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ARKHETH – 12 winter Moons comes the witches brew

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C’est souvent dans les contrées qui sont le plus éloignées de l’épicentre d’un phénomène culturel que naissent des idées redonnant une dimension totalement nouvelle audit phénomène. Je m’explique : prenons le black metal. Origine : Scandinavie, puis expansion progressive dans le reste du monde, avec des groupes qui respectent strictement les dogmes du genre. Mais lorsqu’on arrive très loin du lieu géographique d’origine du black metal, en Australie, par exemple, on découvre un groupe qui trouve l’idée de mélanger le black metal avec des influences psychédéliques et jazz d’avant-garde. Le nom de ce combo pas très orthodoxe : Arkheth. J’aime autant vous prévenir tout de suite, l’exploration de ce troisième album du groupe va s’avérer quelque peu aventureuse. Accrochons-nous.

Arkheth est formé en 2001 à Orange, en Nouvelle Galles du Sud. Son leader suprême, créateur en chef et moteur créatif exclusif s’appelle Tyraenos, alias Tyrone Kostitch. L’homme réalise d’abord deux albums avec d’autres musiciens, « Hymns of a howling wind » (2003) et « IX & I: The quintessence of algaresh » (2010). Il est à l’époque question de black metal globalement dans la norme, avec cependant un petit côté chaotique, qui est aussi un des aspects traditionnels du genre. Et puis, quelques années plus tard, Tyraenos vire tout le monde, s’enferme dans son repaire et concocte tout seul comme une grand un nouvel album qui va littéralement exploser les règles du black metal canal historique.

« 12 winter Moons comes the witches brew » est effectivement hors-normes à plus d’un titre. D’abord avec le nom de l’album (un titre alambiqué s’il en est), puis la pochette de ce disque, assez farfelue et très psychédélique pour un album de black. Et enfin avec la musique que l’on y trouve, où s’entrechoquent piano, cuivres, passages psychédéliques et intrusion jazzy dans cinq morceaux assez longs en moyenne. Tyraenos officie seul et joue de tous les instruments. Sa voix est typiquement black metal mais les expérimentations qu’il mène sur cet album remettent en question nos conceptions habituelles du black metal. Il faut admettre ici que l’on se trouve au cœur du bizarre, de l’étrange et du foutraque. Des titres comme « Trismegistus » ou « Where nameless ghouls weep » partent dans des digressions bruitistes, sont assaillis par un saxophone fou et répandent une ambiance savoureusement malsaine. Dans le genre, « The fool who persists in his folly » n’a jamais aussi bien porté son nom et lance un vaste chaos de sonorités de kermesse propulsées par des rythmiques instables, dans lequel un chant de maniaque s’insinue et sème le trouble.

Ce disque d’Arkheth va instantanément diviser la sphère black metal en deux. Les traditionnalistes vont hurler à l’hérésie et appeler à la carbonisation immédiate du fautif Tyraenos en place publique. Mais d’autres, plus habitués aux expériences hors des sentiers battus, trouveront dans cet album une véritable originalité. J’ai même trouvé des critiques qui donnaient une note de 10 sur 10 à ce disque. Sans aller jusque-là, car il faut quand même se rendre compte que ce disque reste assez perturbant par ses ambiances étouffantes et versatiles, on pourra quand même accueillir avec faveur ce genre d’album qui donne des coups de pied dans la fourmilière de la routine. Et bousculer la routine, c’est quand même toujours assez sympathique.

Un disque comme ça, seul un label qui n’a pas froid aux yeux issu d’un pays non traditionnellement versé dans le métal pouvait le sortir. Ce sont les Indiens de Transcending Obscurity qui font le boulot. Curieusement, le disque est sorti en février dernier mais il ne nous parvient que ces temps-ci. Mais comme tout cela est parfaitement fou et inclassable, il fallait quand même signaler son existence à l’attention des curieux et des hurluberlus.

Pays: AU
Transcending Obscurity
Sortie: 2018/02/20

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