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HOWARD, Rowland S. – Pop Crimes

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Certains destins tragiques font prendre conscience de l’immense perte de personnages au talent bien souvent injustement sous-estimé. C’est le cas de Rowland S. Howard, disparu prématurément à l’âge de 50 ans le 30 décembre 2009, au terme d’un combat contre un cancer du foie qui le rongeait à petit feu. Ce charismatique et talentueux guitariste australien a été l’un des membres fondateurs de The Birthday Party, le groupe qui a révélé Nick Cave. Par après, il a collaboré avec des artistes aussi divers que Thurston Moore (Sonic Youth), Barry Adamson (Magazine, The Bad Seeds), Jeffrey Lee Pierce (The Gun Club) et Wim Wenders pour n’en citer que quelques-uns. Bien qu’il soit resté en bons termes avec Nick Cave (il a notamment contribué à l’album “Let Love In” en 1994), c’est le multi-instrumentiste Mick Harvey qui lui est resté fidèle depuis les tous débuts, participant notamment à son premier album solo, “Teenage Snuff Film” (1999). Sentant que les choses pouvaient mal tourner, il a intensifié les sessions en studios afin de boucler rapidement l’enregistrement d’un dernier album, “Pop Crimes”.

Un album qui sort en guise de testament et qui prend d’emblée aux tripes avec deux premières plages de toute beauté. “(I Know) A Girl Called Jonny” tout d’abord, en duo avec Jonnine Standish, la chanteuse de HTRK (dont le premier album, “Marry Me Tonight”, avait été produit par Howard), “Shut Me Down” ensuite. Deux titres mélancoliques et écorchés dont la voix rappelle par moments celle de Ian McCulloch lorsqu’Echo & The Bunnymen était à l’apogée de sa carrière. Tristes à souhait, les textes sont interprétés d’une manière telle que l’on a envie de le consoler. Ainsi, la façon dont il chante “I miss you so much” sur le second cité donne des frissons, d’autant plus que les circonstances ne font que décupler le sentiment ressenti.

Outre deux covers (un méconnaissable et flippant “Life’s What You Make It” de Talk Talk et un tout aussi hanté “Nothin'” de Townes Van Zandt), une autre facette du bonhomme se retrouve mise en avant dans “Pop Crimes”, une plage titulaire froide et grave, aux paroles limite dérangeantes mais sensées. Une sorte de blues aux guitares plaintives chanté à la manière de Tom Waits (“Wayward Man”) ou de son mentor Nick Cave (“The Golden Age Of Bloodshed”) achèvent le voyage, mais c’est le magnifique et envoûtant “Avé Maria” qui démontre une dernière fois le génie de Rowland S. Howard. Rarement un album posthume aura donné l’impression d’être le plus consistant et le plus intense de la carrière d’un artiste…

Pays: AU
Infectious Records INFECT114CD
Sortie: 2010/05/03

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