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Interview d’Elliott MURPHY pour Music in Belgium

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A l’occasion de la sortie de son nouvel album, Elliott Murphy nous a fait le plaisir de nous accorder une interview. Rappelons qu’il sera ce samedi 22 novembre au Spirit of 66. C’est dans l’ambiance d’un café-brasserie bruxellois que nous avons retrouvé notre ami Elliott. Il nous parle de son nouveau double album “Strings of the Storm”.

MiB (Music in Belgium) : Sur ton dernier album, je ressens une certaine tristesse ou mélancolie. Cela provient-il du contexte international, des attentats du 11 septembre ou de quelque chose d’autre ?
E.M. (Elliott Murphy) : Je pense que “Strings of the Storm” est comme une rivière. Cela dépend un peu où tu poses tes pieds mais en fait, je pense que “Strings of the Storm” est un album optimiste. C’est aussi une combinaison de ma carrière. J’y ai mis une très vieille chanson américaine et une chanson de Neil Young. Cela fait 30 ans que je joue de la musique et cela doit être mon 25ème ou 26ème album. A ce stade, tu as tendance à regarder une petit peu ce qui s’est passé durant toute ces années. En fait, cet album représente toutes mes humeurs.

MiB : Parlons maintenant des chansons de l’album. La première dont je voudrais que tu me parles est “The Poet and the Priest”, à mon avis une des plus importante.
E.M. : J’ai commencé à écrire cette chanson à l’occasion de funérailles, assis dans une église. Les mots me sont venus spontanément. Après les funérailles, j’ai accompagné des amis dans un café et le film s’est alors mis en place. Beaucoup de mes chansons sont en fait de petits films tournant dans mon imagination. C’était aussi une époque où il y avait beaucoup d’étranges scandales aux Etats-Unis.

MiB : A propos de “The Future”, as-tu des doutes sur ce que les nouvelles technologies ou la recherche pourraient nous apporter ?
E.M. : J’avais une chanson il y a quelques années dans laquelle je disais que le futur changeait si rapidement que même Bill Gates ne pouvait l’appréhender. Les choses changent si vite avec les ordinateurs et internet et je ne sais pas où cela va nous mener… “The Future” est un des meilleurs exemple de chanson dont l’écriture m’est venue automatiquement comme viennent les mots à la bouche. Je ne sais pas ce dont le futur sera fait, mais tout va très vite.

MiB : Passons à “Temple bar”.
E.M. : “Temple bar” a été écrite en Irlande, lorsque j’ai fait ma première visite là-bas. Mes ancêtres sont irlandais et je n’y avais jamais été. C’était la première fois que j’y allais l’année dernière. C’était pour moi une reconnection à mes racines irlandaises.

MiB : A propos de “The bank of the Ohio”, sais-tu d’où provient ce traditionnel américain ?
E.M. : C’est une très vieille chanson traditionnelle. On la retrouve sur une compilation qui s’intitule de “The Harry Smith Anthology”. C’est un album de chanson folk américaine sorti à la fin des années 50. Harry Smith y a réuni des chansons des années 20, 30 et 40 dont on ne connaît pas l’origine ni de quand elles ont été écrites. Ces chansons ont eu une grande influence sur le mouvement folk américain des années 50. Elles ont influencé des gens comme Bob Dylan ou Joan Baez.

MiB : Peut-on encore trouver cet album actuellement ?
E.M. : Oui car il vient d’être réédité. Ils ont fait une exposition au Centre Pompidou récemment sur Harry Smith parce qu’il a aussi réalisé des films. Les organisateurs m’ont demandé de venir jouer des morceaux. Je me suis donc replongé dans ces morceaux que je ne connaissais pas trop bien. Ces chansons sont si naturelles que j’ai décidé d’en inclure une dans l’album.

MiB : Chanson suivante, “The last star of the night”
E.M. : Je pense que c’est une des “Jet-Lag songs” que j’ai écrites. En fait j’ai écrit 5 chansons en 5 jours. De retour de New York au mois de janvier, j’ai été victime du “Jet-Lag”. Je me réveillais vers 2 heures du matin. J’allais dans mon studio et j’écrivais les chansons.

MiB : Préfères-tu l’ambiance nocturne à celle du jour comme la chanson “Jet-Lag” le laisse supposer ?
E.M. : Oui, les gens sont différents. C’est calme chez moi après minuit. Mon fils et ma femme dorment, et puis je travaille la nuit. Je commence à travailler le soir quand je donne des concerts. Aussi, si je devais commencer à 8 heures du matin, cela ferait longtemps avant de commencer à travailler. Vaut mieux se lever à 16 heures.

MiB : Parlons maintenant de “From room 102”
E.M. : C’est typiquement une chanson écrite dans une chambre d’hôtel en Italie. Je revenais d’un concert de Bruce Springsteen. J’avais joué avec lui sur scène et le jour suivant j’étais à la chambre 102.

MiB : A propos de “Look around you”, je pense que comme “The Poet and the Priest”, c’est une des plus puissantes chansons de cet album. Qu’en dis-tu ?
E.M. : Je ne sais pas ce qui est important dans l’album, mais j’ai été surpris de voir sur internet mes fans essayer de décider quelle était la chanson qu’ils préféraient et celle-ci était en première position.

MiB : C’est aussi ma préférée! Au sujet de la reprise de “Bird” de Neil Young, pourquoi celle-là ?
E.M. : J’avais des parties qui me trottaient dans la tête depuis longtemps, mais je ne savais pas de quelle chanson cela provenait. J’ai demandé à plein de gens, mais personne ne connaissait. Lors d’un souper avec Bruce Springsteen, son agent et son manager, je leur ai chantonné la mélodie et Bruce a dit : “Je pense que c’est une chanson de Neil Young”, et son agent a ajouté “Oui, cela provient de l’album After the Gold Rush”. Alors, j’ai décidé de l’enregistrer.

MiB : Quand tu écris une chanson, commences-tu par les paroles ou la musique ?
E.M. : Cela peut commencer des 2 façons. Parfois je suis comme ici dans un restaurant et je penses à certains mots. Je les griffonne et, quand je rentre, je prends la guitare, je pense à certaines mélodies et tout se met en place. Je ne suis pas comme Elton John et Bernie Taupin. Bernie Taupin écrivait les paroles et Elton John la musique. Je ne sais pas travailler comme cela.

MiB : Tu sembles te sentir bien avec tes musiciens actuels. La collaboration va-t-elle durer ?
E.M. : Je suis fidèle aux musiciens qui me sont fidèles. Ernie Brooks par exemple joue avec moi depuis 25 ans. Olivier Durant tient la guitare depuis 8 ans. Mon batteur Dany Mongomery est américain et vit à Paris. C’est le second album qu’il fait avec moi. Les musiciens qui jouent avec moi en ce moment forment une sorte de famille.

MiB : Quand tu as sorti “La terre commune”, c’était avec Iain Matthews. Lors d’une interview, tu avais dis que cette collaboration allait continuer. Les choses ont-elles changé ou y a-t-il des projets avec Iain ?
E.M. : Et bien, cela pourrait continuer mais tu sais actuellement il est difficile de faire plus d’un album par an. “La terre commune” a été une bonne expérience avec Iain et nous pourrions bien recommencer. Quand j’ai dit que cette collaboration allait continuer, cela ne voulait pas dire que j’allais arrêter ma carrière solo pour autant. Cela reste donc un projet mais aucune date n’est fixée.

MiB : Te souviens-tu de la première fois où tu as joué en Belgique ?
E.M. : Oui, c’était au Beursschouwburg, près de la Bourse. C’était en 1979.

MiB : Une question à propos du Spirit Of 66. Beaucoup de musiciens et de groupes semblent aimer jouer dans cette petite salle où tu t’es déjà produit plusieurs fois. Que penses-tu que les musiciens trouvent au Spirit ?
E.M. : J’y ai déjà joué trois fois. Ce sera la quatrième donc. Ce club n’est pas si petit que çà puisqu’il peut contenir 350 personnes je pense, alors que certains clubs que je connais ne peuvent accueillir que 100 personnes. La plupart des clubs comme le Spirit Of 66 ont disparu et ont été remplacés par des clubs de disco ou de techno. J’ai un peu la nostalgie des clubs dans lesquels j’ai joué dans les années 80 et qui ont un contact si proche avec le public. Et puis, rien que le nom Spirit Of 66 ne pouvait que m’attirer. Pour moi, c’est aussi un peu un centre de réunion pour mes amis habitants en Allemagne, en Hollande, en Belgique, en France. On se retrouve là-bas.


La chronique de “Strings of the Storm”

Le Rédac’Chef

Photo de Maurice Maes

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