BUDJANA, Dewa – Surya namaskar
Après “Dawai in paradise“ et “Joged kahyangan“, “Surya namaskar” est le troisième album de Dewa Budjana à paraître sur le label MoonJune Records. Cette compagnie a l’intéressante idée de fureter du côté des endroits reculés du globe pour découvrir et promouvoir des talents dans le domaine du rock et du jazz-rock. L’indonésien Dewa Budjana est un de ces intéressants poulains, qui cumule les fonctions de pop-star locale avec son groupe Gigi (une institution indonésienne seulement connue par 24 personnes en dehors de ses frontières) et de guitariste jazz-prog surdoué.
Pour ce septième album d’obédience jazz-rock, Dewa Budjana commence à posséder une réputation internationale qui fait craquer les collaborateurs les plus prestigieux, de plus ne plus pressés d’aller échanger quelques notes avec lui sur ses albums. C’est ainsi que les instrumentistes confirmés américains qui avaient joué sur le précédent album “Joged kahyangan” ont laissé la place à d’autres musiciens anglo-saxons encore plus prestigieux.
En effet, sur ce coup-ci, Dewa Budjana met en lice Jimmy Johnson à la basse (un temps accompagnateur d’Allan Holdsworth, James Taylor ou Steve Gadd) et Vinnie Colaiuta à la batterie (Herbie Hancock, Jeff Beck, Sting). Cette impeccable paire est de temps à autre secondée par des invités qui viennent briller le temps d’un morceau. Le légendaire Gary Husband (John McLaughlin, Allan Holdsworth) vient chatouiller les touches sur le premier morceau “Fifty” et Michael Landau (James Taylor, Renegade Creation) place ses solos de guitare sur “Surya namaskar”.
L’album est enregistré en Californie, autre signe de promotion sociale pour Dewa Budjana qui n’est plus confiné dans les petits studios de Djakarta ou de Surabaya pour réaliser ses œuvres. “Surya Namaskar” est un peu différent du précédent album “Joged Kahyangan” qui se voulait plus aventureux car improvisé. Ici, on sent que les compositions sont plus posées et même plus proches du jazz-rock classique anglais ou américain. La guitare de Dewa Budjana est toujours une source de joie pour les oreilles et la section rythmique accomplit des prouesses. Mais le petit air de déjà entendu ramène l’œuvre au classicisme du jazz-rock, néanmoins toujours de très haut niveau technique. Le morceau le plus personnel est finalement “Kalingga”, titre de neuf minutes faisant intervenir des instrumentistes indonésiens équipés de violon et de harpes traditionnels (le tarawangsa et le kacapi).
Le titre de l’album signifie salutation au soleil, autrement dit un déroulé de positions typiques du yoga (que l’on peut voir en dessin sur la pochette intérieure de l’album). Et comme le yoga, “Surya namaskar” vous permettra de vous détendre et de voir la vie sous un angle apaisé, grâce aux belles constructions musicales qu’il contient.
Pays: ID
MoonJune Records
Sortie: 2014