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Ciara, Dennis, Ellen, Sleater-Kinney

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Malgré le récent départ de la batteuse Janet Weiss, les rebelles de Sleater-Kinney n’ont absolument rien perdu de leur fougue. Au contraire, c’est un tourbillon qui s’est abattu sur l’Orangerie ce vendredi soir…

Une soirée débutée en présence d’une vieille connaissance puisque Katie Harkin n’est pas étrangère au Botanique. Elle y a déjà joué deux fois en tant que leader de Sky Larkin mais également comme claviériste de Wild Beasts en 2011. Désormais blonde et accompagnée d’une bassiste avec qui elle partage une insolente complicité d’un côté et d’une batteuse au jeu assez scolaire de l’autre, elle a présenté en primeur des extraits de son premier album solo à paraître fin avril.

Sur la demi-douzaine de titres au programme, trois sortiront aisément du lot. “Up To Speed” caractérisé par une voix nasillarde rappelant par moments celle de Beth Ditto, “Decade” et son environnement poppy à la Nada Surf mais aussi et surtout “Nothing The Night Can’t Change”, futur hit en puissance que n’aurait pas renié Florence Welch. Les années ne semblent pas altérer sa créativité.

Une fois le neuvième album de Sleater-Kinney en boîte, Janet Weiss a tiré sa révérence. La batteuse débarquée en 1996 n’adhérait vraisemblablement pas à la nouvelle direction musicale du groupe. Il est vrai que la production soignée signée Annie Clark alias St. Vincent sur “The Center Won’t Hold” arrondit les angles (on dirait par moments du Garbage adouci) mais n’enlève en rien la teneur revendicative et féministe des textes.

Corin Tucker et Carrie Brownstein (les deux membres fondatrices) ont donc pris acte de la décision de leur désormais ex-camarade et regardé vers l’avant. Elles ont dès lors assemblé un nouveau backing band en vue de tourner cette nouvelle plaque. Aux côtés de la fidèle… Katie Harkin (guitare, chœurs, claviers), on retrouve ainsi désormais la batteuse androgyne Angie Boylan et la claviériste asiatique Toko Yasuda, une recrue recommandée par Annie Clark herself.

Entamé dans une atmosphère flippante, “The Center Won’t Hold” se muera ensuite en un premier déluge d’intensité prolongé par un enlevé “Hurry On Home”. Deux extraits du nouvel album qui nous rassureront quant au traitement live de celui-ci et qui n’auront rien à envier à “Price Tag” et “Bury Our Friends”, premières incursions dans le back catalogue récent du groupe.

Sur ce nouvel album, on retrouve notamment “The Future Is Here” et “Reach Out” au long desquels la guitare rappelle fortement celle de Martin Gore circa “Violator”. Rien de cela sur scène, on se retrouve au cœur d’un condensé décoiffant autant dicté par la complémentarité des voix vindicatives de Corin et Carrie que par leurs six cordes (sans compter celle de Katie). Des parties de claviers et de légères sonorités électroniques s’ajoutent désormais à l’équation (“Ruins”, “LOVE”) sans pour autant nuire à l’ensemble.

Les cinq musiciennes se produisent au milieu d’une multitude de tubes néon verticaux dont la couleur tamisée oscille entre des nuances de rouge et de blanc. Mais ce qui confère le plus de mystère au dispositif sont ces armoires verticales à l’intérieur desquelles semblent avoir été dessinées des ombres représentant des bras tendus, la tête d’un animal féroce ou des branches d’arbre nues. Couplées à un éclairage particulièrement efficace, la scène finit par ressembler de temps à autre à un manoir hanté.

Certains affirmeront que leurs débuts coïncidant avec la mouvance Riot grrrl du milieu des nineties s’est quelque peu diluée au fil des ans. À l’écoute de “One More Hour” en configuration réduite, du direct “Start Together” ou du carré “All Hands On The Bad One”, on ne peut pas tout à fait leur donner tort. Mais leur évolution vers le post-punk-grungy énergique qui transcende “The Woods”, leur dernier album avant un hiatus de dix ans en 2005, n’est pas à négliger. Les meilleurs exemples en seront le crasseux “What’s Mine Is Yours” et “The Fox” dans la mouvance Breeders.

Un inédit bien senti, “Animal”, entamera la fin du set qui se clôturera de manière démentielle sur un stroboscopique “Entertain”, histoire de remettre les pendules à l’heure après un “The Dog/The Body” sans doute un rien trop gentillet…

Cela n’empêchera pas les rappels de débuter dans la douceur dépouillée de “Broken” via le piano de Carrie et la voix de Corin suivi du discours de rigueur axé sur la tolérance et le respect des genres. “Modern Girl”, dans la foulée, mettra en scène un surprenant mélodica avant une cover toute personnelle des Sparks (“Angst In My Pants”) qu’elles auraient franchement pu composer. Elles termineront en trio de base sur un ultime coup d’œil vers 1997 via “Words And Guitar” et “Dig Me Out”, deux bombes qui feront instantanément exploser l’Orangerie. À deux, à trois ou à cinq, elles en ont sous la ceinture, ces nanas…

SET-LIST
THE CENTER WON’T HOLD
HURRY ON HOME
PRICE TAG
THE FUTURE IS HERE
JUMPERS
REACH OUT
BURY OUR FRIENDS
START TOGETHER
RUINS
WHAT’S MINE IS YOURS
ALL HANDS ON THE BAD ONE
BAD DANCE
ONE MORE HOUR
NO CITIES TO LOVE
THE FOX
LOVE
CAN I GO ON
A NEW WAVE
ANIMAL
THE DOG/THE BODY
ENTERTAIN

BROKEN
MODERN GIRL
ANGST IN MY PANTS
WORDS AND GUITAR
DIG ME OUT

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