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LEHNEN – Negative space

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Voilà un joli CD gris et jaune qui trône sur ma table de travail. Il vient du groupe Lehnen et s’appelle ʺNegative spaceʺ. A la première écoute, on se dit qu’on a ici un nouveau groupe très prometteur. Je pénètre dans les arcanes du Net à la recherche d’informations sur ce groupe et je m’aperçois avec stupéfaction que Lehnen existe depuis plus de quinze ans, fondé en avril 2006 à Vienne, Autriche. La question qui se pose immédiatement est : mais comment ce groupe a-t-il fait pour passer inaperçu malgré 15 ans d’activité et l’existence de cinq albums et trois EPs à son actif ?

Il aurait pu passer inaperçu s’il avait fait des mauvais albums auparavant, mais une seconde vérification de l’état de la discographie du groupe sur Bandcamp révèle là aussi de cruelles injustices. Les albums ʺAwakeʺ (2010), ʺI see your shadowʺ (2013) et ʺReaching over ice and wavesʺ (2015) sont sommés de s’aligner contre un mur et de montrer ce qu’ils ont dans le ventre. Résultat, on est plus que convaincu par ces disques qui tournoient autour d’un post-rock puissant, mâtiné de shoegaze et de dark wave attristés et plaintifs. Oui, Lehnen aurait dû déjà devoir, et depuis longtemps, bénéficier d’une grosse réputation du côté occidental des Alpes.

Mais voilà, l’Autriche, c’est loin, c’est enfermé dans des montagnes vertigineusement hautes, on ne sait pas ce qui s’y passe et les convois de disques qui partent de Vienne vers les villes de l’ouest européen sont peut-être interceptés par des tribus encore sauvages qui trainent en Styrie ou dans le Tyrol. Cependant, l’occasion arrive enfin de chausser au pied de Lehnen le soulier de verre qu’il mérite. ʺNegative spaceʺ poursuit là où les autres albums avaient déjà posé des jalons. Cinq années ont passé depuis le précédent album et cette période de latence un peu plus longue que les autres s’explique par deux facteurs. Le premier est bien sûr la crise sanitaire mondiale, valable pour tout le monde. Le second est le départ du guitariste Martin Konvicka, membre fondateur qui abandonne le navire en 2020. Ceci laisse Joel Boyd (chant et guitare), Mattew Prokop (batterie et synthés) et Stefan Sieder (basse) devant un dilemme : faut-il engager le premier m’as-tu-vu venu comme nouveau guitariste ou repenser en profondeur les interactions entre les membres restants, comme un amputé qui apprendrait à se servir d’une seule main au lieu de s’en faire poser une nouvelle ?

Lehnen choisit la seconde solution et se relance dans l’effort avec cet album un peu plus songeur que les précédents. Ces gens qu’on classait habituellement dans le shoegaze arrêtent de regarder leurs pompes et relèvent la tête vers les étoiles, commettant de belles escapades dans un éther synthétique et rêveur (ʺYou throw lightʺ, ʺElephantʺ). Le groupe s’aventure dans des labyrinthes sonores parfois déconcertants (ʺThirty-oneʺ) et revient peu à peu de ce milieu d’album assez flottant à coups de pagaies électriques pour remonter un fleuve qui mène à une fin de disque plus directe (ʺPlayactʺ, ʺNegative spaceʺ, ʺObscuraʺ). Bien sûr, Lehnen ne joue pas dans la même catégorie de poids que Ride ou My Bloody Valentine, mais il rappelle quand même un peu ces grands groupes. On peut donc se laisser séduire sans regrets.

Le groupe :

Joel Boyd (chant et guitare)
Mattew Prokop (batterie et synthés)
Stefan Sieder (basse)

L’album :

“Hangman” (3:53)
“Mute” (3:59)
“Lacuna” (4:30)
“You Throw” Light (4:10)
“Elephant” (4:26)
“Thirty” One (3:13)
“Playact” (4:38)
“Negative Space” (4:20)
“Curtain” (4:34)
“Obscura” (5:12)

https://lehnen.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/lehnenmusic/

Pays: AT
Noise Appeal Records
Sortie: 2021/09/17

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