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Ry X version philharmonique

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S’il fallait choisir un seul terme pour caractériser la prestation de Ry X ce dimanche 25 février à l’AB, on choisirait sans hésiter celui d’exclusif. En effet, sa collaboration avec le Brussels Philharmonic Soloists restera sans doute inédite. Histoire de respecter la philosophie de la soirée, le barbu Australien avait invité Hannah Epperson en vue d’étrenner le tapis feutré de sa voix d’ange (un peu) et de ses parties de violon magique (nettement plus) au milieu de judicieux loops. Timide en s’adressant au public, la petite blonde devient tout bonnement intraitable lorsqu’elle manie l’archet et ira même jusqu’à devenir mystérieuse en utilisant le micro de son instrument en toute fin de set…

Lors de son passage aux Nuits du Bota en 2016, Ry X avait déjà subjugué l’Orangerie. C’était à l’époque de la sortie de l’album “Dawn”, perle truffée de joyaux mélancoliques. Avant de clore ce chapitre et d’en ouvrir un nouveau, il a eu l’idée géniale de réarranger ses morceaux avec l’aide d’un orchestre symphonique pour ce qui ne devait rester qu’un one shot. Mais la recette a tellement bien fonctionné qu’il a décidé de réitérer l’expérience pour une poignée de dates avec la contrainte qu’il devait s’agir de musiciens locaux.

C’est ainsi qu’une douzaine de membres du Brussels Philharmonic Soloists a pris place du côté gauche de la scène de l’AB sur le coup de 21h. Parmi les instruments représentés, pointons deux cors et un carillon tubulaire au milieu d’une volée de violons et d’instruments à cordes. Le décor, sobre et intimiste, se limite à quelques bougies destinées à timidement illuminer une obscurité apaisante. Cette association prendra d’ailleurs tout son sens dès “Sweat”, l’impeccable titre d’intro en crescendo qui donnera déjà des frissons.

Outre un bonnet qu’il conservera pendant tout le concert (bon, ok, il fait froid dehors, mais bon…), le bonhomme porte une chemise printanière généreusement ouverte sur un t-shirt noir. Mais c’est d’abord et avant tout sa voix envoûtante qui marque les esprits. D’autant que les spectateurs subjugués vont observer un silence respectueux, amplifiant davantage le caractère bouleversant de la prestation (“Hounds” sera tout bonnement majestueux). Autour de lui, un batteur et deux claviéristes dont un nouveau venu dans le groupe qui s’improvisera chef d’orchestre en communiquant gestuellement avec les solistes.

En parlant des solistes, leur plus-value sera essentielle et les titres métamorphosés. On est ici en présence d’un artiste qui ne tire pas la couverture à lui seul mais laisse au contraire l’orchestre s’exprimer. Résultat, un titre comme “Salt”, bien qu’allongé, sera bonifé et pas seulement grâce à son final prenant. De nouvelles compositions seront également testées avec bonheur, dont une plus rythmée à l’impeccable nappe classique (titre de travail : “Bon Bon”…)

Avec “Berlin”, on pensait avoir atteint un sommet mais on était loin du compte. En effet, la montée sur scène d’Hannah Epperson allait encore faire grimper l’intensité d’un cran, son violon se démarquant des autres de la plus naturelle des manières. Elle ajoutera notamment son grain de sel à “Shortline” (un petit frère du “Breathe Me” de Sia) et à l’excellent “Body Sun”, qui donne son nom à la tournée. Elle assurera également les chœurs lors de l’uptempo “Howling”, neuvième et dernier titre du set principal, qui ne sera pas le moins réussi. À l’instar du bouleversant “Only”, unique (!) rappel qui donnera la chair de poule. Si Ry X a réalisé un rêve avec cette collaboration, il a par la même occasion comblé un des nôtres, avec la prouesse qu’il était encore subconscient au moment de pénétrer dans la salle.

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