GNAW THEIR TONGUES – I speak the truth, yet with every word uttered, thousands die
Si je voulais remplir rapidement cette chronique des 150 mots réglementaires minimum, je n’aurais qu’à recopier la biographie de Maurice de Jong ainsi que sa discographie avec Gnaw Their Tongues que l’on trouve dans la chronique de l’album ʺGenocidal majestyʺ (2018) et l’affaire serait faite. Mais c’est un raccourci facile que je ne prendrai pas. Ceux qui veulent découvrir qui est Maurice de Jong et son Gnaw Their Tongues peuvent donc se reporter à cette chronique.
Pour les autres, ceux qui sont en deuxième année et qui ont déjà une connaissance de Gnaw Their Tongues sans avoir dû passer par l’asile psychiatrique, nous allons nous engouffrer tout de suite dans la découverte de ce nouvel album au titre labyrinthique, ʺI speak the truth, yet with every word uttered, thousands dieʺ. Précisons déjà que l’album ʺGenocidal majestyʺ n’est pas celui qui précède immédiatement ce nouveau disque, il y en a déjà eu trois entre les deux. N’ayant pas eu l’occasion – ou le courage – d‘écouter ces albums, je ne sais pas s’il y a eu une évolution lente entre ʺGenocidal majestyʺ et ʺI speak the truth, yet with every word uttered, thousands dieʺ. Mais les atmosphères entre ces deux disques sont quand même assez différentes, en tout cas pour ceux qui y verront autre chose que du bruit. Le nouvel album est plus anarchique, plus excité et plus crasseux que son prédécesseur. Il faut avoir le mental bien accroché pour traverser cette fournaise de sons crispants, d’anti-mélodie militante, de distorsions fulminantes et de visions apocalyptiques.
Maurice de Jong appuie ici sur tous les boutons de l’extrême. Ses activités parallèles dans des projets black metal l’amènent naturellement à concevoir une vision extrémiste de la musique ambiante, créant ici ce qu’on pourrait appeler un ambient de combat. On sent partout le chaos s’effondrer sur nous, avec ces crissements sonores insupportables, ces bruits de bombes volantes qui traversent l’espace (ʺPurity coffinsʺ), ces synthétiseurs vrillés lançant des nappes brontosauriennes de sons agressifs et venteux (ʺHere is no corruptionʺ). Maurice de Jong travaille la matière sonore au point d’en étirer des échantillons vers des ultrasons macabres. Le chant hyper-modifié semble sortir des entrailles boueuses d’une caverne hantée, faisant passer le black metal traditionnel pour des sonates de Corelli (ʺTo rival death in beautyʺ). L’album monte tellement en puissance dans les éruptions d’intensité qu’on a à un moment l’impression que c’est tout le studio d’enregistrement qui vient d’exploser, avec bruits de verre brisé et tout (ʺAbortion hymnʺ). En matière de pessimisme musical, mais aussi en termes de déstructurations sonores, on touche ici à des sommets (ou à des abysses, selon les points de vue).
Il y a plusieurs vies après l’écoute d’un album de Gnaw Their Tongues. On peut soit décider d’écouter l’intégrale de Tino Rossi pour faire contrepoids, s’engager dans la Légion Etrangère, devenir végétalien extrême et ne manger que des pousses de rutabaga cultivées uniquement dans des pots en argile du Vietnam, faire trois ans de psychanalyse ou militer pour la défense des pangolins de Mandchourie occidentale. Bref, les perspectives sont ouvertes et il y a même quelques petits malins qui choisiront d’attendre la sortie du prochain album de Gnaw Their Tongues. Gloire à eux.
Le groupe :
Maurice de Jong (tout)
L’album :
ʺI Speak the Truth, Yet With Every Word Uttered, Thousands Dieʺ (4:58)
ʺPurity Coffinsʺ (5:26)
ʺWhite Void Black Woundsʺ (4:01)
ʺTo Rival Death in Beautyʺ (3:53)
ʺHere is No Corruptionʺ (4:17)
ʺHymnʺ (3:50)
ʺA Sombre Gesture in the Faint Light of Duskʺ (4:03)
ʺShall Be No Moreʺ (4:32)
https://gnawtheirtongues.bandcamp.com/album/i-speak-the-truth-yet-with-every-word-uttered-thousands-die
https://nl-nl.facebook.com/GnawTheirTonguesOfficial/
Pays: NL
Consouling Sounds
Sortie: 2020/04/03