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SAN CAROL – Houdini

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Il avait un petit boulot pépère et stable dans l’administration mais il a choisi de s’en échapper pour se consacrer tout entier à sa musique. C’est peut-être cette évasion qui a suscité le nom de « Houdini » au troisième album de Maxime Dobosz, alias San Carol, qui avait déjà dans sa musette deux précédents albums (« La main invisible », 2013 ; « Humain trop humain », 2015). La découverte de ce troisième album suscite immanquablement l’envie d’entendre ce qu’avait déjà fait San Carol dans ses opus précédents. On y découvre de l’électro pop un peu bricolée et légèrement foutraque – mélange improbable entre Suicide et les Residents – sur le premier album et un rock beaucoup plus rugueux et énervé sur le deuxième. Autrement dit, on comprend vite de Maxime Dobosz déborde d’idées et qu’il ne se contente pas d’exploiter obstinément le même sillon stylistique à longueur de temps.

San Carol est donc peut-être un peu trop immense pour rester confiné dans sa ville natale, Angers. Déjà remarqué par les Inrockuptibles pour son deuxième album, Maxime Dobosz pourrait bien continuer sa montée vers les hauts cieux avec ce troisième album plutôt consacré à la douceur et à la rêverie, mais toujours avec une personnalité musicale forte et envoutante. C’est au retour d’une tournée au Texas que Maxime Dobosz couche sur la partition les neuf titres de ce nouvel album, contraste saisissant entre ce que l’on connaît du Texas (les Rednecks, le rock sudiste bien graisseux) et ce qu’on entend sur ce disque. Non, Maxime Dobosz ne s’est pas fait influencer par les grossièretés de la Bible Belt quand il est allé au Texas mais il a été chercher son inspiration directement chez les petits Poucets rêveurs de la pop, les Todd Rundgren, les Michel Polnareff, les Elton John ou autres Bill Nelson.

Aidé de Stw (guitare), Florent Vincelot (basse), Simon Garnier (percussions), Jordane Saunal et Raphaël D’Herbez (chœurs), Maxim Dobosz hypnotise ses synthétiseurs et envoie dans l’espace des sonorités électro-pop langoureuses et tendues. On flotte dès le premier titre « Meaning of life » et on voyage ensuite dans les nuées, chatouillé par les nervosités astrales de « Where my parents live », subjugué par les tonalités caoutchouteuses de « Marvelous engine » (une sorte de titre de Depeche Mode intelligent). On s’épanche aussi sur les mélodies cotonneuses de « Society » ou « Turn to dust », environné de synthés mellotronesques à l’effet mélancolique garanti. « Cancer » continue de nous plonger dans un bain de douceur triste, toujours bercé par la voix angélique de Maxime Dobosz qui, par son expressivité, écrase à plates coutures un Etienne Daho, par exemple. Après un « Parachutes » plus chahuté et hypnotique vient la pièce de résistance de l’album, un « Lone star » de neuf minutes qui navigue sur des eaux douces au rythme de percussions subtilement travaillées et entraînantes, occasion de partir ensuite dans de savoureuses élucubrations synthétiques. On finit le périple avec la cantate cristalline « Doesn’t matter », slow vaporeux et suave qui fait surgir une douceur estivale dans notre automne du quotidien.

Tout ce qu’on peut espérer après avoir découvert San Carol et ses univers riches et inventifs, c’est que ce groupe aura son mot à dire dans les années à venir. Il serait dommage qu’un imaginaire musical aussi touffu que celui de Maxime Dobosz reste dans les couches basses de l’underground.

Pays: FR
Freemount Records
Sortie: 2018/10/19

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