TEICH, Jessi – Twisted soul

La chanteuse américaine Jessi Teich (prononcer Teach) n’est pas encore connue de New York jusqu’en Terre Adélie ni de Hong-Kong jusqu’à l’île de Pâques mais on ne peut que lui souhaiter de devenir un peu (ou beaucoup) célèbre. La raison? Une voix magnifique au service d’une musique entre jazz et soul, taillée pour les clubs soyeux des centres ville cossus, une jolie prestance servie par un regard mutin et un air volontaire.

Et pourtant, le parcours de Jessi Teich jusqu’à la réalisation de son nouvel album “Twisted soul” ne s’était pas forcément déroulé sur un tapis de roses ou sur un coussin d’air parfumé. Victime d’un compagnon abusif contrôlant ses moindres faits et gestes, elle sort exsangue et traumatisée de cette relation violente qui aurait pu avoir raison de son psychisme. Mais le calvaire n’est pas fini. Cette brillante diplômée du Berklee College Of Music est atteinte à un moment de sa carrière (alors qu’elle enseigne le chant à une multitude d’élèves selon un emploi du temps hyper blindé) par un kyste pas sympa qui se loge au niveau de ses cordes vocales et lui fait perdre la quasi-totalité de sa palette vocale. Ayant perdu une octave et demie, Jessi Teich se retrouve menacée dans sa passion et dans son métier. Une opération chirurgicale vient heureusement la tirer d’affaire et lui renforce même la voix, ce qui ne pouvait pas mieux tomber pour la suite de ses aventures musicales.

Et la suite, c’est précisément ce “Twisted soul”, album qui fait suite à “Barely there”, son premier disque de 2010. Pour ce faire, Jessi Teich quitte sa bonne ville de Philadelphie pour s’aventurer à Paris, en compagnie de musiciens d’accompagnement issus du Thierry Maillard Trio. Outre Thierry Maillard (piano), Yoann Schmidt (batterie) et Matyas Szandai (contrebasse), Jessi Teich est également secondée par l’accordéoniste Laurent Derache, le guitariste Dai Myazaki et le percussionniste John Morgan Kimock. Tout ce petit monde élabore au studio de Meudon un disque basé sur les compositions personnelles de Jessi Teich, qui reprend également “Clap hands” de Tom Waits et “Cry me a river” de Justin Timberlake.

Les chansons sont présentées comme des chapitres, illustrant une sorte de livre, celui de la vie de Jessi Teich, qui met ici les émotions glanées au cours de son existence récente. “The haunting” constitue le premier chapitre et parle d’influence et de domination dans les relations entre personnes. Et le livre se parcourt au fil d’une musique convoquant soul et jazz, ponctuées d’intonations pop et toujours impeccablement maîtrisée. La voix de Jessi Teich s’insinue toujours avec aisance dans les différents climats, qu’on soit en mode dynamique (“Twisted soul”, “Cry me a river”), feutré (“Diggin’ a ditch”, “Someday”) ou sensuel (“Ruins”).

Les chansons s’enchaînent dans une ambiance gouleyante et veloutée, révélant toute la force et la finesse de Jessi Teich, que l’on peut sans honte rapprocher des grands exemples comme Diana Krall, Amy Winehouse, Adele, Alicia Keys ou Tom Waits. Une découverte intéressante pour les soirées calmes entre amis ou les plans séduction.

Pays: US
Madame Freak Records
Sortie: 2015/03/03