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WHO, The – Live at Leeds

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Après leur chef-d’œuvre ʺTommyʺ, paru en mai 1969, les Who entament une série de tournées marathon afin d’en faire la promotion. Après une tournée anglaise de printemps, ils envahissent les Etats-Unis, triomphent à Woodstock en août et font coup double avec un passage au premier festival de l’île de Wight ce même mois. En octobre 1969, les Who sont de nouveau sur les scènes américaines, et ceci durant deux mois.

Cette longue période passée en concert a laissé inoccupé le terrain des charts. Et les Who ont quelques difficulté à reconquérir l’audience avec leur single ʺThe seeker/Here for moreʺ qui sort en avril 1970 et ne fait que 19ème durant 11 semaines. Track, leur maison de disques, commercialise alors trois singles extraits de ʺTommyʺ mais ceux-ci disparaissent très rapidement des classements. Autre drame : lors de l’inauguration d’une discothèque à Hatfield, le 4 janvier 1970, le batteur Keith Moon voit sa Bentley assaillie par une horde de Skinheads. Il recule en hâte et tue net son garde du corps Neil Boland. Keith, dont la vie effrénée est de plus en plus marquée par l’alcool et les pilules, restera traumatisé par cet accident. Sur le front de la scène, les Who ont démarré l’année 1970 par une série de concerts en Europe, dans les opéras de Cologne, Berlin, Hambourg, Amsterdam, Copenhague et le Théâtre des Champs-Elysées à Paris. Ils y jouent l’intégralité de ʺTommyʺ. La performance est d’ailleurs enregistrée en intégralité lors du concert de Leeds le 14 février 1970. Ce concert va donner lieu au ʺLive at Leedsʺ qui sort en mai 1970, mais dans une version considérablement écourtée. Il n’est pas question ici de l’intégrale de ʺTommyʺ mais des six titres ʺYoung man bluesʺ, ʺSubstituteʺ, ʺSummertime bluesʺ, ʺShakin’ all overʺ, ʺMy generationʺ et ʺMagic busʺ. Avec seulement trois chansons originales des Who, cet album live est d’une austérité qui tranche avec l’emphase et la complexité de ʺTommyʺ. Cela ne l’empêche pas d’atteindre la 3ème place au Royaume-Uni et la 4ème place aux Etats-Unis.

Avec le temps, cet enregistrement semble bien rude et peu communicatif par rapport à la version améliorée qui a été réédité en CD en 1995. Quatorze titres au lieu de huit, cela parle de soi-même. Les titres du disque original faisaient déjà montre d’un hard-rock rugueux, lancé directement dans le public sans autre forme de procès. Le CD de 1995 y ajoute de la vie, apportant au ʺLive at Leedsʺ la continuité d’un authentique concert, avec un groupe qui parle avec le public et qui plaisante avec lui (notamment sur les Allemands…). On retrouve alors des versions inédites de ʺHeaven and hellʺ, ʺI can’t explainʺ, ʺFortune tellerʺ, ʺTattooʺ, ʺHappy Jackʺ, ʺI’m a boyʺ, ʺA quick one” (une version bien arrachée de l’original figurant sur ʺA quick oneʺ de 1966. Mais l’intrigue vient avec ʺAmazing journey/sparksʺ. Tout le monde sait que ce titre est extrait de ʺTommyʺ et qu’à cette époque, ʺTommyʺ était toujours joué sur scène en intégralité. La preuve fut donc faite que le ʺLive at Leedsʺ durait plus longtemps qu’il n’en avait l’air.

L’exploitation commerciale de notre bas-monde étant devenue aujourd’hui une priorité, il ne fallut pas attendre 25 ans mais seulement 9 ans pour voir surgir le ʺLive at leedsʺ complet avec ses titres de tuerie et l’intégrale de ʺTommyʺ. Ce qui aboutit aujourd’hui à un seul mot d’ordre : mettre la main sur la version CD de luxe de 2003, qui peut en elle-même faire figure de best of absolu des Who. Et je pèse mes mots : c’est facilement un des dix albums de l’île déserte pour tout hardos qui se respecte, l’alliance idéal entre l’esprit des Sixties, l’énergie des Seventies et la vision prospective des années 80 et 90. Le single ʺSummertime blues/Heaven and hellʺ qui accompagne la sortie du ʺLive at Leedsʺ se classe 38ème dans les charts anglais durant quatre semaines. Il semble que les Who n’aient plus la côte avec leurs 45 tours mais c’est aussi un signe des temps : les années 70 voient arriver la suprématie du 33 tours et des concept-albums.

Les Who partagent alors leur emploi du temps de 1970 entre la préparation de leur prochain album, une tournée américaine (juin/juillet 1970), un triomphe au deuxième festival de l’île de Wight le 29 août et une tournée européenne et anglaise durant l’automne. Au sujet de l’île de Wight, les Who jouent l’intégrale de ʺTommyʺ et ce fabuleux concert sortira en 1996 sur Castle. C’est un excellent document qui montre les Who au sommet de leur forme et qui existe aussi en version filmée dans un DVD hautement recommandé. Le 20 décembre 1970, les Who terminent l’année avec l’ultime interprétation de ʺTommyʺ à la Roundhouse de Londres, avec un certain Elton John en première partie.

L’histoire de ce live légendaire ne s’arrête pas là. Universal Music réalise en novembre 2010 une édition du 40e anniversaire, proposant l’intégrale du show de Leeds du 14 février 1970, assortie du concert complet du groupe à l’université de Hull le lendemain, plus une réplique du premier vinyle à six morceaux et une copie du 45 tours ʺSummertime blues/Heaven and hellʺ. En novembre 2014, le concert complet est édité dans l’ordre de la set list sur iTunes et HDtracks, avec restauration du bavardage et des blagues des musiciens entre les morceaux. En novembre 2016, Universal Music sort à nouveau le concert complet sur triple vinyle aux armes du label d’origine, Polydor, remastérisé aux studios Abbey Road avec une pochette dépliante à six volets, sur lesquels on trouve photos et notes à profusion.

Enfin, notons que l’album ʺLive at Leedsʺ est 170e sur la liste des 500 meilleurs albums de tous les temps du magazine Rolling Stone, et qu’une plaque commémorative a été apposée sur les murs de l’université de Leeds, sur les lieux mêmes où se déroula le concert.

Première édition : 3 mai 1970 (vinyle, Track 2406 001)
Dernière édition : 2017 (vinyle 180 gr, remastérisé, pochette double, Polydor 5774830)

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