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LOCRIAN – New catastrophism

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Et si, dans notre monde chahuté par toutes sortes d’angoisses, la solution était l’exil intérieur, le refuge dans l’esprit, l’échappée dans l’inconscient ? Pour ce genre d’exercice, rien ne vaut des ambiances spatiales et atonales, des ondes sonores qui nous coupent du monde extérieur et qui nous emportent dans des dimensions flottantes où règne le non-être. Avec le dernier album de Locrian, on est peut-être en passe de toucher du doigt cet infini mental.

Locrian se forme à Chicago en 2005. André Folsy (guitare, basse, percussions) a d’abord démarré ses activités dans un groupe de punk hardcore appelé Break Of Dawn, avant d’évoluer vers le noise (Eolomea), le drone ambient (Kwaidan). Il joue aussi dans Unlucky Atlas, dans lequel on retrouve aussi Terry Hannum, le deuxième larron de Locrian qui tient les synthétiseurs, les claviers et la guitare. Parallèlement à Locrian, Terry Hannum pratique la pop onirique dans The Holy Circle ou l’électronique dans Mother Of Sighs. Tous ces groupes cités font partie de la riche scène rock expérimental de la région de Chicago.

Un autre natif de Chicago va rejoindre le groupe en 2010. Steven Hess est également une sommité dans la discipline post-rock, ambient et expérimentale, avec de nombreux groupes à son actif (Anjou, Cleared, Greg Davis & Steven Hess, Fessenden, Haptic, Innode, On, Pan-American, RLYR, Ural Umbo). Hess s’occupe particulièrement des percussions dans Locrian.

Ce groupe a une discographie assez compliquée à suivre. Le nombre d’albums partagés avec d’autres groupes ou de EPs est pléthorique mais l’histoire officielle retient sept albums : ʺDrenched landʺ (2009), ʺTerritoriesʺ (2010), ʺThe crystal worldʺ (2010), ʺThe clearingʺ (2011), ʺReturn to annihilationʺ (2013), ʺInfinite dissolutionʺ (2015) et ce nouveau ʺNew catastrophismʺ, paru cette année.

Sept années se sont donc déroulées entre le dernier album de Locrian et sa nouvelle livraison. Cela a laissé le temps au groupe de mûrir ses inspirations et de continuer sa route vers toujours plus de flottement dans l’air. Le black metal atmosphérique des débuts laisse maintenant la place à un drone ambient sidéral et cosmique, basé sur des nappes de claviers, de guitares et traversé d’effets électroniques. Les 36 minutes de ce nouvel album divisé en quatre morceaux nous révèlent un groupe à la musique éparpillée, mais néanmoins très immersive et atmosphérique. Des éléments empruntés au post-rock, électronique, dark ambient ou post-metal nous plongent dans la densité et la profondeur d’une musique qui provoque autant de relaxation que d’inquiétude, par le choix des thèmes se rapportant à la déchéance de notre planète et tous les dangers climatiques auxquels elle doit faire face.

Ces émotions sont suggérées par la seule musique, le chant étant totalement absent des propos. Chacun des quatre morceaux génère sa propre ambiance, entre menace et sensibilité pour ʺMortichniaʺ, hypnose inquiétante sur ʺThe glare is everywhere and nowhere our shadowʺ, puissance post-rock atmosphérique chez ʺIncomplete map of voidsʺ ou acoustique robotique sur ʺCenotaph to the final glacierʺ.

Si les ambiances de cet album nous portent de prime abord vers le cosmos, elles nous bercent d’illusions puisque le sujet principal du disque est en fait la catastrophe terrestre. On ne peut donc pas échapper à son destin et cette conclusion amère se manifeste pleinement sur cet impressionnant album qui est un must pour les amateurs éclairés de drone et d’ambient.

Le groupe :

André Folsy (guitare, basse, percussions)
Terry Hannum (synthétiseurs, claviers, guitare)
Steven Hess (percussions)

L’album :

ʺMortichniaʺ (10:28)
ʺThe Glare is everywhere and Nowhere Our Shadowʺ (7:22)
ʺIncomplete Map of Voidsʺ (10:23)
ʺCenotaph to the Final Glacierʺ (6:48)

https://locrian.bandcamp.com/album/new-catastrophism
https://www.facebook.com/LocrianOfficial/

Pays: US
Profound Love Records
Sortie: 2022/08/12

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