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Ex:Re, la B.O. des cœurs brisés

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Adulée au micro de Daughter, Elena Tonra semble également touchée par la grâce au sein de son projet parallèle, Ex:Re. Elle a donné à l’Orangerie du Botanique son tout premier show sur le continent dans cette formule, en support d’un premier album publié en février dernier.

Staf Nys alias Gustav Leo semblait quant à lui assez honoré de fouler la même scène que Jeff Buckley une quinzaine d’années auparavant. Seul avec sa guitare, le hipster Limbourgeois a assuré la première partie de la soirée, aidé de loops et de discrets sons injectés. Ceci dit, ses compositions mélancoliques n’auraient pas la même saveur sans une voix atmosphérique qui concurrence celle de Hayden Thorpe (Wild Beasts) lorsqu’elle prend de l’ampleur. Avec un petit clin d’œil aux Smiths (une autre de ses influences) avec quelques mesures discrètes et isolées de “This Charming Man”.

En 2018, après deux albums acclamés et la bande originale d’un jeu vidéo, les trois membres de Daughter ont décidé de s’octroyer une pause. L’occasion pour la chanteuse Elena Tonra de rassembler les idées (noires) qui ont jalonné son esprit lors de la fin d’une relation sentimentale l’année précédente et de composer les titres qui se retrouvent sur le premier album de son aventure en solitaire baptisée Ex:Re.

Et c’est vrai qu’il donne le bourdon, cet album, entre textes écorchés et atmosphères tristounettes. D’autant qu’un silence respectueux pendant les mélancoliques “My Heart” et “Where The Time Went” ne fera qu’accentuer le ressenti. Située à l’extrême gauche de la scène, la belle, guitare à la main, n’était alors accompagnée que d’une contrebassiste et d’un batteur au rôle quasi réduit à sa plus simple expression.

Les choses allaient ensuite prendre une tournure plus nerveuse avec l’arrivée d’un guitariste qui boostera “Crushing” avant de décoincer son camarade derrière la batterie sur l’excellent “I Can’t Keep You”. Entre-temps, la contrebassiste s’était aventurée derrière un synthé pour un résultat plus coloré (ou moins sombre, c’est selon) à la clé.

Attachante, particulièrement souriante et émue de l’accueil réservé par le public, Elena Tonra vit passionnément ses compositions. Sa voix de velours, quelque part entre celles de Cat Power et de Channy Leaneagh (Poliça) sans les artifices, s’apparente à un vecteur d’émotion auquel il est compliqué de résister. Mais contrairement à cette dernière, elle n’hésite pas à se livrer sans filet, magnifiant notamment le troublant “Too Sad”, l’envoûtant mais vindicatif “Liar” et le feutré “5AM”.

N’allez cependant pas croire que l’Orangerie sera exclusivement le théâtre d’une soirée plombée. En effet, “New York” en milieu de set et l’impeccable “Romance” en guise de clôture éviteront de tomber dans la sinistrose, orchestralement en tout cas. L’intégralité de l’album ayant été jouée, le groupe reviendra pour une cover de circonstance, “Everybody’s Got To Learn Sometime” des Korgis dans une version dream pop lancinante à rendre Beck jaloux. Quel que soit l’avenir de Daughter, il sera immanquablement marqué par la parenthèse de sa chanteuse. Souhaitons-lui juste un avenir sentimental plus radieux que son passé…

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