CITY WEEZLE – Taboo
Lorsque l’on consulte le site Internet officiel de City Weezle, deux influences sont citées tout de suite : Primus et Faith No More. Quand on écoute la musique de ces Parisiens, on en découvre beaucoup plus, par le biais d’un style qui emprunte à la fusion, au métal, au jazz, à l’expérimental et à tout ce qui peut agiter le ciboulot et qui fera regretter amèrement d’avoir acheté l’album de Lady Gaga.
Formé en 2004, City Weezle se compose de Simon Fleury (chant et guitare), Benjamin Violet (guitare), Al Uchida (batterie) et Maxime Gibon (basse). Ces quatre garçons revendiquent des influences jazz, funk, métal fusion, jusqu’au hard rock et au thrash metal, en passant par la musique celtique, n’en jetez plus. Chacun des musiciens est également merveilleusement doué et développe de magnifiques envolées de guitares, basse et batterie, tandis que le chant est capable de partir dans tous les sens et de taquiner de multiples registres tout en dévalant le long d’un sacré paquet d’octaves.
Auteur d’un premier EP « Leprechaun » en 2008, City Weezle vient défendre son premier album, un « Taboo » à la pochette proche du mauvais goût mais pleine de facéties quand on la retourne. Les morceaux ne sont pas présentés dans le bon ordre, bien que numérotés, ce qui en rajoute un peu plus dans la déstabilisation soigneusement mise en place par le quatuor qui déborde d’énergie et d’idées mais manque du petit chouia visionnaire qui aurait pu les placer parmi les génies les plus invraisemblables du genre. Quel genre, au fait ? Eh bien, le genre complètement fou, tiens !
Et c’est vrai que l’écoute de cet album est un moment bien surprenant et captivant pour qui aime le mélange des styles et l’iconoclastie savamment orchestrée. Le premier titre « Hot potato » donne immédiatement le ton : on y trouve du Red Hot Chili Peppers, une voix ressemblant parfois à celle de Jello Biafra ou couinant à la façon de Frank Black, du Mister Bungle et l’ombre toute puissante de Primus. Sur « Welcome to Hicksville », des ambiances progressives à la King Crimson viennent vous entêter les neurones. Les morceaux tiennent les six ou sept minutes sans s’essouffler et le tout est une jolie petite mosaïque de sons fous, de sorties zappaïennes, de folie douce ultra-technique. Si ces types avaient été les premiers à faire ce genre de musique, le Rock ‘n’ Roll Hall Of Fame aurait été construit au pied de leur monumentale statue. Le problème est que City Weezle arrive après la bataille et que s’il se pose en merveilleux suiveur admiratif de grands musiciens délirants, il reconstitue admirablement les contextes sans y apporter une touche qu’on aurait voulue plus personnelle, un truc qui aurait permis de faire avancer le schmilblick de façon définitive. Ceci ne veut pas dire qu’il faut s’éloigner de ce très bon premier album, mais simplement que City Weezle, c’est un peu comme dans l’immobilier : il y a du potentiel qui ne demande qu’à être exploité.
Pays: FR
Originology
Sortie: 2011