Algiers au Bota : Sunday fever
Malgré des temps troublés propices aux sursauts contestataires, peu de groupes sortent du bois pour monter au créneau. À tel point que Franklin Fisher et ses camarades d’Algiers semblent même plutôt isolés à ce niveau. Qu’à cela ne tienne, ils ont fait régner un vent de rébellion sur le Witloof Bar du Botanique ce dimanche 19 novembre.
Un Witloof Bar plein à craquer qui allait bien vite se transformer en sauna sous les coups de boutoir d’un groupe qui nous avait déjà impressionnés lors de leur passage à l’
AB Club voici deux ans. Entre-temps, le batteur Matt Tong (ex-Bloc Party) a terminé sa période d’essai et à rejoint officiellement le line-up. Il a ainsi participé aux enregistrements de “The Underside Of Power”, un deuxième album encore plus déstabilisant que leur coup d’essai (et de maître) éponyme.
Le leader va d’ailleurs d’emblée s’y plonger et se montrer possédé sur un dantesque “Walk Like A Panther” et un furieux “Cry Of The Martyrs”, les deux premières plages de la plaque qui seront également celles du concert de ce soir. Il est entouré du guitariste Lee Tesche, friand d’expérimentations sonores peu conventionnelles (il utilise régulièrement un archet et piétine une guitare sans manche à même le sol) et du bassiste Ryan Mahan.
Celui-ci, littéralement habité, alternera les mouvements démonstratifs de Robert Trujillo (Metallica) et ceux, beaucoup plus saccadés, d’un moniteur de tecktonik. Quant à Matt Tong, il va tant bien que mal réussir à coordonner l’ensemble, peu aidé par la configuration des lieux. En effet, les colonnes sur scène vont bien souvent l’empêcher de communiquer visuellement avec ses partenaires dans leur trip. Un Franklin habité ira ainsi rapidement prendre un bain de foule avant de s’asseoir furtivement devant son piano, d’agiter des maracas et de dégager un tambourin tout en se roulant par terre.
Vous l’aurez compris, à un concert d’Algiers, le spectacle est total mais tout à fait en adéquation avec l’esprit contestataire qu’ils véhiculent. Leurs textes, bien entendu, mais aussi leurs gestes même si ce soir, la scène était trop étroite pour accueillir leur banderole blanche arborant l’inscription “Power to the people”. Celle-ci sera toutefois posée sur un ampli à droite du batteur et servira plus tard de matelas au piano du chanteur lorsqu’il le rangera dans son flight case.
Mais dans l’intervalle, quasi toute la nouvelle plaque sera défendue avec des moments intenses (l’hypnotique “Death March”, “Animals”) auxquels succèderont d’autres plus délicats (“Mme Rieux”) et de surprenantes parties presque gospel (“Hymn For An Average Man”). Un peu plus tard, l’excellent “The Underside Of Power”, véritable hit en puissance, clôturera le set principal de sa vision soul à la Cee-Lo Green. Parmi les rares anciens titres, retenons un glacial “Claudette” et, en guise de rappel, un aussi oppressant que groovant “But She Was Not Flying”.
Hyper accessibles, les musiciens assureront ensuite le service après-vente en partageant leurs points de vue avec des fans qui dévaliseront le stand merchandising au passage. Next step, la Rotonde ?