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HOPPER, Hugh – Memories

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L’air de rien, voilà déjà cinq ans que Hugh Hopper a quitté cette terre, laissant dans le manque les fans de Soft Machine et de musique progressive en général. Car Hugh Hopper était un immense musicien. Né en 1945 à Canterbury, il contribuera à faire de cette ville le symbole d’un rock progressif pointu, technique, intellectuel et complexe, mais habité d’un incroyable esprit aventureux et avant-gardiste. Tout cela commence dès 1963 avec le Daevid Allen Trio qui réunit Hopper, Allen et Robert Wyatt, autrement dit le noyau du futur Soft Machine. Puis ce sera les Wilde Flowers en 1964, où Hugh est rejoint par son frère Brian Hopper. Ce groupe séminal voit passer dans ses rangs toute l’aristocratie de la future scène de Canterbury : Kevin Ayers, Richard Sinclair, Robert Wyatt et aussi Pye Hastings et Richard Coughlin, qui formeront plus tard Caravan. Après cette expérience, Hugh Hopper devient le roadie de Soft Machine à ses tout débuts, lorsque Kevin Ayers tenait la basse.

Et quand Hugh Hopper devient le bassiste de Soft Machine pour le troisième album “Third” en 1970, l’histoire se met en marche. On connaît la suite et lorsque Hugh Hopper quitte la Machine en 1973, il poursuit des activités nombreuses et variées au service de la musique. On le trouve dans l’Isotope de Gary Boyle, dans le Gilgamesh d’Alan Bowen, dans l’East Wind de Stomu Yamashta, puis dans Soft Head et Soft Heap, où il retrouve le saxophoniste de Soft Machine, Elton Dean. Nous sommes toujours dans les années 70 et à partir de 1980, Hugh Hopper va consacrer les trente dernières années de sa vie à de multiples projets, de multiples collaborations, générant ainsi une œuvre colossale.

Il arrive un moment où il faut mettre les mains dans cette œuvre, afin de faire le bilan de ce qu’a été l’apport de Hugh Hopper au rock progressif. On sait bien que le type se situe en haut de la hiérarchie du genre et ceux qui n’ont pas le temps de tout fouiller en la matière pourront s’en remettre à la série de compilations que le label Gonzo Multimedia est en train de distiller sur le marché.

En effet, pas moins d’une dizaine de volumes consacrés à Hugh Hopper vont infiltrer les bacs à disques d’ici les prochains mois. On y trouvera essentiellement des morceaux datant des années 1990 et 2000, sous forme de sessions studio, concerts ou enregistrements rares. Bref, de quoi se régaler. Gonzo Multimedia nous a déjà envoyé les deux premiers volumes (espérons qu’il pense à poursuivre ses envois plus tard), ce qui donne l’occasion de décortiquer un peu le contenu.

On démarre donc avec ce premier volume, intitulé “Memories”, qui passe en revue des morceaux de diverses époques, à savoir, 1969, 1995, 2002 et 2004. Il n’y a pas vraiment de logique thématique dans cet ensemble. On trouve du Soft Machine pur jus (“Memories”, enregistré en août 1969, à partir d’un morceau composé par Hopper à l’époque des Wilde Flowers), puis on saute directement dans le temps avec “Was a friend”, enregistré en France en 2004 avec le FrangloBand, dont nous reparlerons dans le volume 2. Tout cela s’avère passionnant mais un détail irrite : tous les morceaux commencent par un court commentaire de la voix même de Hugh Hopper. C’est grand pour le témoignage mais c’est très invasif du point de vue musical, puisque ces quelques secondes parlées sont indissociables des morceaux. Cela démontre aussi que ces morceaux étaient déjà prêts à être compilés du vivant de Hugh Hopper.

Sinon, c’est une grande échappée dans l’univers musical de Hugh Hopper, avec son lot d’expérimentation surréaliste (“Long piece”, du Hugh Hopper Computer College), d’improvisations techniques (“MGH”, par Hugh Hopper et Nigel Morris) ou de réinterprétations électroniques (“Playtime”, repris d’Alan Gowen et recomputérisé par Hugh Hopper).

Il ne faut donc pas se fier aux insipides pochettes marron de cette série de CD consacrés à Hugh Hopper. Il y a plein de choses intéressantes et passionnantes à glaner dès ce premier volume, qui n’est qu’un début.

Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2014/07/28

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