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TANTRIC – The sum of all things

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Avec Tantric, c’est un bond de vingt ans en arrière qui s’impose, au début des années 2000 quand ce groupe du Kentucky faisait des débuts prometteurs avec un premier album ayant réussi à se faufiler jusqu’à des hauteurs appréciables du Billboard américain. Les deux hits ʺBreakdownʺ (2001) et ʺDown and outʺ (2008) vont permettre à Tantric de tenir un rang durant plusieurs années, alors que son étoile aura déjà entamé une irrémédiable descente. Tantric, c’est en quelque sorte un groupe mort il y a quinze ans mais qui ignore son état et qui continue à faire des albums comme si de rien n’était.

L’histoire commence avec trois musiciens en partance du groupe Days Of The New (le guitariste Todd Whitener, le bassiste Jesse Vest et le batteur Matt Taul) qui cherchent à monter un nouveau groupe. Ils entrent en contact avec le chanteur Hugo Ferreira, un Américain d’origine portugaise né en Angola et qui réside dans le Massachusetts. Le quatuor répète, s’appelle d’abord C-14 et opte finalement pour le nom de Tantric. Une signature sur le label Maverick Records aboutit à la sortie d’un premier album éponyme qui va monter jusqu’à la 76e place du Billboard, porté par le hit ʺBreakdownʺ qui surfe sur la première place du classement des singles aux États-Unis début 2001. C’est une entrée en force dans le show business pour Tantric, qui va continuer à récolter les lauriers de la gloire avec son deuxième album ʺAfter we goʺ, 56e au Billboard en 2004.

La carrière de Tantric se heurte à un premier obstacle dans les années 2005-2007, l’album maudit ʺTantric IIIʺ qui ne parvient pas à être finalisé en raison du départ de Jess Vest et des problèmes judiciaires liés à la drogue de Matt Taul, qui finit justement en taule. Quelques chansons fuitent sur la Toile mais cette affaire a raison du premier line-up de Tantric, qui explose et ne laisse qu’Hugo Ferreira aux commandes. Nous sommes en 2007 et après une remise en route du groupe autour d’une nouvelle équipe et de l’album ʺThe end beginsʺ, un titre qui ne croit pas si bien dire en 2008, le parcours de Tantric prend la pente descendante. Il y aura encore une 91e place au Billboard pour cet album, plus une huitième place dans les chats singles pour la chanson ʺDown and outʺ mais ensuite, une interminable ronde des musiciens autour du toujours présent Hugo Ferreira et une succession d’albums filant directement dans les bacs à soldes rangent doucement Tantric dans le tiroir des vieilles gloires du post-grunge. Car le créneau de Tantric, c’est ce rock lourd hérité d’Alice In Chains ou de Soundgarden, récupéré par une génération ultérieure faite des Godsmack, Incubus, Disturbed, Nickelback ou Shinedow, c’est-à-dire un genre qui a quand même pris des rides depuis la grande époque de Pearl Jam ou de Nirvana.

Ce gros rock pesant et vaguement menaçant a eu son heure mais n’est plus vraiment à la mode au début des années 2010, et les albums de Tantric ʺMind controlʺ (2009), ʺ37 channelsʺ (2013), ʺBlues room archivesʺ (2014) et ʺMercury retrogradeʺ (2018) sortent sur de nouveaux labels (Silent Majority, puis Pavement) et passent relativement inaperçus, alors qu’on a cessé de comptabiliser le nombre des musiciens qui transitent dans les rangs du groupe. Tantric finit par atterrir chez le label Cleopatra, voiture-balai qui récupère un peu tout ce qui traîne parmi les groupes encore susceptibles de générer un billet ou deux. C’est Chuck Alkazian (Chris Cornell, Sponge) qui s’installe derrière la console et produit cette nouvelle série de treize morceaux réunis dans ce nouvel album ʺThe sum of all thingsʺ. Ce sont des survivants du précédent album (Sebastian LaBar à la guitare lead et Jaron Gulino à la basse) qui accompagnent Hugo Ferreira, tandis que le nouveau batteur Jon Loree subit son baptême du feu sur cet album.

Le feu, le mot est bien relatif pour qualifier cette nouvelle galette qui reprend les vieilles recettes du post-grunge, avec ses grosses guitares, ses rythmiques en mid-tempo et son chant lointain vaguement planant. La voix de baryton d’Hugo Ferreira reste l’attraction de l’ensemble mais ce qui fait peur, c’est ce nombre de treize chansons qui signifie forcément qu’il va y avoir du superflu dans cette sélection. Et effectivement, il y aura de la graisse et peu de muscle, mis à part le trio de titres démarrant l’album (ʺAloneʺ, ʺWalk that wayʺ, ʺTwisting and turningʺ), avant que l’effort ne soit fortement démonétisé par une ballade merveilleusement fade (ʺCan’t find thisʺ). On entame alors un voyage sur des eaux douces avant qu’une petite relance n’intervienne avec ʺCompoundʺ et ʺPushoverʺ, puis ʺThe sum of all thingsʺ. La fin de l’album est agréable car en fait, Tantric ajoute en bonus ses deux fameux hits ʺBreakdownʺ et ʺDown and outʺ réenregistrés pour l’occasion, démonstration que le groupe ne peut finalement prospérer que sur le souvenir de ses deux meilleures chansons.

Témoin d’un épisode musical lointain dans l’histoire du rock, Tantric se sort finalement assez honorablement de ce huitième album, qui a ses bons moments et des passages à vide qui sont au bout du compte plus rares que ce que l’on craignait. Notons que la page Bandcamp de Tantric propose en super bonus une ultime reprise de ʺWhiskey and youʺ de Chris Stapleton, un songwriter du Kentucky.

Le groupe :

Hugo Ferreira (chant)
Sebastian LaBar (guitare lead)
Jaron Gulino (basse
Jon Loree (batterie)

L’album :

ʺAloneʺ (03:29)
ʺWalk That Wayʺ (03:04)
ʺTwisting and Turningʺ (03:34)
ʺCan’t Find Thisʺ (04:26)
ʺLiving Here Without Youʺ (04:01)
ʺTake Me I’m Brokenʺ (03:18)
ʺThe Words to Sayʺ (04:02)
ʺCompoundʺ (03:22)
ʺPushoverʺ (03:11)
ʺTen Yearsʺ (04:23)
ʺThe Sum of All Thingsʺ (03:36)
ʺBreakdownʺ (03:10)
ʺDown And Outʺ (03:35)

https://officialtantric.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/Tantric

Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2021/07/23

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