Double virée Nocturne pour Girls In Hawaii à l’AB
Pour la première fois de leur carrière, les Girls In Hawaii ont rempli la même salle deux soirs d’affilée. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agissait de l’Ancienne Belgique ces lundi 4 et mardi 5 décembre. L’occasion de découvrir le traitement live réservé à “Nocturne”, leur très réussi quatrième album.
Tout comme lors du doublé Front 242 quelques jours plus tôt, ils avaient invité un support différent chaque soir, avec, ici aussi, des fortunes diverses. Bien qu’hyper stressé, le très jeune Halehan va ainsi se montrer convaincant le lundi grâce à une voix captivante (entre Yoav et Jonathan Donahue de Mercury Rev) et une maîtrise parfaite de ses instruments, guitares en tête.
On lui reprochera peut-être ses longues tirades ou sa connexion avec Michael Bublé en composant sa chanson de Noël, mais on est tout de même curieux de voir son évolution d’ici six mois ou un an. En revanche, le mardi, Marc Melià peinera à faire l’unanimité avec ses compositions expérimentales à mi-chemin entre rock planant et électro, chapeautées d’une curieuse voix trafiquée.
Depuis la présentation de “Nocturne” dans les locaux de Chez [PIAS] en septembre dernier, les six membres de Girls In Hawaii ont travaillé d’arrache-pied dans l’ombre. De répétitions en résidences, ils ont préparé minutieusement leur retour sur les planches et en particulier ces deux soirées très attendues à l’AB qui affichaient sold out depuis des lustres.
Malgré quelques dates récentes à l’étranger dans des salles de capacité plus que correcte, la pression semble quelque peu tétaniser les musiciens qui se décrisperont toutefois sur “Switzerland”, premier moment fort de la soirée, d’autant qu’il sera couplé à un toujours aussi troublant “Misses” sur fond d’étoiles lumineuses. Avant cela, “This Light” et “Indifference” serviront davantage de galop d’entraînement que de point de départ tonitruant.
Ceci dit, une personne a plus le trac que les autres. Il s’agit de Bryan Hayart, le nouveau batteur positionné en hauteur à l’arrière gauche de la scène. Il effectue son baptême du feu à l’AB alors que ses compagnons collectionnent les moments forts ici même (on pense à la soirée Bang! en 2004 ou aux 35 ans de l’AB en présence des souverains). Ceci dit, il va bien vite se sentir comme un poisson dans l’eau, bien aidé par une gent féminine qui n’a d’yeux que pour lui. Pour l’anecdote, signalons également qu’Antoine Wielemans a (enfin) rasé sa moustache et qu’il n’utilise plus qu’un seul micro, laissant le soin à l’ingé son de gérer les parties saturées en lieu et place du vieux cornet de téléphone de l’époque.
En parlant de technologie, il est essentiel de s’arrêter sur l’époustouflant light show d’apparence simple (une rangée horizontale de mini leds et trois carrés constitués de néons) qui va magnifier l’environnement et transcender le ressenti de certains titres. On pense notamment aux effets subtilement obscurs d’“Up On The Hill” (injustement préféré à “Changes Will Be Lost” le premier soir) et à ceux, mauve et vert de “Guinea Pig” lors des rappels.
Déjà aperçues sur “Everest”, des influences électroniques mesurées jalonnent “Nocturne” et prennent une place prépondérante sur scène sans toutefois altérer les parties vocales bourrées d’émotion. La seconde moitié de “Bue Shape” et “Monkey” renvoient ainsi à Archive en plus poppy alors que “Walk” puise ses influences dans la variété des années 80 avec plus ou moins de réussite.
Ceci dit, c’est lorsqu’ils montrent les crocs et haussent le ton qu’ils deviennent tout bonnement excellents. On se régalera notamment d’un incroyable “Time To Forgive The Winter”, d’un stroboscopique “This Farm Will End Up In Fire” et d’un “Birthday Call” tout simplement parfait. Un peu plus tard, “Rorschach” permettra au claviériste d’arpenter la scène complètement déchaîné en clôture du set principal.
Outre le précité “Guinea Pig”, le seul titre commun des rappels sera “Colors” et son xylophone Fisher Price joué en équilibre par Lionel Vancauwenberghe. Pour le reste, les spectateurs du premier jour pourront narguer ceux du second pour avoir eu droit à deux exclusivités. Une version acoustique de “Plan Your Escape” signée Antoine et Lionel ainsi qu’une cover de Grandaddy, un groupe auquel on les a souvent comparés. Pour la petite histoire, “A.M. 180” avait été interprété par ces derniers sur cette même scène en avril.
Le lendemain, ils privilégieront l’atmosphérique “Connection” et un décoiffant “Flavor” dans sa version initiale (ils avaient curieusement débuté le set de la veille avec une vision électro de ce titre). Mission accomplie, c’est l’esprit serein qu’ils ont embarqué dans leur bus de tournée pour la suite de leurs aventures à l’étranger avant de revenir pour une tournée belge en février et au Dour Festival cet été.