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GOATS OF DOOM – Shiva

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Le black metal offre des possibilités insoupçonnées en matière d’évolution musicale. Certains groupes préfèrent rester sur la voie traditionnelle en demeurant fidèles aux canons du genre, d’autres sont tentés par de nouvelles expériences et de nouveaux chemins. C’est le cas ici de Goats Of Doom qui, contrairement à ce que son nom indique, n’est pas un groupe de doom mais un groupe de black. Et encore quand on écoute ʺShivaʺ, sixième livraison de ce combo finlandais, on y découvre aussi – et surtout – de nouvelles sonorités issues du punk hardcore et du folklore traditionnel nordique.

En effet, après les premiers albums ʺLost in time and voidʺ (2012) et ʺIntra Ecclesiam nulla salusʺ (2015), où Goats Of Doom se livrait à un black metal lovecraftien, puis ʺAlla kirkkaimman tähdenʺ (2017) ; ʺRukousʺ (2018) et ʺTie on hänen omilleenʺ, qui étaient plus orientés vers le blackened death metal, le combo s’est réinventé à la faveur de ce ʺShivaʺ qui opte plus sensiblement sur une combinaison black, punk et folk qui révèle de belles surprises.

On est ici sous l’influence de Shiva, déesse indienne qui semble conserver pour Goats Of Doom un aspect païen, en liaison logique avec leurs thèmes de prédilection. Les Finlandais laissent ainsi tomber le harcèlement habituel des blackeux envers le christianisme pour s’intéresser à d’autres formes de paganisme. Pour ce qui est de l’Inde, il y a du boulot puisque la religion locale admet l’existence d’un bon millier de dieux, plus que ce que le catholicisme compte de saints. Ça doit en faire, des jours fériés, au pays de Gandhi…

On ne sait pas trop si ʺShivaʺ est un album concept puisque tout est chanté et hurlé en finlandais, ce qui fait qu’on ne comprend rien à ce qui est dit. La grosse homogénéité du style, sorte de black metal punkifié, milite en ce sens mais ce n’est pas le plus important dans l’affaire. Ce qui compte, c’est l’étonnante vivacité de la musique jouée ici, avec un parfait contrôle des instruments et de très intéressants riffs de guitare. Le chant quelque peu outré est soutenu par une section rythmique capable de relever le défi des diversités des rythmes et des styles qui jalonnent l’album. Les chœurs bien placés donnent également une profondeur aux chansons qui alternent moments bourrins et interludes folk rêveurs.

Les deux premiers titres ʺἀπōκάλυψιςʺ et ʺUljas uusi maailmaʺ ouvrent l’album avec force et conviction. Cette deuxième chanson signifie ʺun nouveau monde audacieuxʺ, peut-être le manifeste porté par cet album, qui cherche à innover et tenter de nouvelles expériences. Et si l’ensemble du disque semble en effet audacieux et porté par une énergie puissante, on remarque que ce sont les deux derniers titres qui restent les plus impressionnants, avec des durées conséquentes et des ambiances riches. En particulier, ʺShivaʺ et son final fait de chants traditionnels finlandais semble établir une chaîne entre les croyances chamaniques nordiques et la religion hindouiste.

Après 14 années d’existence au service d’un black metal relativement conformiste, Goats Of Doom s’est totalement repensé en s’élevant vers des contrées musicales inédites. C’est une évolution intéressante qui mérite d’être signalée à l’attention de tous ceux qui continuent à fouiller les potentialités du black metal.

Le groupe :

T.R. (basse et chœurs)
R.P. (batterie)
T.T. (guitare et chœurs)
A.H. (chant)
Scaregod (chant, guitare et basse)

L’album :

ʺἀπōκάλυψιςʺ (05:30)
ʺUljas uusi maailmaʺ (05:37)
ʺLuomiskertomusʺ (04:44)
ʺArmon varjotʺ (04:29)
ʺKorjuuʺ (06:37)
ʺRotatʺ (06:40)
ʺShivaʺ (08:28)

https://goatsofdoom.bandcamp.com/album/shiva
https://m.facebook.com/Scaregod/

Pays: FI
Purity Through Fire Records
Sortie: 2021/05/31

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