KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD – Butterfly 3000
Au musée de Melbourne, on peut admirer de belles collections de papillons. C’est peut-être une visite dans ce musée qui a donné l’idée à Stu McKenzie, leader des besogneux King Gizzard & The Lizard Wizard, de faire un nouvel album dont le titre évoquerait les papillons. L’idée semble avoir fait son chemin jusque dans la pochette intérieure du CD, où on voit chacun des musiciens de King Gizzard en compagnie d’un charmant lépidoptère qui se prête à leurs regards étonnés.
Le papillon est sans doute une image bien trouvée pour illustrer la teneur de ce disque, dix-huitième dans la discographie du Roi Gésier et deuxième album de l’année 2021. En effet, cet album qui grossit encore rapidement la liste déjà longue du groupe est léger et volatile comme un papillon. L’heure est à la pop synthétique et au psychédélisme aérien sur ʺButterfly 3000ʺ, qui de ce fait tranche fortement avec les deux derniers albums ʺK.G.ʺ et ʺL.W.ʺ. Ceux qui se de demandent comment des musiciens peuvent ainsi changer radicalement de style à quelques semaines d’intervalle doivent savoir qu’en fait, les morceaux constituant ʺButterfly 3000ʺ ont été composés à différents moments en 2019 et 2020. Stu McKenzie attendait sans doute le moment opportun pour assembler dans un disque cohérent des morceaux dont la teneur bien spécifique ne permettait pas de les glisser n’importe où dans n’importe quel disque.
En parlant de composition, c’est encore Stu McKenzie qui domine les crédits d’écriture, avec cinq morceaux à son actif, plus deux composés en coopération avec Ambrose Kenny-Smith, deux avec Joey Walker et un avec Cook Craig. Dans l’histoire de King Gizzard & The Lizard Wizard, les morceaux qui n’ont pas été écrits par Stu McKenzie doivent se compter sur les doigts d’une main de lépreux. Mais ceci n’empêche pas le bonhomme d’éviter avec brio les pièges de la redite. Avec le nouvel album, King Gizzard & The Lizard Wizard effectue de nouvelles expérimentations. Après le rock psychédélique speedé de ʺI’m in your mind fuzzʺ (2014), le folk gentillet de ʺPaper mâché dream balloonʺ (2015), le thrash metal de ʺInfest the rats’ nestʺ (2019) ou le psychédélisme oriental de ʺK.G.ʺ et ʺL.W.ʺ, voici une incursion dans le monde des synthétiseurs et de la pop insouciante, genre Eli & Jacno ou Buggles.
Attention, cela ne veut pas dire que King Gizzard & The Lizard Wizard abdique sa personnalité au profit d’influences extérieures. Le combo garde toujours sa touche propre, avec ce don pour les rythmiques tendues, les voix angéliques, qui sont cette fois-ci au service d’une instrumentation essentiellement synthétique. Les morceaux s’enchaînent les uns aux autres comme une farandole de papillons dans le doux ciel d’été. On se laisse bercer par les mélodies pimpantes et liquoreuses de ʺYoursʺ, les équations sonores de ʺShangaiʺ, le pointillisme de ʺDreamsʺ, les ambiances à la Syd Barrett de ʺBlue morphoʺ, les atmosphères variées d’ʺInterior peopleʺ, la danse insouciante de ʺCatching smokeʺ, les bouillonnements stroboscopiques de ʺBlack hot soupʺ, les splendeurs rythmiques de ʺYa loveʺ ou le final vaporeux de ʺButterfly 3000ʺ.
Le disque est de plus agrémenté d’une très belle pochette kaléidoscopique signée Jason Galea, un habitué des illustrations de King Gizzard & The Lizard Wizard. Tant le contenu que le contenant sont admirables sur cet album, qui montre encore un autre aspect plus pop du groupe, décidément à l’aise et génial dans tous les registres.
Le groupe :
Stu Mackenzie (chant, guitare et flûte)
Joey Walker (guitare et chant)
Ambrose Kenny Smith (harmonica, chant et synthétiseurs)
Lucas Skinner (basse)
Cook Craig (guitare)
Michael Cavanagh (batterie)
L’album :
ʺYoursʺ (04:35)
ʺShanghaiʺ (04:00)
ʺDreamsʺ (04:04)
ʺBlue Morphoʺ (03:50)
ʺInterior Peopleʺ (05:15)
ʺCatching Smokeʺ (06:28)
ʺ2.02 Killer Yearʺ (03:19)
ʺBlack Hot Soupʺ (05:12)
ʺYa Loveʺ (04:15)
ʺButterfly 3000ʺ (02:51)
https://kinggizzard.bandcamp.com/album/butterfly-3000
https://www.facebook.com/kinggizzardandthelizardwizard
Pays: AU
KGLW Records
Sortie: 2021/06/11