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WAKING THE SLEEPING BEAR – Porno future

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Les jeunes ont quelques raisons légitimes d’être énervés. Les générations qui ont précédé celle qu’on appelle les milléniums leur ont légué une planète malade, une météo déréglée, un système économique aberrant, des politiciens irresponsables, des virus toujours plus coriaces, du terrorisme et de la violence à tous les étages et un futur qui laisse peu d’espoirs. Et aussi, j’oubliais, le metalcore. Avouez qu’avec ça, ceux qui vont devoir gérer ce merdier d’ici les vingt prochaines années ont de quoi avoir les glandes. Certains, au lieu de trouver un refuge résigné dans les mirages électroniques des réseaux sociaux ou des jeux vidéo, trouvent encore le courage de gueuler contre l’injustice et la dégénérescence, et de poser des paroles fortes par l’intermédiaire de la musique, comme ces quatre garçons de Waking The Sleeping Bear.

Ce groupe vient de Dôle en Franche-Comté, où il se forme en 2017. Dès l’année suivante, Simon Bellot (basse), Arthur Galtier (batterie), Edwin Blanc (guitare) et Adrien Pate (chant) éditent à compte d’auteur un premier EP ʺJungle urbaineʺ qui rassemble déjà les caractéristiques du combo, avec du nu metal colérique allant également chercher des éléments de rap, de hardcore, de fusion et surtout des textes insurrectionnels très travaillés qui veulent dire quelque chose. Waking The Sleeping Bear a effectivement des choses à dire puisque ce premier EP, malgré son nom, donne quand même dans les 27 minutes pour sept morceaux, ce qui en fait déjà un album quasiment de long format.

Mais Waking The Sleeping Bear a sans doute une définition bien à lui du long format puisque son premier album de ce calibre arrive avec 14 morceaux avoisinant les 56 minutes. Pour les messages que le groupe veut envoyer au monde, il n’y a rien de trop. Car les préoccupations de ces Jurassiens en colère sont denses, tant au niveau des paroles que de la musique. Pour le son, le nu metal mâtiné de rapcore porte des coups durs aux tympans. Ne vous laissez pas surprendre par le rap de ʺProtaseʺ, le premier morceau, car ce genre ne sera pas le principal de l’album. Le rap va en effet rapidement se mêler au métal rageur et soigneusement travaillé du groupe dont les paroles reflètent les angoisses contemporaines : violences policières (ʺDelendaʺ), drogues (ʺLa tête à l’enversʺ), mise sous contrôle de la société (ʺNouvelle dissidenceʺ), doutes et névroses personnelles (ʺSoldat du sommeilʺ, ʺMétastasesʺ), désastres écologiques (ʺRien à perdreʺ).

Waking The Sleeping Bear se réclame d’influences comme Psykup, Hacktivist, Mass Hysteria, Smash Hit Combo, Pleymo, Static-X mais parvient aussi à révéler sa personnalité propre au travers de sa musique, sincère et sans concessions. Ces garçons sont aussi des littéraires qui donnent à leurs morceaux des notions de poésie grecque (ʺProtaseʺ, ʺEpitaseʺ et ʺCatastaseʺ renvoient aux trois mouvements qui définissent le poème grec antique) ou de médecine (ʺCaryocinèseʺ, ʺMétastasesʺ). On ne saurait trop recommander leur album, aussi enthousiasmant pour la puissance évocatrice de sa musique que pour les textes qui cherchent à donner quelques coups de pied au derrière d’un monde en pleine déliquescence.

Le groupe :

Simon Bellot (basse)
Arthur Galtier (batterie)
Edwin Blanc (guitare)
Adrien Pate (chant)

L’album :

ʺProtase (Punks not dead)ʺ (02:29)
ʺInterférencesʺ (03:50)
ʺPorno Futureʺ (04:35)
ʺDes heuresʺ (05:30)
ʺPlus rien à perdreʺ (04:31)
ʺCaryocinèseʺ (04:32)
ʺNouvelle dissidenceʺ (04:45)
ʺÉpitaseʺ (Eaux troubles)ʺ (03:20)
ʺLa tête à l’enversʺ (05:06)
ʺDelendaʺ (04:21)
ʺSoldat du sommeilʺ (03:49)
ʺMétastasesʺ (04:27)
ʺPogo Cultureʺ (02:05)
ʺCatastase (Ce qu’il nous reste)ʺ (02:13)

https://wakingthesleepingbear.bandcamp.com/album/porno-future-album
https://www.facebook.com/WakingTheSleepingBearFR

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2021/05/28

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