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SCHOEFFLER JR, Thomas – Jesus shot me down

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En Alsace, il y en a certains qui confondent les rives du Rhin avec celles du Mississippi et les vignes de la route des vins avec les champs de coton de Clarksdale. C’est le cas de Thomas Schoeffler Jr, un musicien originaire de Strasbourg mais qui a dû passer une vie antérieure à chanter le blues aux croisements des routes du grand Sud américain, en attendant que le diable vienne lui proposer d’acheter son âme en échange d’une gloire éphémère.

Biberonné aux sonorités de Mississippi Fred McDowell, Hank Williams, Scott H. Biram mais aussi Nina Simone, Jacques Brel et Public Enemy, Thomas Schoeffler Jr apparaît comme l’improbable croisement entre les Hillbillies en salopette crasseuse des Appalaches et les bûcherons vosgiens qui poussent la chansonnette le soir au pied du col de la Schlucht.

A des années-lumière des préoccupations musicales françaises du moment, Thomas Schoeffler Jr traîne sa guitare et son harmonica à travers l’Hexagone, faisant croire à un public incrédule que les distilleries clandestines sont menacées par les Fédéraux et qu’il faudra bientôt monter jusqu’à Chicago pour trouver du boulot.

Après un premier album “Daddy’ not going home” en 2012, Thomas Schoeffler Jr revient avec ce “Jesus shot me down”, pile à l’heure pour voir débarquer le printemps. La recette est toujours la même : guitare slide et tambourin pour ce one-man band irrémédiablement solitaire. Loin de jouer les vieux beaux coincé dans un blues rhumatisant et nostalgique, Thomas Schoeffler Jr vient au contraire gifler le genre avec son style rapide et nerveux, toujours au bord de la rupture ou prêt à foutre le camp à l’arrivée des flics. Il y traite des thèmes chers au blues : déracinement (“Home”), déclassement (“Jesus shot me down”), dépit amoureux (“My rope”, “Spit and sawdust”, “Some days”), violence et meurtres (“At the mill”) et bien sûr l’amour (“Atomic number”, “Mark my words”). Shoeffler Jr taquine aussi la country, avec des vocalises aptes à faire vibrer Johnny Cash dans la tombe, une fibre rare pour un chanteur francophone. Et lorsque le bon Thomas électrifie sa guitare (“I dug a hole”), les traîtres Black Keys passés dans le camp de la musique commerciale au détriment du blues rock doivent s’en mordre les doigts.

Capable d’envoûter les mélodies les plus anodines, Thomas Shoeffler Jr est un diablotin tout à fait bienvenu dans le paysage blues français, à ranger aux côtés des Paul Personne ou des Bill Deraime. Il est encore une fois la démonstration que le blues n’a pas de frontières.

Pays: FR
Echos Productions/PIAS
Sortie: 2015/03/23

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