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ROME – The lone furrow

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Actif depuis une quinzaine d’années dans une veine musicale bien à lui, Jérôme Reuter revient avec un nouvel album de son projet Rome. On parle ici de projet et pas de groupe car Rome est véritablement la chose exclusive de Jérôme Reuter, qui fait preuve en ce moment d’un véritable accès de fièvre en termes de rendement et de créativité puisque ʺThe lone furrowʺ est le quinzième album en quinze ans, le second de l’année 2020 et le cinquième depuis 2019.

On pourrait croire qu’à un tel rythme de production, Jérôme Reuter torche des petits albums vite faits sur un coin de table sans trop se fatiguer. Erreur monumentale. L’écoute de ce nouveau disque ʺThe lone furrowʺ s’est vite avéré un exercice prenant, captivant, déroutant avec ces parcours dans des labyrinthes sonores complexes et grandioses, au service d’un néo-folk sénatorial. Le nom de Rome n’est pas innocent, surtout pour ce nouveau disque dont la pochette et le superbe packaging regorgent de dessins évoquant la Rome antique.

Et pour le contenu, on est également dans l’impérial, avec des compositions graves et ambitieuses, aux rythmiques lentes et martiales. Le style de Rome est d’ailleurs souvent appelé martial industrial, un type de musique industrielle reposant sur de lourdes rythmiques rappelant les tambours des armées montant à la bataille. Mais il y a également beaucoup de folk en filigrane dans cet album. Enfin, du folk… relativisons un peu car on est très loin des gentilles poésies à la guitare sèche d’un Dylan ou d’un Donovan. Jérôme Reuter évoque des thèmes sérieux et désabusés dans ses chansons, écrivant des textes lourds de sens, souvent dans plusieurs langues (l’anglais domine mais on trouve également du polonais, de l’allemand et du français). On pourrait voir ici une sorte de Nick Cave polyglotte.

Ecouter cet album nécessite de fermer toutes les portes, de s’isoler complètement et de s’immerger dans cet ensemble habité de multiples atmosphères, toujours très grave et posé. La variété vient aussi des invités qui interviennent sur l’album, curieusement des musiciens de groupes de métal extrême, alors que cet album n’a rien à voir avec du métal. Aki Cederberg (ʺMasters Of The Earthʺ, ʺKali Yuga über allesʺ), Brian Brody de The Drunk Ensemble (ʺTyriat syg tyriasʺ), Alan Averill de Primordial (ʺAchtung Babyʺ), Joseph D. Rowland de Pallbearer (ʺMaking Enemies In The New Ageʺ), Adam Nergal Darski de Behemoth (ʺThe angry cupʺ), J.J. de Harakiri For The Sky (ʺThe lay of Iriaʺ) et Laure Le Prunenec (ʺPalmyraʺ) acceptant de quitter leurs zones de confort black metal, doom metal ou dark wave pour venir s’aventurer dans des eaux folk, au romantisme triste et aux ambiances puissantes.

Il est difficile de résumer en quelques mots un tel album. Une chanson comme ʺPalmyraʺ peut servir d’échantillon représentatif avec son chant en français qui permet de se rendre compte du niveau d’écriture très littéraire du texte et de ressentir la puissance de la mélancolie qui habite ce disque.

On connaissait le Luxembourg pour ses banques, ses présidents de Commission européenne et ses vertes prairies mais il faut aussi savoir que ce pays renferme ce Rome exceptionnel incarné par son âme tourmentée Jérôme Reuter.

Le groupe :

Jérôme Reuter (chant, guitare, batterie et instruments divers)
Tom Gatti (programmation, basse, claviers et modulateurs)
Eric Becker (guitare)
Tom Luciani (chœurs)
Patrick Kleinbaurer (chœurs)

L’album :

ʺMasters of the Earthʺ
ʺTyriat Sig Tyriasʺ
ʺÄchtung, Baby!ʺ
ʺMaking Enemies in the New Ageʺ
ʺThe Angry Cupʺ
ʺThe Twainʺ
ʺKali Yuga Über Allesʺ
ʺThe Weight of Lightʺ
ʺThe Lay of Iriaʺ
ʺOn Albion’s Plainʺ
ʺPalmyraʺ
ʺObsidianʺ
ʺA Peak of One’s Ownʺ

https://www.facebook.com/romeproject/

Pays: LU
Trisol Records
Sortie: 2020/08/28

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