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HOLEHOUSE, Tim – Come

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Voilà quelques années que je n’avais plus vu passer un album de Tim Holehouse. 2011 pour être exact, avec l’album ʺGritʺ. Je me disais que ce chanteur/compositeur anglais devait être assez parcimonieux dans la réalisation de ses œuvres mais il fallait vérifier ce fait. Et après vérification, c’est tout le contraire qui s’est révélé. Entre 2011 et 2019, j’avais en fait loupé une quinzaine d’albums sortis selon un rythme stakhanoviste. Car Tim Holehouse fait en réalité partie de la catégorie des fabricants en gros, des effrénés du disque, des dispensateurs de masse d’une œuvre intarissable. Le type à classer parmi les Ty Segal, Aidan Baker ou Robert Pollard, ceux qui ne s’arrêtent jamais.

Donc, depuis 2011, Tim Holehouse sortait en fait deux à trois albums par an, complétement en douce, oscillant entre des choix de titres assez consternants, entre l’ultra-court (ʺFighterʺ, 2013 ; ʺDownʺ, 2014 ; ʺBarʺ, 2014 ; ʺAntidoteʺ, 2014, ʺJustʺ, 2016 ; ʺPastʺ, 2016, ʺHailʺ, 2017 ; ʺKillʺ, 2017) et l’invraisemblablement long (ʺEarth crumbled into the ocean, as flames licked the sky, we hung our heads knowing that the end was nigh!ʺ, un EP de 2013).

On pense bien que pénétrer dans une œuvre aussi dense ne se fait pas en un quart d’heure. Quelques albums (pas tous) laissés sur le site Bandcamp permettent de survoler la carrière de Tim Holehouse (si on peut employer ce mot très pompeux pour un barde qui passe sa vie en tournée, visitant les bars les plus reculés des banlieues anglaises). Ce qu’on n’y trouve n’est pas, vous l’aurez deviné, du gros boogie rock pour grutiers abonnés au Sun, ou du black metal pour mangeurs de crucifix. On y trouve du folk décharné, de l’expérimental sépulcral (les neuf morceaux de l’album ʺHailʺ dont les titres commencent chacun par une des neuf dernières lettres de l’alphabet), des nappes atonales de musique ambiante ou des albums live enregistrés devant douze personnes.

L’expérience folk est particulièrement soulignée sur ce dernier album ʺComeʺ, collection de neuf chansons jouées avec simplicité, par le biais d’une guitare et d’un vague tambour pour le rythme, enjolivées cependant par quelques notes de violoncelle. C’est le violoncelle qui suggère l’aspect romantique et tristounet à cet ensemble dominé vocalement par la voix grave de Tim Holehouse, accompagné par moment par une chanteuse. Nous entrons donc dans le bain d’un folk minimaliste et langoureux, aux rythmiques principalement ralenties (à l’exception de quelques timides envolées sur ʺAveiroʺ et ʺPlacid Lakeʺ). Holehouse évoque des voyages, des étapes dans son interminable parcours à travers le monde, dans ses tournées qui semblent sans fin. ʺAveiroʺ nous emmène au Portugal, ʺOne day at a timeʺ évoque Paris et Rome, ʺLondonʺ conclue le voyage en fin d’album par une mention au pays natal.

Au fil des écoutes, cet album dépouillé finit par habiter notre esprit. Les chansons les plus épurées se révèlent les plus profondes (ʺSleepʺ, ʺPrince of the palaceʺ, ʺ24 hours (Come)ʺ). Comme quoi, une guitare et un violoncelle demeurent la paire la plus efficace pour faire jaillir l’émotion. Si Tim Holehouse écrit autant de chansons, c’est simplement parce qu’il est capable de pondre un texte et une musique à partir du moindre petit événement de sa vie ou de la moindre pensée de son activité intellectuelle. Que ce soit des préoccupations sur la nécessité d’arrêter de fumer (ʺ24 hours (Come)ʺ) ou l’observation du ciel (ʺ(I’m not) Icarusʺ), tout est bon pour noircir des notes sur une partition. Le paradoxe est, alors que Tim Holehouse est capable de torcher un EP en cinq heures dans un studio de fortune, il a eu besoin de cinq ans pour finaliser cet album qui a longtemps traîné dans ses dossiers avant de trouver une forme définitive, ce qui en fait sans doute son album le plus personnel.

A la croisée des chemins entre The National, Leonard Cohen, Smog, Lambchop, Bonnie Prince Billy ou Tony Bennett, ce nouvel album de Tim Holehouse mérite incontestablement qu’on lui prête une oreille attentive. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous venons de découvrir qu’un album encore plus récent est sorti à la suite de ce ʺComeʺ. Décidément, Tim Holehouse ne peut être arrêté.

L’album :

ʺNumbers Gameʺ
ʺAveiroʺ
ʺOne Day at a Timeʺ
ʺSleepʺ
ʺPrince of the Palaceʺ
ʺ24 Hours (Come)ʺ
ʺ(I’m Not) Icarusʺ
ʺPlacid Lakeʺ
ʺLondonʺ

https://www.facebook.com/TimHolehouseMusic/
https://timholehouse.bandcamp.com/music

Pays: GB
Aaahh!!! Real Records
Sortie: 2019/11/15

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