BROKEN BELLS – Broken Bells
Derrière Broken Bells se cache un mini supergroupe, fruit de la collaboration entre deux artistes que rien ne prédestinait à un jour travailler ensemble. James Mercer d’un côté et Brian Burton de l’autre. James Mercer, c’est le chanteur des Shins, qui ont sorti trois albums sur le label Sub Pop depuis 2001, dont le magnifique “Wincing The Night Away“, un des meilleurs disques de l’année 2007. Le groupe est pour l’instant en stand-by, ce qui permet à son leader d’explorer d’autres horizons. Brian Burton, quant à lui, n’est autre que le nom officiel et civil de Danger Mouse, producteur à succès qui s’est révélé en 2004 avec “The Grey Album”, enregistrement non officiel qui mixait l’album blanc des Beatles avec le “Black Album” de Jay-Z. Album pirate, certes, mais qui allait suffisamment attirer l’attention sur lui pour qu’on lui demande de produire l’année suivante “Demon Days”, le deuxième opus de Gorillaz. Parmi une kyrielle d’autres, “Modern Guilt” de Beck et “Attack & Release” des Black Keys passeront également par sa table de mixage. L’an dernier, il mettra sur pied avec le regretté Mark Linkous un projet nommé “The Dark Night Of The Soul” qui devrait sortir dans le courant de l’été. Entre-temps, il atteindra également une notoriété mondiale au sein de Gnarls Barkley, dont le single “Crazy” peut désormais être considéré comme un classique des années 2000.
C’est en 2004 que James Mercer et Brian Burton se rencontrent lors d’un festival au Danemark. Ils découvrent qu’ils s’apprécient mutuellement d’un point de vue musical et restent dès lors en contact. Ils finissent par discrètement travailler sur un projet commun, mais ce n’est que bien plus tard qu’ils vont officialiser la chose, en sortant un premier single, “The High Road” et en annonçant la venue d’un premier album, simplement intitulé “Broken Bells”. Et c’est justement les bidouillages sonores de “The High Road” qui entament la plaque, directement relayés par la voix de James Mercer, magnifique et pleine d’émotions. Surtout que l’expérience de Brian Burton permet d’excellemment la mettre en avant, tout en ne dépareillant pas aux côtés des sons qu’il imagine en tant que gourou producteur, comme sur le rêveur “Your Head Is On Fire” par exemple.
Cela dit, les arrangements penchent généralement plus vers des influences traditionnelles, voire classiques que vers des délires de pistes de danse (l’orgue vintage de “Vaporize”, les majestueuses cordes de “Sailing To Nowhere” ou encore le très beau “Citizen” que l’on dirait sorti d’un conte pour enfants), même si Danger Mouse s’octroie un petit écart de temps à autre (“The Ghost Inside” est un parfait croisement entre Ladyhawke et Gorillaz alors que le poppy “Mongrel Heart” a tout d’un hit, tout comme le synthétique “The Mall & Misery”, qui clôture l’album sur une note dynamique). En gros, si l’on excepte “Trap Doors” et “October”, très bons mais trop Shins pour la plaque, ce duo improbable a réussi à combiner ses différences pour proposer un album très riche et réussi, qui nous confirme deux choses : le génie de Danger Mouse tout d’abord, qui est sans conteste l’un des meilleurs producteurs sur le marché actuellement, mais aussi la reconnaissance d’une voix injustement sous-estimée jusqu’à présent…
Pays: US
Sony Music 88697558652
Sortie: 2010/03/08