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CLOUD NOTHINGS – Attack on memory

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Nous voici déjà arrivés en mars et le moment est propice à essayer de faire un premier bilan des meilleurs albums rock de l’année 2012. Mais avant de commencer une réflexion qui peut s’avérer fastidieuse, on a peut-être une chance d’abréger ce travail en prêtant une oreille plus qu’attentive au troisième album de Cloud Nothings. Ce combo de Cleveland dans l’Ohio vient en effet de sortir une galette qui va filer quelques gifles et réveiller un peu le marigot tranquillement endormi dans le rock convenable et la tranquillité sonore.

Cloud Nothings sert de passe-temps à Dylan Baldi, un jeune étudiant qui s’ennuie ferme à la Case Western Reserve University. Entre les cours, il gratte sa guitare et compose sur son ordinateur. Ce qui devait arriver arrive : Baldi poste ses chansons sur son blog et la chanson “Hey cool kid” jaillit du monde virtuel pour séduire les internautes et monter en puissance sur le Net. Après un concert à New York en 2009, Baldi est remarqué par un promoteur qui lui enjoint de monter un groupe et de se consacrer définitivement à la musique. Le premier album “Turning on” sort ainsi à la fin de la même année, d’abord sous le manteau puis il bénéficie d’une édition CD un peu plus accessible.

Dylan Baldi (guitare et chant), TJ Duke (basse), Jayson Gerycz (batterie) et Joe Boyer (guitare) ne tardent pas à sortir un deuxième album en 2011, un “Cloud nothings” qui crée immédiatement le buzz avec son post-punk mâtiné de pop. Certains comparent encore le groupe à Blink 182 mais avec la sortie de “Attack on memory”, cette comparaison avec les potaches bubble punk n’est plus possible. Cloud Nothings signe ici un album d’une redoutable maturité, battu par des vents tristes et désabusés, assailli par des guitares malsaines et névrotiques, hanté par un chant cassé et hargneux.

Il faut dire qu’il y a un atout de taille derrière cet album : le légendaire producteur Steve Albini qui a aidé le groupe à accoucher de ses huit nouvelles chansons dans son studio Electrical Audio à Chicago. Albini a dû faire des rabais sur la facturation des heures d’enregistrement, car Cloud Nothings a réussi à fabriquer un album dont les titres permettent de formidables développements musicaux. Ainsi, le deuxième morceau de l’album, “Wasted days”, se déploie sur près de neuf minutes et emporte l’auditeur dans une invraisemblable montée d’adrénaline électrique qui rappellera le fameux “Marquee moon” de Television. Mais il n’y a pas que ça. L’instrumental “Separation” dévale les pentes et s’abat sur nous dans un formidable fracas de guitare et surtout de batterie qui révèle Jayson Gerycz, nouveau cogneur de légende. “No sentiment” est un mid-tempo colossal muni de paroles pessimistes au possible. En général, on ne peut pas dire que l’écriture de Dylan Baldi respire la joie de vivre : “I know my life’s not gonna change and I’ll live through all these wasted days” (“Wasted days”), “I need time to stay useless” (“Stay useless”), “I miss you cause I like damage, I need something I can hurt” (“Cut you”). Tenons-nous ici un nouveau Kurt Cobain ? Espérons en tout cas que Dylan Baldi ne termine pas de la même façon.

Il n’en reste pas moins que tous les titres de “Attack on memory” s’enchaînent comme une implacable mécanique, faite d’agressivité, d’espoirs déçus et de formidables interactions instrumentales. Tous les sites spécialisés dans la critique rock (Allmusic, Pitchfork, Metacritic, …) ont tressé des lauriers à cet album. Nous nous rangeons derrière cette majorité, non pas pour faire comme tout le monde mais en raison des qualités intrinsèques et imparables du disque. La grande course à la révélation de 2012 peut s’ouvrir, Cloud Nothings vient d’arriver.

Pays: US
Wichita Recordings WEBB318CD
Sortie: 2012/02/06

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