WARCRAB – Damned in endless night

Dans les arcanes complexes du heavy metal, il y a les styles rapides (thrash, death, black, grindcore) et les styles lents (doom, sludge). Là-dessus, on peut y ajouter des atmosphères (psychédélique, progressif, funéraire, festif, groove) et on peut aussi s’inspirer d’un fond de sauce ancestral, comme le punk, le blues, le heavy traditionnel. Les appellations sont multiples et les combinaisons possibles très nombreuses. On peut donc imaginer du doom progressif bluesy, du black metal progressif, du punk thrash festif, tout ce qu’on veut. Et pour prendre un exemple concret, voici celui de Warcrab, un groupe de Plymouth en Angleterre qui joue un truc improbable nommé death sludge progressif. C’est en combinant des styles, des ambiances et des inspirations placées aux antipodes les unes des autres que l’on parvient finalement à créer encore un peu d’originalité dans le métal.

Et donc, pour en revenir à Warcrab, on découvre avec leur troisième album ʺDamned in endless nightʺ un style saisissant, abrasif et lourd, dans la masse duquel surgit un chant acide de goule prise dans un piège à loups imbibé d’eau bénite. Imaginez l’impact de Carcass, Bolt Thrower, Eyehategod ou Crowbar se fracassant les uns contre les autres à toutes vitesses. Cela donne Warcrab, monstre d’acier enfanté par des titans cosmiques, capable d’envoûter l’auditeur par la conjonction maudite entre des kilotonnes de décibels velus et des lignes rythmiques insidieuses, lâchant un fiel diabolique par le biais de guitares hargneuses. Quand Warcrab veut vous embourber dans les griffes inquiétantes de Morphée, cela donne … Mais quand il décide de lâcher une violence barbare sans limite, cela donne ʺKraken ariseʺ, un titre à l’efficacité redoutable qui figure sur la compilation ʺDoomed and stoned in Englandʺ, excellente série traitant de différents pays que l’on peut découvrir sur le site Bandcamp. Comme c’est sur Internet, il n’y a pas de limite physique et cette compilation anglaise fait 104 titres !

Pour survoler un peu plus ce formidable album dans le détail, on va d’abord dire que le groupe voit ce troisième disque édité sur le label Transcending Obscurity. Ensuite, on peut coller son oreille contre l’ampli, monter les boutons à fond et se faire transpercer par des énormités comme ʺAbyssal mausoleumʺ, ʺUnfurling wings of damnationʺ ou ʺSwordsʺ, des morceaux donnant dans sept à huit minutes de sludge metal tourmenté, lancé dans des tourbillons de lave d’où viennent piquer des pointes de chant death metal irréconciliables avec l’humanité.

Poisseux, massif, violent, d’une tristesse faisant passer Baudelaire pour un clown de cirque moldave, ce nouvel album de Warcrab (après ʺWarcrabʺ, 2012 et ʺScars of Aeonsʺ, 2016), est le révélateur d’un groupe profond et imaginatif. Je ne sais pas comment il faudrait s’arranger pour voir ce groupe sur scène. Pleurnicher auprès des organisateurs du DesertFest d’Anvers semble la solution la plus réaliste car aucune trace de concert concernant Warcrab n’est disponible sur le Net en ce moment.

Le groupe :

Martyn Grant (chant)
Paul “Budgie” Garbett (guitare)
Leigh Jones (guitar)
Geoff Holmes (guitar lead)
Dave “Guppy” Simmonds (basse)
Rich Parker (batterie)

L’album :

“Perpetua” (01:59)
“Halo of Flies” (05:20)
“In the Arms of Armageddon” (05:27)
“Blood for the Blood God” (05:49)
“Abyssal Mausoleum” (08:25)
“Magnetic Fields Collapse” (04:22)
“Kraken Arise” (03:35)
“Unfurling Wings of Damnation” (07:33)
“Swords” (06:18)
“Damnati” (03:13)

https://www.facebook.com/WarCrab666/

Pays: GB
Transcending Obscurity
Sortie: 2019/08/30