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VARIOUS ARTISTS – Brown acid, the tenth trip

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Comme les voyages de Sinbad, les compilations ʺBrown acidʺ nous emmènent dans des voyages fantastiques à la découverte des trésors cachés du heavy psychédélique et du proto-hard rock nord-américain de la fin des années 60 et du tout début des années 70. La maison RidingEasy édite cette année son dixième volume, toujours au rythme de deux volets par an, et c’est encore une fois un petit régal que de se faire réduire les tympans par les sonorités massives et lysergiques qui sont l’apanage de la dizaine de groupe qui sont présentés ici. Nous vous avions déjà fait découvrir les cinquième et sixième volumes de ces compilations et nous voici donc partis pour un nouveau périple au cœur de l’obscur.

C’est Lance Barresi, disquaire de Chicago, et Daniel Hall de RidingEasy Records qui coopèrent dans la recherche parfois archéologique des 45 tours et des albums ultra-rares qui peuplent les compilations ʺBrown acidʺ. Il leur faut obtenir l’accord des membres survivants des groupes retrouvés et ce n’est pas toujours facile de mettre la main sur ces personnes. Les deux hommes ont en stock un nombre impressionnant de morceaux mais le seul obstacle qui les empêche de les publier est juridique. On ne peut donc qu’espérer qu’ils retrouvent ces Robinson Crusoë du heavy psych afin d’obtenir un maximum d’autorisations légales.

Pour le moment, on va pouvoir faire connaissance avec une nouvelle poignée d’illustres inconnus du gros son, comme Sounds Synonymous, qui venait du Michigan, terre bénie des hard-rockers des premiers temps, et qui a laissé à la postérité un single ʺTensions / Babylonʺ (1969) dont la face A nous broie le système auditif en guise d’apéritif. Puis, c’est Ralph Williams & the Wright Brothers qui vient larguer un énorme son fuzzy de la face B de son unique single ʺDark street / Never againʺ, sorti en 1972. Bien entendu, ce garçon n’a laissé aucune autre trace postérieure. On arrive alors à un des premiers hauts faits de cette compilation, avec l’ultra-inconnu Conception qui reprend admirablement le ʺBabylonʺ de Blue Cheer sur son seul 45 tours. Pour mémoire, ʺBabylonʺ est un titre à la puissance pharaonique figurant sur le deuxième album des mythiques proto-métallurgistes, ʺOutside/Insideʺ, sorti fin 1968.

Autre découverte grandiose, l’unique single de Bitter Creek, un groupe de Duluth qui ne jouait justement pas du luth mais qui fit tonner des guitares hargneuses sur ce titre ʺPlastic thunderʺ en 1972. Et voilà une autre pépite tout à fait considérable avec un extrait de l’album ʺWelcomeʺ, édité à 300 exemplaires en 1970 par Rubber Memory, un groupe de Louisiane dont les mines de petits jeunots sur la pochette de leur disque masquent en fait des tirailleurs audacieux d’un heavy psych qui rappelle parfois le Grand Funk Railroad des débuts. Cet album n’a à notre connaissance jamais été réédité et il serait temps de s’en occuper.

Décidément, les raretés absolues pleuvent sur cette dixième compilation. Voilà la face B du premier single des Texans de First State Bank, un combo qui avait à son actif trois singles et dont la face A du deuxième ʺBefore you leave / A long long timeʺ avait déjà été sélectionnée sur le troisième volume de ʺBrown acidʺ fin 2016. La plupart des groupes repris dans ces compilations sont américains mais il arrive qu’on y trouve de temps à autre un combo canadien, comme c’est le cas ici avec Brothers And One. Ce groupe de New Waterford avait la particularité de mettre en lice deux paires de frères, tous très jeunes (entre 13 et 18 ans) et qui réalisèrent d’abord un album ʺBrothers And Oneʺ assez prog rock et funk en 1970 avant de commettre en 1974 un single ʺHard on me / You’re so afraidʺ plus orienté vers le glam rock lourd, comme en témoigne la face A sélectionnée ici.

Un petit côté soul est notable sur cette chanson ʺElectric soulʺ, extraite du premier single de Frozen Sun, un groupe de Tucson dans l’Arizona qui réalisa aussi le single ʺGot to get away / Jamm part Iʺ en 1969 avant de disparaître des radars. On n’en sait pas plus sur le groupe Brood , furetant aussi dans un rock soul et R ‘n’ B bien lourdaud sur son single ʺVirgina Neal / The roachʺ, dont on ignore même l’année de parution. A noter que ce morceau figurait déjà sur la compilation ʺBonehead Crushers Volume 2ʺ, sortie en 2012. Et on termine dans l’obscurité totale avec Tabernash dont la ville d’origine, le nom des membres, l’année de sortie de son morceau ʺHead collectʺ et sa trace sur un possible 45 tours paru à l’époque ne sont pas connus. On sait simplement que ce morceau est une petite merveille de rock psychédélique enlevé et tonique, servi par une guitare fuzz qui picote bien là où ça fait mal.

Voilà encore un très bon cru parmi ces voyages dans le temps proposé par le label RidingEasy. Inutile de dire qu’on attend la onzième excursion avec une impatience d’ours planqué au milieu d’un village de ruches.

L’album (groupes et morceaux) :

Sounds Synonymous : ʺTensionsʺ (1969)
Ralph Williams & The Wright Brothers : ʺNever Againʺ (1972)
Conception : ʺBabylonʺ (1968)
Bitter Creek : ʺPlastic Thunderʺ (1972)
Rubber Memory : ʺAll Togetherʺ (1970)
First State Bank : ʺMr. Sunʺ (1970)
Brothers And One : ʺHard On Meʺ (1974)
Frozen Sun : ʺElectric Soulʺ (1969)
Brood : ʺThe Roachʺ (?)
Tabernash : ʺHead Collectʺ (?)

Pays: Us
RidingEasy Records
Sortie: 2020/04/20

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