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I SPEAK MACHINE – War

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Tara Busch, originaire de Simsbury dans le Connecticut, est tombée très tôt dans la marmite du rock. Elle a 13 ans quand elle décide de se consacrer corps et âme à sa musique préférée. À l’époque, nous sommes en 1987 et l’adolescence de Tara Busch démarre bien avec le renouveau du rock authentique (Pixies, Dinosaur Jr, Guns n’Roses…), bientôt suivi par le grunge, qui laisseraient derrière eux la période glaciaire de la new wave. Au début des années 90, elle mène le groupe Dahli Llama, qui oscille entre grunge et paisley underground, apprenant à dépenser son énergie sur scène. Ce combo se sépare en 1995 et Tara Busch va passer les six années suivantes à se chercher, traînant dans le business peu rémunérateur du karaoké et luttant déjà contre une addiction naissante à l’alcool.

Puis tout change en 2001, quand elle rencontre celui qui va devenir son mari. Maf Lewis est le co-fondateur du label gallois Plastic Raygun et il emmène sa dulcinée à Cardiff, où le couple forme le groupe Dynamo Dresden, combo électronique qui ne réalise qu’un seul album ʺRememberʺ en 2004. C’est alors que la techno commence à entrer dans la Weltanschauung musicale de Tara Busch, qui y était plutôt allergique jusqu’à présent. En 2009, le couple revient aux États-Unis et Tara Busch sort son premier album solo ʺPilfershire Laneʺ.

C’est en 2013 que naissent les graines qui vont donner naissance à I Speak Machine, lorsque Tara Busch écrit sa première bande-son pour ʺThe silenceʺ, un court-métrage horrifique réalisé par son mari. Un second film ʺZombies 1985ʺ voit le jour en 2015, et la musique est jouée par le couple au cours d’une tournée en première partie de Gary Numan. Cela donne envie à Tara Busch de persévérer dans un nouveau projet appelé I Speak Machine, dont le premier album ʺWarʺ est mis en chantier en 2017. Plusieurs faits viennent ralentir l’écriture. D’abord, Tara Busch s’attaque à un style musical, le rock industriel, auquel elle ne connaît pas grand-chose. Elle doit donc tourner longtemps autour du sujet avant d’en saisir la substance. Ensuite, la présidence Trump apporte beaucoup d’eau au moulin de l’inspiration de Tara Busch , qui s’applique à écrire des textes politiques contestataires.

Avant la sortie de ce disque, Tara Busch s’offre le plaisir de confectionner un album de reprises sous le patronyme I Speak Machine, intitulé ʺWhite rabbitsʺ, où on peut écouter des versions électro indus de classiques comme ʺLight my fireʺ, ʺWar pigsʺ, ʺTicket to rideʺ ou ʺSpace oddityʺ, entre autres. Un petit régal pour les amateurs de reprises, disponible sur le site Bandcamp d’I Speak Machine.

Et nous en arrivons à cet album ʺWarʺ, qui déroule une douzaine de morceaux fort intéressants, à la respiration puissante et aux beats massifs. Le premier morceau ʺWarʺ donne le ton, avec des sonorités empruntant à la fois à la dark wave et à l’électro indus de type Nine Inch Nails, et un refrain entêtant. D’autres titres monstrueux viendront nous ravager les tympans, comme ʺThe metal of my hellʺ ou ʺRats riseʺ. Tara Busch est aussi audacieuse sur les atmosphères cosmiques et lourdes (ʺLeft for deadʺ, ʺBeat down by heavenʺ, ʺUntil I kill the beastʺ), tout en soignant une douceur cybernétique poétique et mécanique (ʺSanta Monicaʺ, ʺPush the greaseʺ). Tara Busch infiltre son âme profonde dans ces compositions envoutantes et hypnotiques, au point de faire corps avec les machines, son chant semblant sortir des synthés eux-mêmes. Un titre comme ʺRuined meʺ, qui réveille le lointain souvenir d’un Marilyn Manson du temps où il était inspiré, est particulièrement frappant de ce point de vue.

C’est donc sans appréhension et en toute confiance que les amateurs de rock industriel et de musique électronique peuvent se laisser entraîner par cette artiste qui a plus d’une touche sur son clavier.

Le groupe :

Tara Busch (chant, synthétiseurs, machines)

L’album :

ʺWarʺ (02:17)
ʺLeft for Deadʺ (04:32)
ʺBeat Down by Heavenʺ (04:18)
ʺSanta Monicaʺ (04:00)
ʺBloodletting (The Vampire Song)ʺ (04:33)
ʺDirty Soulʺ (02:53)
ʺRuined Meʺ (04:33)
ʺI See Youʺ (04:14)
ʺThe Metal of My Hellʺ (03:40)
ʺPush the Greaseʺ (05:07)
ʺRats Riseʺ (03:28)
ʺUntil I Kill the Beastʺ (05:07)

https://ispeakmachine.bandcamp.com/album/war
https://www.facebook.com/ispeakmachine

Pays: US
ISM Records
Sortie: 2022/04/22

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