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OCEANS OF SLUMBER – Oceans Of Slumber

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Avec quatre albums sous les semelles, Oceans Of Slumber a désormais suffisamment d’expérience pour faire valoir ses droits à atteindre les plus hautes marches du podium du métal progressif. Mais le groupe texan a-t-il encore à faire ses preuves? N’a-t-on pas encore compris que l’on tient ici un des groupes les plus prometteurs de sa génération? Si non, le nouvel album ʺOceans Of Slumberʺ va venir siffler la fin des interrogations car on tient ici, comme pour le précédent album ʺThe banished heartʺ, du très grand métal progressif, entre doom, death et ambiances atmosphériques et chagrinées.

D’abord, le groupe de Dobber Beverley et Cammie Gilbert a opté pour un titre d’album correspondant à son nom, c’est dire si le combo fait montre ici de motifs de fierté. Ce n’est pas tout le temps qu’un groupe baptise un album de son propre nom, il le fait en général quand il a sué sang et eau pour le composer (l’album noir de Metallica en est un exemple). Et Oceans Of Slumber a d’autant plus fait d’efforts pour venir à bout de cet album éponyme qu’il a récemment connu un profond bouleversement de son personnel, le patron batteur Dobber Beverley ayant congédié la totalité de son équipe, à l’exception de la chanteuse Cammie Gilbert. Evidemment, quand on tient une chanteuse de cette trempe, on la garde, Dobber Beverley n’étant quand même pas inconscient à ce point-là. Mais il a fallu néanmoins reconstituer un groupe, trouver des musiciens de haute volée, assimiler le style de ces nouveaux venus et composer des chansons capables de rivaliser avec les grandeurs du précédent album.

On est heureux de pouvoir annoncer qu’Oceans Of Slumber a relevé tous ces défis en trouvant une longueur d’onde commune avec les nouveaux Matt V. Aleman (claviers), Semir Özerkan (basse et chant), Jessie Santos (guitare) et Alexander Lucian (guitare et chant), et en couchant sur la partition une nouvelle série de chansons tout simplement fantastiques.

Chez Oceans Of Slumber, il a toujours été question de lutte entre métal extrême et métal mélodique, d’une cohabitation entre des éléments death metal surgissant brutalement dans un paysage mélodique pesant et langoureux, proche du doom. Le nouvel album ne faillit pas à la tradition mais parvient à rendre subtile cette coexistence des genres au sein d’un même morceau. Le travail de composition est ici exceptionnel, Oceans Of Slumber forgeant des chansons pleines de contrastes, tourmentées entre la voix divinement mélodique de Cammie Gilbert et les assauts gutturaux du guitariste Alexander Lucian. Le groupe a orienté ses efforts vers un son très dense, servant des arrangements soignés, des harmonies complexes qui n’ont pas besoin d’exploits solistes pour révéler leur force. Il faut dire que l’organe de Cammie Gilbert suffit à lui seul à imprimer puissance et caractère à cet album de longue haleine (douze morceaux pour une heure et dix minutes d’écoute).

Le choc des genres se fait sentir dès le premier morceau ʺSoundtrack to my last dayʺ mais il est encore en filigrane à ce stade-là. C’est le deuxième titre ʺPray for fireʺ qui établi le mode opératoire de l’album, avec cet enchevêtrement entre doom mélodique et death metal rageur, notamment illustré par les prouesses polyrythmiques et contradictoires de la batterie. Après cela, on atteint des sommets avec le très beau ʺA return to the Earth belowʺ, conforté dans sa grâce par le premier instrumental ʺImperfect divinityʺ.

Tout semble se dérouler au mieux mais vient alors ce que je considère comme le faux pas de l’album, avec ce ʺThe adorned fathomless creationʺ qui a du mal à équilibrer mélodie et violence. Le titre démarre trop brusquement avec un chant death masculin derrière lequel le chant de Cammie Gilbert passe sans pouvoir vraiment redresser le cap, d’autant que les alternances death-mélodie reprennent de plus belle, avec une rythmique qui semble complètement en porte-à-faux avec les passages mélodiques et plus planants.

Heureusement, ce dérapage n’est qu’éphémère et le cours des choses reprend, avec de nouvelles étapes tout en grandeur (ʺTo the seaʺ, ʺThe color of graceʺ, façon duo romantique, ʺI mourn these yellow leavesʺ, un des morceaux les plus intenses du disque) qui sont une occasion de se poser la question du producteur de l’album. Qui a fait ce travail de maître? Le grand Dan Swanö en personne, bien entendu. L’homme a mis son talent exceptionnel au service d’un album dont la théâtralité est bouleversante.

A partir du second instrumental ʺSeptember (those who come before)ʺ et ses quelques notes mélancoliques, on entre dans la dernière partie d’album, qui va encore impressionner avec ʺTotal failure apparatusʺ sorti des eaux tourmentées et boueuses du doom metal, un ʺThe red flowerʺ automnal et majestueux et une reprise de Type O Negative en guise de final (ʺMoon wolfʺ). Voilà une occasion de se remémorer ce groupe que l’on commence malheureusement à oublier après la mort de son leader Peter Steele en 2010.

Voilà, la messe est dite et je pense que la conclusion la plus évidente concernant ce disque est que ʺOceans Of Slumberʺ se situe parmi les meilleurs albums métal de cette année, malgré les petites approximations sur un de ses morceaux. La perfection est ratée de peu mais ça n’empêche pas Oceans Of Slumber de s’affirmer comme un des plus sûrs espoirs de la scène métal contemporaine.

Le groupe :

Dobber Beverley (batterie)
Cammie Gilbert (chant)
Matt V. Aleman (claviers)
Semir Özerkan (basse et chant)
Jessie Santos (guitare)
Alexander Lucian (guitare et chant)

L’album :

ʺThe Soundtrack to My Last Dayʺ (07:35)
ʺPray for Fireʺ (07:28)
ʺA Return to the Earth Belowʺ (05:39)
ʺImperfect Divinityʺ (03:42)
ʺThe Adorned Fathomless Creationʺ (06:43)
ʺTo the Sea (A Tolling of the Bells)ʺ (05:11)
ʺThe Colors of Graceʺ (04:35)
ʺI Mourn These Yellow Leavesʺ (08:16)
ʺSeptember (Those Who Come Before)ʺ (04:03)
ʺTotal Failure Apparatusʺ (06:33)
ʺThe Red Flowerʺ (04:56)
ʺWolf Moonʺ (06:51)

https://www.facebook.com/oceansofslumber/

Pays: US
Century Media
Sortie: 2020/09/04

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