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HARPER, Ben – Bloodline Maintenance

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Notre nouvelle collègue Emma vous propose ici sa première contribution sur notre site. Bonne lecture !

« Il s’agit à la fois d’un hommage et d’une célébration » . C’est en ces termes minutieusement choisis que Ben Harper présente son nouvel album, sorti le 22 Juillet 2022.

Faisant suite au très instrumental « Winter is for Lovers » (2020), « Bloodline Maintenance » rompt cependant avec tous les autres albums l’ayant précédé et, bien qu’il s’agisse du 17e album de l’artiste, il est certainement le plus abouti de sa carrière.

Teinté de mélancolie et profondément poétique, il est porteur des épreuves du temps que Ben Harper a eu à traverser. Il faut dire que les deux années qui viennent de s’écouler ont été particulièrement éprouvantes pour ce dernier, qui a eu  à faire face à la disparition d’un ami proche (Juan Nelson, bassiste avec qui il a souvent collaboré) et celle de son père.

C’est d’ailleurs ce dernier qui figure sur la pochette de l’opus, photographié auprès de son fils qui n’est encore qu’un enfant. Si le chanteur a hérité du charisme paternel, nul doute qu’il rend aussi hommage au musicien qu’il était et qui lui a fait découvrir les musiques dont il n’a eu de cesse de s’imprégner.

« Need to Know Basis » inscrit donc la figure paternelle et son influence dans la postérité, en utilisant le clavinet , instrument aussi utilisé dans l’introduction de « Superstition » ( Stevie Wonder). L’artiste a récemment confié qu’il s’agit de la toute première chanson que son père lui a jouée.

Ainsi, Ben Harper réussit à faire fusionner tout au long de son disque l’essence de la musique noire, en mêlant le jazz au blues ou bien encore au classic soul, le tout avec virtuosité et une grande liberté.

C’est cependant la perte de cette même liberté qu’il déplore parfois, à l’image de Marvin Gay et de son album « What Goin » qui se préoccupait trente ans plus tôt des injustices raciales et sociales dans une Amérique marquée par la guerre du Vietnam.

« Bloodline Maintenance » porte en lui un constat désabusé des faits de société persistants, comme en témoigne « Problem Child » qui a trait aux inégalités sociales et aux mauvaises répartitions des richesses. Titre aux mélodies bluesy, il se décompose en deux temps se veut plus jazz dans sa seconde moitié.

Sensible au monde qui l’entoure, Ben Harper se saisit aussi de la question climatique et nucléaire avec deux morceaux contestataires : « Below Sea Level » et « Where did we go wrong ». Le premier ouvre l’album dans une ambiance lourde et pesante. Les allures prophétiques qu’elle présente sont renforcées par l’harmonisation des voix dénuées de toute instrumentalisation. Elle est aussi celle qui retranscrit avec justesse l’univers de l’artiste étant donné que celui-ci a très souvent incorporé un côté religieux.

Si le chanteur veut renouer avec ses origines, il n’hésite cependant pas à en découdre avec le passé du pays qui l’a vu grandir, s’attaquant ainsi à la question de l’esclavage avec brio. Pierre angulaire de l’album, « We need to talk about it » s’inscrit dans la lignée du blues et du groove. Il est le premier single dévoilé avant la sortie de l’album, il trouve son ancrage dans les chœurs gospel (Sheldon Gemberg, De’ Ante Ducket et Aletha Mills) qui, associés au son des tambours africains lui confèrent des airs d’exorcisme.

Bien qu’il ait refusé d’être considéré comme un artiste engagé, nous nous devons de rappeler qu’il est de ceux qui ont activement lutté pour le mouvement Black Lives Matter.

« Bloodline Maintenance » n’est cependant pas un disque morose, il est aussi celui qui érige les valeurs de l’amour comme rempart absolu contre un monde impitoyable.

Les fantômes de Ray Charles et de Sam Cooke planent au-dessus de « Honey Honey » pour le premier et de « More than Love » pour le second.

« Smile at the mention» porte en lui cette lueur d’espoir qu’il nous faut garder, car comme le confie Ben Harper dans « Maybe I Can’t » qui clos subtilement l’album : seule la beauté des choses se doit d’être gardée, en dépit des facettes plus sombres qui parfois la compose.

Emma Forestier

Liste des morceaux :

  1. Below sea level
  2. We need to talk about it
  3. Where did we go wrong
  4. Problem Child
  5. Need to know Basis
  6. It ain’t no use
  7. More than Love
  8. Smile at the mention
  9. Honey Honey
  10. Knew the Day was Comin’
  11. Maybe I can’t

Site web: https://www.benharper.com/
YouTube: https://www.youtube.com/channel/UCBjOg7XJfcgUjfF3BNCw3IA
Facebook: https://www.facebook.com/benharper
Instagram: https://www.facebook.com/ben

Pays: US
Label
: Chrysalis Records BRC80
Sortie: 2022/07/24

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