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Nuits du Bota 2014 : TRAAMS dans le bon waagon

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Malgré une affiche généreusement fournie, les annulations sont assez rares aux Nuits du Bota. Cette année, la seule à réellement nous contrarier est celle de The Julie Ruin qui marquait le retour aux affaires de Kathleen Hanna, monument du rock alternatif US au féminin. Ce sont dès lors les anglais de Traams qui ont grimpé d’un cran sur le programme de l’Orangerie ce mardi 20 mai.

En revanche, Hospitality n’ont pas eu droit à la même promotion et ont essuyé les plâtres devant une assistance on ne peut plus réduite, qui ne grossira malheureusement pas énormément au fil de la soirée. Ceci dit, le quatuor originaire de Philadelphie a entamé son set comme si de rien n’était, avec le plus bel hommage qui soit à la grande absente du jour. Amber Papini, la chanteuse, arborait en effet fièrement un t-shirt vintage de Bikini Kill rongé par les mites.

Celle-ci, relativement statique et peu enjouée, ne porte pas vraiment son groupe. Tout à fait le contraire du batteur qui, au milieu du set, échangera sa place contre celle du guitariste avec à la clé des parties nerveuses pas loin de constituer le sommet de leur prestation. On se trouve dans un environnement pseudo pop (le clavier omniprésent) complété par une basse dansante et une voix nasillarde presqu’enfantine. Si on pense aux Talking Heads ou à Gang Of Four de temps à autre, c’est de Sky Larkin qu’ils sont actuellement les plus proches à beaucoup d’égard, renommée et (non) charisme en tête.

JoyCut, le groupe qui a finalement été appelé à la dernière minute pour suppléer The Julie Ruin n’est pas tout à fait inconnu, en tout cas pour ceux qui étaient au concert de Sebadoh dans cette même salle en octobre dernier. Les italiens avaient en effet ouvert pour eux à l’époque, mais ils ont également joué en première partie d’Arcade Fire, d’Editors et d’Art Brut au fil des ans (ils se sont formés en 2003 tout de même).

Davantage électro expérimental à la Factory Floor qui aurait suivi une cure de Kraftwerk que rock ‘n’ roll pur et dur, le trio emmené par un chanteur à la voix trafiquée laisse également une large part aux percussions. Un batteur épileptique au jeu impressionnant est en effet secondé par un de ses compères qui frappe comme un sauvage sur une grosse caisse. Le tout agrémenté de projections sur écran géant pour un effet garanti. C’est toutefois lorsque le leader s’éloigne de sa console pour attraper une guitare que l’ensemble prend une tournure convaincante, à la fois énergique et noisy. Pointons également une cover du “Spanish Sahara” de Foals encore plus complexe que la version originale.

Ce qui nous amène à Traams, la tête d’affiche du jour bien malgré eux. Le trio en provenance de Chichester dans le sud de l’Angleterre avait déjà joué au Bota cette année. C’était en janvier dernier à la Rotonde pour la présentation de leur premier album, “Grin”. Mais contrairement à la scène de la petite salle, celle de l’Orangerie paraît bien trop grande pour eux. Et au lieu de se rapprocher pour les aider à concentrer leurs forces, ils vont tenter en vain d’en occuper l’espace. Heureusement, cela n’altèrera en rien leur énergie débordante et leur post punk à tendance rugueuse et rebelle fera le reste.

Sans avoir la tête de l’emploi (il porte une casquette et des lunettes), le leader à la voix aiguë et criarde, quelque part entre Andy Gill et Tom Verlaine, s’applique également à gérer une guitare qui l’est tout autant. À ses côtés, le bassiste installe une atmosphère froide et plombante juste ce qu’il faut pendant que le batteur impose une rythmique qui se révèle par moments hypnotique, comme sur l’excellente plage titulaire de leur album.

Prônant autant les titres courts et évidents, à l’instar de “Fibbist” et “Loose”, véritables hits en puissance, que les constructions plus complexes et allongées (“Klaus”, le final d’une dizaine de minutes bourré de breaks et de feedbacks sera particulièrement épique), ils boucleront leur prestation par un rappel qui renverra à Television et qui se terminera dans le chaos le plus total. Rendez-vous à Dour le 19 juillet pour les voir définitivement asseoir leur réputation.

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