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MATHLOVSKY – Grotesque

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Lorsque j’ai procédé à une première écoute de cet album ʺGrotesqueʺ de Mathlovsky, j’ai failli fuir par la fenêtre. Argh! De l’électro, avec en plus un peu de rap et aussi de la techno hardcore, c’en était plus que mes tympans n’en pouvaient supporter. Et puis, peut-être par goût du défi ou en raison d’une curiosité malsaine pour le bizarre, je me suis dit qu’il fallait peut-être essayer d’en savoir plus sur ce groupe, ou cet artiste puisqu’on ne sait pas très bien si c’est un seul bonhomme ou une bande de complices. Et l’enfouissement de mes menottes dans la tourbe Mathlovsky a permis de comprendre que derrière ce nom se cachait un univers musical infiniment complexe et varié, voire totalement torturé.

Pour commencer par le plus simple, on va dire que Mathlovsky vient de Gand et que son vrai nom est Mathieu Tas. Oui, il s’agit bien d’une seule personne qui se cache derrière un nom qui peut aussi être Dr Mathlovsky ou encore Cellar Snakes, ça dépend de l’humeur. Ensuite, on monte d’un cran et on découvre une discographie impressionnante par sa masse. Mordez un peu le palmarès : neuf albums en cinq ans, 25 EPs en neuf ans, plus une poignée de live pour agrémenter le tout. Et niveau matière, il y a de quoi se perdre. Mathlovsky est capable de dériver à 180 degrés d’un style à l’autre. Son premier effort, un EP du nom de ʺZaufenistʺ en 2010, est tout simplement une charge grindcore d’une inouïe brutalité. Puis on bascule sans avertissement dans une techno de dingue sur l’EP ʺLady venomʺ en 2011. Sous l’appellation de Cellar Snakes, Mathieu Tas se laisse aller à des ambiances plus planantes mais tout aussi inquiétantes, son électro prenant ici des allures plus gothiques (ʺDoing lines in a shady bathroomʺ, 2014 ; ʺChien noirʺ, 2015). Plus récemment, des œuvres de Mathlovsky ont pris des tangentes de plus en plus expérimentales (le single ʺFive dimensional Kaluza-Klein freakbeatsʺ, 2015, l’autre single ʺau revoir, Shoshannaʺ, 2016, l’album ʺClairvoyant skinʺ, 2017).

On en arrive à ce nouvel album ʺGrotesqueʺ qui va franchir de nouvelles frontières dans la fusion des genres et aussi un certain retour vers l’univers de la rave music des années 90. Le premier morceau ʺRottweiler Incʺ nous plonge directement dans cette ambiance (à mille lieues de mes préoccupations musicales) alors que des passages comme ʺCop societyʺ, ʺCreative violenceʺ ou ʺVulture iconʺ ont recours à des guests comme Amazumi, Owen Perry-Weston ou Kunde et donnent allégrement dans une techno hip hop mâtinée de dubstep. Mathlovsky fait également appel à d’autres invités comme Barrz ou Gregory Simmons pour des résultats radicalement opposés, genre lounge éthéré pour bar d’hôtels de luxe (le final ʺEchoesʺ).

Tout ceci se révèle assez déconcertant mais c’est plutôt une question de point de vue. Le mélomane traditionnel n’y retrouvera pas ses petits tandis que l’auditeur chevronné de techno/ambient/indus/dubstep se trouvera en terrain de connaissance. Disons que cette chronique avait davantage pour objet de faire prendre un peu plus conscience du fourmillement de styles musicaux n’ayant pas grand-chose à voir avec le rock traditionnel, où l’on peut également trouver de l’imagination en pagaille. Mathlovsky est, dans cet univers particulier, un des artistes plus productifs et imaginatifs de sa catégorie.

Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2019/03/22

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