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L’espace infini selon The Dears

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On ignore s’il s’agit de méticulosité ou de procrastination mais les albums de The Dears ne sont pas légion. Encore que, “Times Infinity Volume One”, leur dernière livraison millésimée… 2015, vient à peine d’arriver officiellement en Europe. L’occasion pour les Canadiens de s’arrêter à la Rotonde du Botanique ce mardi 21 février.

Ils en ont profité pour emmener avec eux leurs compatriotes de Plants And Animals qui sont loin d’être des inconnus puisqu’ils avaient joué aux Nuits du Bota avec Cold War Kids en 2013 et, pas plus tard que l’an dernier, en ouverture d’Eleanor Friedberger. Malgré un quatrième album sorti récemment (“Waltzed In From The Rumbling”), ils semblent condamnés à jouer les seconds couteaux.

Pourtant, d’un point de vue rock ‘n’ roll vintage, ils n’ont de leçons à recevoir de personne. Adeptes d’un son analogique savamment construit autour de parties de guitares aux effets détonants, ils étalent leur dextérité au travers de compositions structurées parsemées de breaks et d’écarts, le tout chapeauté par une voix parfaitement adaptée à l’environnement. Malgré un pedigree très US, on pourrait les comparer aux Anglais de Supergrass du temps de leur exploration obsessionnelle des seventies.

La dernière visite de The Dears en Belgique remonte à 2011 où ils avaient enchanté le Club de l’AB en support de l’excellent “Degeneration Street”, l’album qui leur avait redonné des couleurs. “Times Infinity Volume One”, son successeur, est sorti dans leur pays natal en 2015 et un Volume Two était prévu pour cette année. Mais finalement, c’est le premier qui bénéficie d’une sortie officielle sur le Vieux Continent. Allez comprendre…

Ceci dit, Murray Lightburn, plus élégant que jamais (il est apparu en col et cravate) va d’emblée se montrer convaincant sur “We Lost Everything” suivi du groovant “I Used To Pray For The Heavens To Fall”, les deux titres d’intro de la soirée qui sont également ceux de la plaque en question. Il faut dire que le leader en impose par sa voix et vit ses compositions comme jamais (ses rides d’expression sont à deux doigts de lui exploser les veines du visage).

S’il laissera rapidement tomber la veste, ce n’est que pour mieux se concentrer sur son sujet (et sa guitare). La première partie de la prestation du groupe va ainsi monter en crescendo, à l’instar du travaillé “Who Are You, Defenders Of The Universe?” et atteindre son paroxysme via un speedé “5 Chords” (curieusement le seul extrait de “Degeneration Street” joué ce soir).

À la droite du leader se trouve son épouse Natalia Yanchak, claviériste de son état et vocaliste à ses heures. Présente depuis les débuts du groupe, les mauvaises langues diront qu’elle est la seule à supporter les sautes d’humeurs de son mari qui a la réputation de collectionner les musiciens pour cause d’incompatibilité. Le batteur, le guitariste et le bassiste derrière eux ont donc intérêt à bien se tenir s’ils veulent terminer la tournée.

En tout cas, musicalement parlant, on n’aura rien à leur reprocher si ce n’est un faiblard “Disclaimer” au milieu du set qui aura le mérite de laisser souffler le public quelques instants avant de reprendre de plus belle via un excellent nouveau titre, “Here’s To The Death Of All The Romance”. Celui-ci démontre qu’ils ont de la suite dans les idées puisqu’il fait référence à un extrait de “No Cities Left” (“22: The Death Of Romance” avec lequel ils clôtureront le concert plus tard dans la soirée).

À ce propos, le hit “Lost In The Plot” n’a pas pris une ride (on pense toujours, d’un point de vue vocal en tout cas, à la fusion des voix de Morrissey et de Damon Albarn) alors que la version de “Hate Then Love” sera tout simplement parfaite. Bien que très réussis, “Face Of Horrors” et “Onward And Downward” (avec la voix de Natalia qui renverra à… Dido) n’ont peut-être pas encore le potentiel pour clôturer un set principal.

Il s’agira du second bémol mais il sera bien vite effacé par des rappels qui verront Murray Lightburn tirer la couverture à lui dans un premier temps avec de lumineuses versions acoustiques de “Lights Off” et “There Goes My Outfit” à la guitare. La fin sera nettement plus classique (mais toujours aussi efficace) puisqu’elle fera se succéder “The Second Part” et le fameux titre susmentionné interprété en duo avec son épouse pour un résultat cacophonique mais démentiel. Le temps a beau passer et les salles devenir de plus en plus petites, les Montréalais restent une valeur sûre du circuit indie.

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