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77 – Bright gloom

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Depuis quelques années, un petit groupe catalan s’évertue à reproduire au demi-ton près les riffs et les rythmes d’AC/DC. Ce groupe s’appelle 77 (dit aussi Seventy-Seven) et ne s’est pas trop cassé la tête à trouver un nom qui évoque bien entendu la sortie du grand album “Let there be rock” de la bande à Bon Scott et Angus Young. Et puis 77, c’est aussi un peu évocateur du punk, genre qui cherchait aussi à ressusciter le rock ‘n’ roll des origines dans ce qu’il avait de plus simple, tout comme les mélodies carrées et binaires d’AC/DC.

Et il est vrai que le style direct d’AC/DC a pu servir d’exemples à des dizaines de jeunes groupes arrivés plus tard et qui sont maintenant capables de faire des albums d’AC/DC presqu’aussi bien que l’AC/DC original. Dans le genre, citons Airbourne, 42 Decibels, Big Ball, Bonafide, Boozed, Iron Fist, Main Line Riders, On-Off ou les bien-nommés Powerage.

Si son premier album “21st century rock” (2009) était un clonage quasi-parfait du “High voltage” d’AC/DC, avec la voix de Bon Scott, les accords électrifiés d’Angus Young et la rythmique métronomique de Phil Rudd, 77 ne s’est pas interdit une certaine évolution de son style. Ça ne se sentait pas encore vraiment sur “High decibels” (2011), qui restait profondément ancré dans de l’AC/DC pur jus. Mais on sentait déjà un petit frémissement sur “Maximum rock ‘n’ roll” (2013) ou Nothing’s gonna stop us (2015).

Avec “Bright gloom”, l’évolution est accentuée, avec une pénétration du groupe sur d’autres territoires musicaux, toujours fidèles aux années 70. On sent que depuis quelques temps, les hommes de 77 ont écouté autre chose qu’AC/DC, qu’ils ont prêté une oreille aux disques des Who, de Thin Lizzy, Black Sabbath, The Stooges, MC5, Radio Birdman, Slade ou Lynyrd Skynyrd. La palette des genres est en effet plus riche sur ce disque, ce qui est annonciateur d’une capacité du groupe à aller de l’avant et à ne pas se contenter de faire trente fois de suite un album cloné d’AC/DC, ce qui aurait fini par devenir ennuyeux.

Fidèle à sa technique d’enregistrement, 77 n’a travaillé que sur du matériel vintage, du micro à la console en passant par les amplis et les instruments, reproduisant un son purement analogique, grâce à l’aide du producteur Raül Refree et de l’ingé-son Javier Ortiz. Avec la variété des compositions, qui visitent maintenant le rock sudiste, le hard rock de Detroit, le heavy psychédélique ou le proto-metal à la Blue Cheer ou Black Sabbath, on se retrouve devant un album captivant, sorte de compilation du rock lourd des années 70, hommage au son des ancêtres qui ont fait la musique que nous connaissons aujourd’hui et que nous ne devons jamais oublier. Dans cette conjonction de styles, des morceaux comme “Bread & circus”, “Who’s fighting who”, “Be crucified”, l’excellent “Where have they gone” ou le formidable “You better watch out” montrent 77 sous un jour nouveau, plus sombre et plus interrogateur sur notre monde bancal. La voix du chanteur Armand Valeta a considérablement évolué et ne se contente plus d’imiter celle de Bon Scott. C’est une métamorphose complète à laquelle les gens de 77 nous invitent ici.

Voilà un véritable album de la maturité, où on voit 77 assimiler de nouvelles influences sans les plâtrer bêtement les unes sur les autres. Le groupe digère tout cela et y ajoute une patte personnelle vraiment étonnante quand on connaît le passé de 77 et sa vénération monomaniaque pour AC/DC. Un groupe de ce genre aurait été donné à cent contre un, condamné à faire toujours la même chose. Mais ces petits malins de 77 sont parvenus à surprendre et à débouler là où on ne les attendait pas, avec une musique renouvelée qui aurait peut-être été celle d’AC/DC si le chanteur Bon Scott n’avait pas été alpagué si tôt par la Faucheuse. Sans doute l’âme du grand Bon s’est réincarnée dans le corps du chanteur de 77, qui sait…

Pays: ES
Century Media
Sortie: 2018/04/27

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