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Audrey Horne : l’esprit rock made in Norway

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Comme chaque année, le groupe norvégien Audrey Horne nous revient avec un nouvel opus. Le millésime 2014 allait-il avoir autant de personnalité que celui de l’année précédente ? La seule façon d’en avoir le cœur net était d’aller les voir au Muziekodroom, seule escale belge de cette tournée d’automne 2014. Le Muziekodroom devient décidément un nouveau lieu incontournable pour les amateurs de métal. Après y avoir vu Lacuna Coil début novembre, me voilà de retour dans ce nouveau temple de la culture pour y assister à l’unique concert belge de la tournée du combo norvégien Audrey Horne. Au moment où les premières notes retentissent, je me dirige vers la salle pour aller voir le premier groupe de la soirée. Dans la salle, quasiment pas un chat. Au point que je me demande si je ne me suis pas trompé d’endroit. Mais non, c’est bien le premier groupe annoncé qui est sur scène et qui va commencer à jouer malgré une assistance très clairsemée.


Pet The Preacher est un groupe danois originaire de Copenhague. Sa musique se compose pour l’essentiel de Heavy Stoner Blues. Sur scène, trois musiciens : Christian Hede Madsen (voix, guitare), Torben Wæver Pedersen (basse et backing vocals) et Christian Von Larsen (batterie). Un son heavy aux forts accents de blues, sur des rythmes lourds et oppressants qui vous donnent l’impression de ressentir la chaleur moite du Mississipi. Dans la tendance «revival rétro», on a vu nettement pire. Le groupe défend plus que correctement les titres de son nouvel album «The Cave & The Sunlight», même s’il me faut avouer que le Stoner Blues n’est pas ma tasse de thé. Les quelques spectateurs présents ont l’air d’apprécier, ce qui me conforte dans mon analyse.


Quand le groupe suivant arrive sur scène, on sent immédiatement un choc culturel. Les tempos sont plus rapides. Plus question de rythmes oppressants mais des riffs de la mort qui tue sur des morceaux très punchy. Et quand le guitariste se met en mouvement, on a l’impression qu’une anomalie dans l’espace-temps nous a ramené au temps de la grandeur d’ACDC, période Bon Scott. Car les Espagnols de The 77’s assument et revendiquent même leur filiation avec le grand frère australien. Alors je sais que l’on entre ici sur un terrain sensible. ACDC et Bon Scott sont pour beaucoup incomparables et irremplaçables. Les puristes ont le don de se montrer intraitables sur ce point et de maudire jusqu’à la 37e génération les impudents qui oseraient commettre le sacrilège d’imiter l’inimitable… D’accord, mais le passé est le passé (heureusement qu’il nous reste les enregistrements audio et vidéo) et je fais partie de ceux qui vivent dans le présent tout en appréciant l’héritage du passé. Donc, faisant fi des humeurs bougonnes du noyau dur des adorateurs des prophètes «from down under», je me laisse entraîner dans la douce folie du combo espagnol. Mine de rien, les 77’s en sont déjà à leur 3e album. Force est de reconnaître que l’essentiel de leur inspiration a comme un air de déjà vu (et entendu). Pour que le son sonne encore plus comme dans le temps, le groupe utilise de bons vieux amplis Marshall et des guitares Gibson. Sur scène, c’est le guitariste LG Valeta qui capte toute l’attention. C’est un véritable prodige de virtuosité et un show man accompli. Armand Valeta (chant et guitare), Johnnie Dolphin (batterie) et Mr. Raw (basse) complètent le tableau. Ils nous jouent plusieurs morceaux de leur dernier cd en date «High Decibels» et me replongent pendant une grosse demi-heure dans un passé révolu qu’ils font revivre avec talent. Un véritable régal…


Arrive ensuite le plat de résistance avec le groupe Audrey Horne, originaire de Bergen en Norvège. L’assistance est un peu plus fournie, même si on reste loin de l’affluence qu’avait provoquée la venue de Lacuna Coil quelques semaines auparavant. Une prestation d’Audrey Horne est toujours une fête. Comme à chaque fois, les Norvégiens se donnent à fond pour présenter un show d’enfer. Car qu’ils jouent devant 50 ou 1000 personnes, ils déploient toujours une débauche d’énergie sur scène. Après le générique des Muppets qui annonce l’arrivée du groupe, le spectacle commence. Le maître d’œuvre de la soirée est le chanteur Toschie, habillé d’une belle chemise blanche avec cravate, qui contraste avec la tenue très rock de ses acolytes Ice Dale (guitare), Kjetil Greve (batterie), Espen Lien (l’homme à la basse et à la casquette) et Thomas Tofthagen (guitare). Une fois terminée l’intro (qui n’est autre que le générique du Muppet Show), c’est parti pour 15 titres de rock made in Scandinavia.

Bien que plusieurs membres du groupe soient issus de la scène Black, Thrashcore ou Hard/Stoner, Audrey Horne propose un son rock très mélodique, d’inspiration assez classique, mais avec un côté moderne malgré tout. Les deux premiers morceaux «Wolf in My Heart» et «Holy Roller» sont tirés du nouvel album «Pure Heavy». La version live est plus rock que la version de l’album, comme souvent du reste. Le groupe enchaîne avec «Youngblood» et «There Goes A Lady» (tirés tous deux de l’album «Youngblood»). Des mélodies accrocheuses, des rythmes soutenus, des riffs de guitare comme s’il en pleuvait… Bref, un concentré d’énergie! Le public adhère pleinement. Retour au dernier album avec «Volcano Girl» et «Out Of The City». Certains critiques avaient reproché au dernier album d’avoir recours à trop de fioritures pas très métal et je me réjouis que sur scène, le groupe ait décidé de dépouiller les morceaux de leurs oripeaux inutiles pour se concentrer sur l’essentiel: le rock. Vient ensuite le super catchy «Tales From The Crypt» qui, dès la première écoute, vous reste dans l’oreille comme s’il s’agissait déjà d’un grand classique.

Impossible de faire sans l’excellent «Pretty Little Sunshine» de l’album précédent, qui est déjà un classique du groupe. Enchaînement bien pensé avec «Into The Wild», un de mes morceaux préférés du nouvel album. Pour contenter les fans, retour à l’album précédent avec deux autres super titres: «Show And Tell» et «Blazes Of Ashes». C’est super bien écrit et magnifiquement joué sur scène. Un régal. L’amateur de hard rock mélodique que je suis est à la fête. Et ce n’est pas fini. Puisque le groupe termine sa prestation par un autre grand titre de l’album Youngblood: «Straight Into Your Grave».

Pendant les rappels («Redemption Blues», «Waiting For The Night» et «This Ends Here»), les musiciens descendent même jouer dans le public (sauf le batteur, pour des raisons évidentes). Un vrai groupe rock, proche de son public, et des musiciens qui prennent un pied gigantesque sur scène. Un groupe à voir et à revoir!

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Photos © 2014 Hugues Timmermans

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