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IMPERIAL TRIUMPHANT – An evening with Imperial Triumphant

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En pleines restrictions dues au COVID, avec les interdictions de sortie, les confinements, les fermetures diverses et autres joyeusetés claustrophobes, des petits malins comme Imperial Triumphant ont réussi à se glisser dans une salle de concert pour y réaliser un album live. L’affaire se passe au Slipper Room, un club du sud de Manhattan, à même pas 500 mètres du quartier où se tenait le défunt CBGB. Mais qui dit CBGB dit punk rock, alors qu’avec Imperial Triumphant, on est dans des eaux radicalement différentes, je dirais même dans des marécages dangereux où l’esprit peut se perdre.

Souvenons-nous, nous avions découvert Imperial Triumphant à l’occasion de son quatrième album ʺAlphavilleʺ en 2020. À cette époque, le label Century Media avait misé gros en signant ce combo inclassable, délirant, en dehors du monde, qui pratique un mélange assez osé entre black metal et jazz, en y ajoutant des éléments death metal et progressifs, rien que ça.

Imperial Triumphant fait ainsi partie de ces groupes auxquels on adhère complètement si on comprend leur démarche musicale (ou du moins si on la ressent) ou que l’on fuit sans espoir de réconciliation, tant leur démarche avant-gardiste poussée peut semer l’incompréhension et le désarroi. Donc, ceux qui ont eu l’occasion de découvrir ce groupe sans trop de heurts vont pouvoir entrer dans la salle du Slipper Room et profiter d’un exercice expérimental extrême, où cacophonie et moments de grâce jazz vont se confronter. Ici, les gens d’Imperial Triumphant élaborent une prestation à partir d’une set-list convoquant cinq morceaux de leur dernier album ʺAlphavilleʺ (ʺRotted futuresʺ, ʺAtomic ageʺ, ʺAlphavilleʺ, ʺTransmission to Mercuryʺ, ʺGreater goodʺ) et trois de l’avant-dernier opus ʺVile luxuryʺ de 2018 (ʺChernobyl bluesʺ, ʺCosmopolisʺ, ʺSwarming opulenceʺ).

C’est sans surprise que nous nous retrouvons au cœur d’un bric-à-brac sonore fait de black metal sombre, haché par des guitares teigneuses, auquel on ajoute des accès de bruitisme (ʺAtomic ageʺ), du jazz à la Miles Davis (ʺCosmopolisʺ), des crissements anarchiques ouvrant la voie à des voyages dans l’éther (ʺAlphavilleʺ) ou des délires de trompettes se déchirant contre de l’électronique (ʺTransmission to Mercuryʺ). Les morceaux sont longs et permettent toutes sortes de digressions qui rendent les choses toujours plus folles, entre errances dissonantes et assauts carnassiers.

Les passages étouffants où le black metal le plus imprévisible vient semer chaos et confusion alternent avec des échappées dans des rythmes plus lents, travaillés au piano ou par le biais de machines électroniques, qui ont la vertu de faire respirer un peu l’album et aussi de dessiner des transitions, comme le passage d’un chapitre à l’autre dans ce livre fou qu’est ce concert d’Imperial Triumphant.

Magnifiquement maniaco-dépressif, ce live (où on ‘entend d’ailleurs aucun bruit de public) propose un voyage halluciné dans des atmosphères sonores très peu visitées jusqu’à présent. Il existe de nombreux artistes transgressifs qui tentent des traversées sur des eaux houleuses et incertaines, mais Imperial Triumphant est un des grands modèles de folie novatrice, de plus basée sur une maîtrise irréprochable des instruments. Il faut quand même le faire.

Le groupe :

Zacharie Ilya Ezrin (chant et guitare)
Steve Blanco (basse)
Kenny Grohowski (batterie)

L’album :

ʺRotted Futuresʺ (5:47)
ʺAtomic Ageʺ (8:28)
ʺChernobyl Bluesʺ (7:33)
ʺCosmopolisʺ (8:03)
ʺAlphavilleʺ (7:59)
ʺTransmission to Mercuryʺ (6:15)
ʺSwarming Opulenceʺ (6:10)
ʺGreater Goodʺ (6:52)

https://www.facebook.com/imperialtriumphant

Pays: US
Century Media
Sortie: 2021/11/26

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