MERDA MUNDI – Hatred
Alors là, les amis, il va falloir s’accrocher aux barreaux avec une triple ceinture de sécurité parce que ce qui va nous tomber dessus est tout simplement le truc le plus vi-o-lent que j’ai pu entendre dans ma vie de mélomane. Je pèse mes mots et même mes syllabes car j’ai quand même quelques années de métal extrême dans les tympans et je dois admettre que c’est quand même assez novateur dans le genre. Le groupe responsable de cet assaut ultra-brutal est en fait un projet mené par un certain Déhà, métallurgiste de l’infini ayant à son actif une carrière aussi dense qu’obscure, avec des participations à des tas de groupes dans le présent ou le passé. Jugez plutôt le CV du bonhomme : Acathexis, COAG, Cult of Erinyes, Déhà, God Eat God, God Enslavement, Imber Luminis, Lebenssucht, Maladie, Slow, The Penitent, Vaer, We All Die (Laughing) , Yhdarl, Ignifer, ex-Black Sin, ex-Deviant Messiah, ex-Sources of I, ex-Ter Ziele, Aardling, Aurora Borealis, Lidden, ex-Clouds, ex-DunkelNacht, ex-Ithilien, ex-K.F.R, ex-Deos, ex-Wunde, ex-Alenda, ex-AutoDestructionNeeded, ex-Eat Their Crusts, ex-GigaPenzor, ex-Jah El Camino, ex-Khel, ex-NØD.
Le Déhà en question s’appelle dans le civil Monsieur Olmo Lipani. Il réside à Mons et s’est exilé un temps en Bulgarie, d’où il est revenu en 2017. Dans son repaire montois, il a construit un studio d’où sortent les sonorités les plus extrêmes qu’on puisse imaginer. Son projet Merda Mundi, qui nous intéresse ici, a été initié en 2006 et a réalisé une série de démos et d’EPs, plus deux albums longs format numérotés en chiffres romains comme les premières démos et EPs. On doit donc à Merda Mundi ʺDemo Iʺ (2007), ʺII – Warʺ (2008), ʺIIIʺ (2008), ʺIVʺ (2009), ʺV – Agnus sataniʺ (2012) et ʺVI – Khaosʺ (2014).
Déhà a quelques caractéristiques intéressantes. Il agit entièrement seul dans Merda Mundi, assurant l’écriture, le chant, les instruments. Et ensuite, il est animé d’une haine viscérale et inextinguible pour l’humanité. Je ne sais pas ce qu’on lui a fait quand il était petit mais il semble se venger de la méchanceté de ses contemporains en traduisant en musique une méchanceté encore plus puissante, des milliers de fois plus puissante. Sur ce nouvel album de Merda Mundi (la merde du monde, tout un programme…), Déhà nous colle entre les oreilles quatre morceaux longs qui inventent un style nouveau, le black metal bestial. Ici, tout est poussé à l’extrême. Les hurlements sont plus perçants que jamais, la batterie cogne au rythme des battements de cœur d’un lièvre après une course de 15 kilomètres et les guitares font dégouliner un mur de son crasseux et furieux. La logique haineuse occupe toutes les pensées de Déhà, qui a donné à ses chansons les titres de ʺCondemn themʺ, ʺCastigate themʺ, ʺAnnihilate themʺ et ʺFucking hate themʺ. Joli programme… On imagine sans mal l’amour que porte Déhà à ses congénères.
L’ambiance a beau être totalement étouffante et agressive, on sent quand même que la production n’est pas pour autant chaotique. Déhà gère les manettes avec discernement mais parvient aussi à donner une idée assez précise de ce que pourrait être l’apocalypse du monde moderne. Le feu nucléaire reconstitué en studio, vous en rêviez, Déhà l’a fait.
L’album ʺHatredʺ sort sous forme de CD uniquement à une centaine d’exemplaires. Les amateurs d’objets physiques, à condition qu’ils aiment aussi le black metal ultra-extrême, vont devoir se dépêcher pour mettre la main dessus. C’est la maison française Malpermesita qui a signé ce diablotin belge et on peut dire que c’est une belle opération, qui fera connaître hors de ses frontières un artiste totalement inclassable et parti très loin dans l’expérimentation du chaos.
Le groupe :
Déhà (tout)
L’album :
ʺCondemn Themʺ (08:20)
ʺCastigate Themʺ (07:04)
ʺAnnihilate Themʺ (08:23)
ʺFucking Hate Themʺ (12:31)
https://merdamundi.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/malpermesitarecords/
Pays: BE
Malpermesita Records
Sortie: 2019/10/18