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HAVOK – V

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Envoyez les enfants à la campagne, enfermez les jeunes filles de moins de 75 ans dans le couvent de bénédictines le plus proche, bourrez-vous les oreilles de coton, renforcez vos murs avec du béton à prise rapide : la tempête Havok revient sur nos terres. Cette fois-ci, c’est confirmé, Havok et son thrash metal de nouvelle génération est en train de prendre racine dans le paysage métallique mondial et il pourrait bien devenir le point de repère des règles à respecter en termes de thrash metal de haut vol.

Le cinquième méfait sonore des bouchers de Denver porte simplement la mention ʺVʺ, sur sa pochette, chiffre romain qui est aussi le signe de la victoire. C’est en vainqueurs que les hommes d’Havok reviennent en effet, après avoir fourbi leurs armes sur ʺBurnʺ (2009), vaincu l’ennemi sur ʺTime is upʺ (2011), être monté sur le trône avec ʺUnnatural selectionʺ (2013) et avoir effectué quelques réformes sur ʺConformicideʺ (2017). L’heure est maintenant à l’extension de l’empire avec un nouvel album qui cherche à conquérir les masses par une nouvelle fournée de thrash metal qui, comparé à la furie des premiers temps, va paraître un chouia plus sage mais pas trop. Il faut plutôt voir désormais chez Havok une maturité dans le style et un positionnement sur une vitesse de croisière, qui reste supersonique mais plus prévisible qu’autrefois.

La valse des bassistes continue chez Havok, avec l’arrivée cette année même de Brandon Bruce, un garçon de 27 ans au CV immaculé, tout nouveau, tout beau. Il succède à une lignée de quatre-cordistes presque aussi nombreux que la dynastie Ming, les autres musiciens (Reece Scruggs à la guitare et Pete Webber à la batterie) restant fidèles depuis 2010 aux volontés incontestables du lider maximo Dave Sanchez (chant et guitare rythmique), créateur du groupe en 2004.

Le nouvel album ʺVʺ marque donc une progression logique dans le parcours d’Havok, qui construit son nouvel album à partir des leçons apprises sur le précédent (qui était un peu plus subtil, toutes proportions gardées, que les fougueux trois premiers disques) mais en revenant plus volontiers sur l’esprit et la violence des débuts. Il en résulte un album cohérent, vociférant et volontiers technique, proférant toujours des critiques contre le monde moderne ou plutôt le nouvel ordre mondial, disons-le carrément. Dave Sanchez et ses sbires évoquent les sujets graves, la manipulation des esprits (ʺPost-truth eraʺ), la stratégie de la tension (ʺFear campaignʺ qui déclare qu’il est plus facile de contrôler quelqu’un qui a peur, à méditer en cette période de pandémie qui fout les jetons à tout le monde), la férule technologique (ʺBetrayed by technologyʺ), la perte d’identité (ʺRitual of the mindʺ, ʺInterface with the infiniteʺ, la conspiration des élites (ʺCosmetic surgeryʺ), les marchands d’armes (ʺMerchants of deathʺ) et la conclusion face à la dégénérescence de la personne humaine dans cette société inhumaine : ʺDon’t do itʺ. Les propos sont sombres, l’ambiance pessimiste et les tempos ralentis. Il n’y a guère que le véloce ʺPhantom forceʺ qui renoue avec la violence primale des débuts du groupe et qui parle plus de paranormal que de conspiration mondiale.

Plus vraiment surprenant sur le plan musical (on est toujours dans de l’excellent thrash metal, rassurez-vous), Havok approfondit les thèmes de ses textes et s’élève contre un monde qu’il juge cynique et manipulateur. Avons-nous ici les nouveaux Bob Dylan ou Joan Baez de la contestation ? Faut-il que ce soit des thrash métalleux qui reprennent le flambeau de la protestation parce que ceux à qui ce genre de mission devrait normalement revenir ont renoncé ou ont été stipendiés par le système ? Voilà d’intéressantes questions qui montrent surtout que le métal extrême a aussi des idées à défendre et n’est pas forcément condamné aux diableries de salon ou à l’éternel et de plus en plus fatigué triptyque sex, drugs & rock ‘n’ roll.

Le groupe :

Dave Sanchez (chant et guitare)
Reece Scruggs ( guitare)
Pete Webber (batterie)
Brandon Bruce (basse)

L’album :

ʺPost-Truth Eraʺ (03:53)
ʺFear Campaignʺ (03:57)
ʺBetrayed by Technologyʺ (03:44)
ʺRitual of the Mindʺ (04:10)
ʺInterface with the Infiniteʺ (04:02)
ʺDab Tsogʺ (01:15)
ʺPhantom Forceʺ (02:59)
ʺCosmetic Surgeryʺ (04:24)
ʺPanpsychismʺ (06:29)
ʺMerchants of Deathʺ (02:45)
ʺDon’t Do Itʺ (08:07)

https://nl-nl.facebook.com/HavokOfficial/

Pays: US
Century Media
Sortie: 2020/05/01

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