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ZEAHORSE – Let’s not (and say we did)

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Avec leurs têtes décontractées et leurs mines de geeks joviaux semblant sortir d’une fête donnée dans un institut de technologie, les Australiens de Zeahorse cachent bien leur jeu. En effet, quand on découvre la musique de leur troisième album ʺLet’s not (and say we did)ʺ, on se retrouve confronté à un univers tendu et rêche, frustré et colérique, projetant des sons extrêmement lourds et énervés, rongés par une déception envers le monde qui donne envie de serrer les poings et les dents tout en imaginant une revanche sur cette société décadente et cynique qui brise les espoirs et les joies adolescentes dans l’œuf.

Morgan Anthony (guitare et chant), Max Foskett (guitare), Ben Howell (basse) et Julien Crendal (batterie) sillonnent la région de Sydney depuis une dizaine d’années et avaient déjà un EP et trois albums à leur actif : ʺZeahorseʺ (2008, pour l’EP), ʺZeahorseʺ (2010), ʺPoolsʺ (2013) et ʺTorana dreamingʺ (2016). Dès ces premières œuvres, on sent tout de suite la tension et l’énergie qui habitent leur noise rock travaillé à coup de punk et qui rappelle des groupes comme Fugazi, Flipper ou des combos alliant stoner et punk, genre Mondo Generator ou The Dwarfs,

Les gens de Zeahorse exploitent fidèlement ce filon au cours de leur carrière et en viennent aujourd’hui avec ce qui pourrait être considéré comme leur chef-d’œuvre. ʺLet’s not (and say we did)ʺ contient en effet tout ce qu’il faut en termes de boucan dévastateur, de subversion textuelle (rien que le titre de l’album – Ne le faisons pas mais disons qu’on l’a fait – suffit à évoquer l’hypocrisie du monde contemporain et les défauts typiquement humains) et d’arrogance rageuse pour venir secouer le cocotier et nous bousculer dans nos petites habitudes. Ce qui domine les débats d’entrée de jeu, c’est l’énorme basse vrombissante de Ben Howell, agissant comme un rouleau compresseur lancé à toutes vitesses et aplatissant tout sur son passage. C’est l’âme de ce disque incroyablement puissant, qui n’est pas vraiment un album à guitares mais plutôt un album à basse, dans la grande tradition de ces groupes menés par des bassistes couillus, Thin Lizzy, Motörhead, Death From Above 1979 ou le P.I.L. de l’époque Jah Wooble.

Si la basse est cruciale dans ce disque, avec son rôle de pompe rythmique indestructible, il ne faut pas négliger pour autant les autres instruments, qui castagnent à tout va pour ériger un son énorme et des ambiances serrées. Le son de Zeahorse est carré et imparable, travaillant efficacement les nerfs sur des morceaux aussi bien rapides (ʺDesigner smilesʺ, ʺPanic lapsʺ, l’excellent ʺThe ladderʺ, l’urgent ʺOne of everythingʺ, la touche stoner granitique et surexcitée du final ʺDon’t laughʺ) que plus ralentis (ʺGuiltyʺ, ʺCut the slackʺ, ʺ20 nothingʺ). Là-dessus, un chant juvénile et dédaigneux, soutenu par des chœurs frappeurs, vient donner une teinte pessimiste, spectrale et vénéneuse à ce disque jubilatoire et carnassier.

Le rock australien reste ici fidèle à sa réputation de dureté et d’électrification à haut niveau. Les requins qui musardent à proximité des côtes australiennes n’ont qu’à bien se tenir car les surfeurs qui ont écouté l’album de Zeahorse pourraient bien venir planter leurs dents dans le cuir épais des squales, juste pour se défouler et inverser les rôles. Et tous ceux qui ne font pas de surf parce qu’ils n’habitent pas au bord de la mer ou qu’ils n’ont rien à f… de ce sport peuvent aussi écouter Zeahorse, l’un n’empêche pas l’autre. Vous mordrez ensuite qui vous voulez.

Le groupe :

Morgan Anthony (guitare et chant)
Max Foskett (guitare)
Ben Howell (basse)
Julien Crendal (batterie)

L’album :

ʺDesigner Smilesʺ (04:53)
ʺPanic Lapsʺ (03:22)
ʺGuiltyʺ (03:21)
ʺThe Ladderʺ (04:14)
ʺCut the Slackʺ (04:11)
ʺ20 Nothingʺ (04:28)
ʺOne of Everythingʺ (02:51)
ʺDon’t Laughʺ (05:48)

https://zeahorse.bandcamp.com/album/lets-not-and-say-we-did
https://www.facebook.com/Zeahorse/

Pays: AU
Autoproduction
Sortie: 2021/01/29

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