante qui nous retient dans une glaise putride et nous empêche de faire le moindre pas en avant.
Il y a donc de quoi ici amuser les amateurs de death metal, hardcore et crust punk, tout en apaisant aussi les angoisses des morpions de funérariums. Deux ambiances pour le prix d’une, avec à l’esprit l’idée que ce Gatecreeper pourrait aussi offrir d’autres bonnes surprises à l’avenir.
Le groupe :
Eric Wagner (guitare)
Chase H. Mason (chant)
Israel Garza (guitare)
Metal Matt (batterie)
Sean Mars (basse)
L’album :
ʺStarvedʺ (01:03)
ʺSick of Being Soberʺ (00:58)
ʺRusted Goldʺ (00:56)
ʺImposter Syndromeʺ (01:07)
ʺAmputationʺ (00:30)
ʺDepraved Not Deprivedʺ (01:11)
ʺSuperspreaderʺ (00:59)
ʺEmptinessʺ (11:05)
Pays: US
Closed Casket Activities
Sortie: 2021/01/13